Cam #101 – apprendre les basiques des webcam shows

Les shows webcam, où amateur·rice·s et professionnel·le·s se confondent, peuvent parfois sembler intimidants. Aujourd’hui, je vous propose de faire le point ensemble sur le concept, les possibilités et les bonnes pratiques pour profiter au maximum de ce que les cam-girls (ou -boys ou -personnes, bien sûr) ont à nous offrir !

Je m’appelle Foxy, et je suis camgirl depuis maintenant près de 7 ans. Cela m’a laissé le temps d’écumer plusieurs plateformes, de rencontrer des tas de collègues et de faire couler des litres de… hum fluides séminaux, disons. Je vous livre mon expertise sur ce monde aux codes pas toujours évidents et où on peut vite se perdre (et même en devenir accro !). Dans ce premier article de Cam #101, nous allons lever le voile sur le principe des webcam shows en freemium, vous deviendrez un expert du token et ferez une première impression du tonnerre à vos nouveaux·elles ami·es du cul. 

Parlons peu, parlons bien, la cam, qu’est-ce que c’est ? 

Tout d’abord, le concept. Pour que show il y ait, il faut trois ingrédients : une personne, chez elle ou dans un studio, derrière son ordinateur et sa webcam, qui effectue une prestation en ligne pour, principalement, gagner de l’argent ; un site internet qui héberge cette diffusion, la fait apparaître sur ses pages et pourvoit l’infrastructure (les serveurs, le support client, moyens de paiement…) ; des viewers qui regardent la diffusion de cette personne, et la tipent. De votre côté, les viewers, vous arrivez sur un site de webcam (il en existe des dizaines, de l’interface la plus rétro à la plus moderne, à vous de choisir ce que vous préférez !), une des vignettes attire votre œil libidineux, vous cliquez dessus et vous vous retrouvez en face d’une charmante créature plus ou moins déshabillée. 

Camgirl en plein travail

La room de chaque modèle se présente ainsi : un écran avec l’image retransmise par la webcam, et une fenêtre de chat à côté. Sur la plupart des sites, vous trouverez un goal et un tip menu. Ce dernier correspond à tout ce que le·la modèle consent à faire devant vous, et à quel tarif. C’est vraiment comme une carte au restaurant ! 

Le goal correspond, quant à lui, la plupart du temps à une action plus conséquente débloquée à partir d’un montant à atteindre, par exemple rester nu·e toute la suite du show. Chaque tip envoyé au·à la modèle augmente la cagnotte vers ce but. Ainsi, chacun·e peut participer en fonction de ses moyens pour faire avancer le show. C’est un peu le kolkhoze du cul, quoi. Une fois le goal atteint, le modèle peut vous en proposer un autre ou décider de s’arrêter là. Certains modèles ne mettent d’ailleurs pas de goal, mais seulement un tip menu à disposition. C’est au bon vouloir de chacun·e ! 

Une fois dans la jungle des rooms, vous aurez besoin d’un peu de vocabulaire pour vous en sortir : 

Tip : action de donner des tokens à un·e modèle. Peut se décliner en verbe : tipper, ou en nom : un tip. Exemple : « Bien sûr que je veux bien te montrer mes seins, contre un tip de 50 tokens ! – Magnifique, je vais donc vous tipper, jeune demoiselle. »

Token : (ou jeton en français) monnaie virtuelle à acheter sur le site de webcam, pour remplir votre portefeuille sur ledit site, donc vous permettre de tipper le·la modèle. 

Viewer : utilisateur du site – vous, quoi. 

PV : PriVé, ou show privé. C’est un moment en tête-à-tête avec le·la modèle, ou seul·e vous pouvez le·la voir et l’entendre. Exemple : « Faites-vous des pv, jeune homme ? »

PM/MP : Personnal Message ou Message Privé. C’est une fenêtre de chat privé avec le·la modèle. Certains sites proposent des abonnements pour pouvoir en ouvrir de vous-même, sinon, il faut demander gentiment au·à la modèle (qui peut les faire payer) 

Flash : action de montrer une partie de son corps (seins, fesses…) pendant quelques secondes/minutes. 

Cam2cam : se dit d’un show privé oà vous pouvez également activer votre webcam, permettant ainsi au·à la modèle de vous voir également. 

Room : ou salon, page du site sur laquelle apparaît la diffusion du·de la modèle 

Vous voilà donc arrivé sur une room qui vous plaît, et je vous sens perdu. On vous a promis du cul gratuit, partout sur le site ou les réseaux, et voilà qu’on vous demande de payer pour voir un peu de peau ?! Eh oui, vous avez découvert le freemium ! Le freemium est une politique tarifaire qui combine gratuité et premium. Concrètement, pour les shows webcam, cela veut dire que vous pouvez regarder le·la modèle gratuitement, mais que si vous voulez voir quelque chose de plus épicé, il faudra mettre la main au portefeuille (ou attendre que les autres le fassent). Ainsi, les modèles sont connecté·e·s, discutent ou teasent le viewer, jusqu’à ce que les tips arrivent et que le show devienne ainsi plus sexy. 

Mon premier show

Lors de votre tout premier show, juste après votre inscription, vous êtes ce qu’on appelle dans le jargon « un gris ». Non, pas comme Gandalf, ce nom vient en fait de Chaturbate (un célèbre site de webcam shows), qui classe les utilisateurs avec un code couleur selon le nombre de tokens dépensés. Ainsi, un gris est un viewer qui n’a encore jamais acheté de tokens. Je vais vous guider pour faire bonne impression dès vos premiers mots sur le tchat du modèle qui vous plaît ! 

Tout d’abord, pourquoi parler ? Pourquoi ne pas simplement être un viewer de l’ombre, une main dans le pantalon ? Parce que ce qui fait toute la beauté de la cam, c’est l’interaction ! Personnellement, c’est ce que je préfère, et quand mon tchat est mort, je m’ennuie grandement. Alors en arrivant, comme dans la vie, dites bonjour ! Vous êtes face à un autre être humain, qui mérite autant de respect que vous, prenez donc le temps de saluer la personne qui va vous aider à passer une bonne soirée. 

Moi j’ai tipé, et vous ?

Souvent le modèle a mis en place quelques règles, qui sont énoncées dans le tchat quand vous y arrivez (eh oui, il faut lire ça aussi, misère) ou notées sur son profil. Prenez le temps d’en prendre connaissance et de lire les informations sur ledit profil. Ca vous évitera de gonfler le·la modèle en étant le 12e de la soirée à demander “t’as kel age bb ?” 

Vous pouvez ensuite prendre part à la conversation, comme vous le feriez naturellement dans la vraie vie. Arrêtons-nous un instant sur ce qui pourrait vous arriver si vous ne respectez pas les règles de la room : 

mute : vous ne pouvez plus écrire sur le tchat 

kick : on vous sort de la room (mais vous pouvez y retourner). C’est un coup de semonce, tenez-vous à carreau. 

ban : vous êtes banni, et ne pouvez plus accéder au show. Fini de se rincer l’œil 🙁 

À noter : comme le·la modèle n’a pas forcément envie d’avoir les mains sur son clavier tout le temps (c’est plus sympa de les avoir dans sa culotte), il·elle peut se faire aider de modérateurs : viewers choisis par le·la modèle pour veiller au bon fonctionnement du tchat, ils ont certains pouvoirs, comme de mute ou bannir les utilisateurs. Il peut également enjoindre les viewers à tipper, et rappeler les règles de conduite. 

Les tokens, la monnaie virtuelle de la fesse 

Vous vous souvenez quand on a parlé du freemium ? Eh bien si vous ne possédez pas de tokens, je vous invite à ne RIEN demander. Même pas juste rapidement, juste pour vous, même si c’est votre anniversaire… Ça sera très mal pris, tout comme de négocier les prix. Ou encore de demander un aperçu. En général ce que vous voyez à l’écran vous donne déjà une bonne idée de ce que vous allez avoir, non? Et la règle d’or, c’est d’abord le tip, ensuite l’action. N’essayez même pas, d’autant plus que la plupart des sites permettent au modèle de voir si vous avez des tokens ou pas… 

« Combien pour la sucette ? »

D’ailleurs, comme vous êtes un gars·une fille bien, vous voulez bien sûr participer au bon déroulement du show, et vous dirigez vers l’onglet « acheter des tokens/jetons » du site choisi. En général en haut et BIEN visible, vous ne devriez pas vous perdre. Les jetons sont vendus par packs, allant d’une dizaine à plusieurs centaines d’euros. Il y en a pour toutes les bourses (hihi) ! Plus vous achetez un gros pack, et plus le prix du token baisse, cela peut vraiment valoir le coup de prendre un pack un peu plus cher, quitte à le garder longtemps ! Vous vous étonnerez peut-être de voir que le prix d’un token varie souvent d’un site à l’autre… Le token n’a pas une valeur indexée, elle dépend de chaque site, et est directement reliée au prix que perçoit le·la modèle pour 1 token.

Un exemple : sur Cam4, le pack de 50 tokens vous revient à 10€, tandis que sur Chaturbate, le pack de 100 tokens vous reviendra au même prix. Arnaque ? Que nenni, c’est simplement que sur Cam4, le valeur d’un jeton est le double de celle de Chaturbate ! Les modèles adaptent donc leurs prix en conséquence. 

Vos jetons (virtuels) fraîchement acquis en poche, vous vous demandez maintenant comment bien les dépenser. Je vais donc vous parler un peu plus des modèles : ce sont des indépendant·e·s, le plus souvent auto-entrepreneurs. Ils donnent donc de leur temps, exclusivement, ou en plus d’un autre boulot, pour vous sur des sites de webcam. Il faut également savoir que les sites ne rémunèrent pas les modèles autrement qu’avec les tokens. Ce sont donc uniquement vos dons qui font vivre la personne que vous admirez actuellement ! Du coup, si personne ne tippe, eh bien… le·la modèle ne gagne rien du tout. C’est la dure loi du métier ! 

Sachez également que le prix auquel vous payez votre token n’est pas le prix versé au·à la modèle : le site prend (et c’est normal puisqu’il paye toute l’infrastructure, et se charge de ramener du trafic) une commission sur le prix de chaque token. En moyenne, celle-ci est de 50%, mais encore une fois cela peut varier selon les sites. Ainsi, si vous payez votre pack de 100 tokens 10$, et que vous le tippez intégralement à un·e modèle, il·elle gagnera environ 5$. 

J’entends parfois, lors de mes shows, des viewers se plaindre que les actions sont trop chères : je vais donc vous détailler ce que gagne un·e modèle sur le prix d’un flash à 100 tokens sur chaturbate. Un tip de 100 tokens représente 5$ pour le modèle. Il faut ensuite le convertir en euros : restent 4€. Défalquez ensuite les cotisations sociales liées à l’auto-entreprise en profession libérale (environ 25%) : reste 3€. Comptez ensuite des frais de transfert bancaire facturés par le site (de 1 à 5$ en moyenne à chaque transfert, ndlr) ainsi que des frais de change facturés selon les banques (une quinzaine d’euros par virement en moyenne, ndlr)

Est-ce que vous vous déshabilleriez, en montrant votre visage, devant des centaines de gens, en prenant le risque que cette image reste sur internet, pour 3 € ? Voilà. 

On peut tiper mille fois mille pers… non.

La liste noire des sujets à éviter 

Pour terminer, voici quelques sujets que je vous conseille d’éviter si vous ne connaissez pas le·la modèle, car ils risquent de vous valoir au mieux une remarque cinglante, au pire un ban.

Canalisez-vous.

Les infos perso : le nom, la localisation géographique, le numéro de téléphone… si nous utilisons un pseudo et ne précisons pas où nous vivons, c’est justement pour garder ces informations pour nous, dans le but de nous protéger. 

Le statut marital : marié·e, en couple libre, célibataire, cela ne vous changera rien, puisque le site de webcam n’est PAS un site de rencontre. Si vous cherchez du contact humain, vous n’êtes pas au bon endroit. 

Dans le même esprit que le point précédent, même si la personne fait du “réel” (comprendre : des rencontres tarifées), je ne connais personne qui vous répondra “oui” sur un tchat si vous y posez la question. Et par pitié n’insistez pas en proposant “un gros billet” – c’est malaisant pour tout le monde, Jean-Grégoire.

Parler de votre chibre. Je n’ai jamais croisé autant d’hommes avec une sarbacane de « 25cm de long qui n’attend que toi, ma chérie » que dans ma room. Et franchement, ce n’est pas comme si j’allais éteindre ma webcam pour sauter dans le train pour retrouver la personne accrochée à ce chibre. Donc évitez. 

Parler d’autres modèles, sauf s’il·elle les cite en premier. Ça peut être pris comme de la promotion et vous risquez un ban instantané.

Raconter ce que vous faites, ou ce que vous aimeriez faire au modèle. On se doute bien que vous ne faites pas du tricot en nous regardant. Et si tout le monde se met à expliquer ce qu’il aimerait toucher/lécher/bifler, ça devient le bordel sur le tchat. Réservez ça pour les shows privés. 

Insulter le modèle. Bon, j’ose espérer que si vous êtes là, je n’ai pas besoin de vous le préciser, mais sait-on jamais… tout le monde n’aime pas être traité de petit vide-couille vicieux dès le premier message, sachez-le. 

Enfin, même si vous en avez envie, évitez les surnoms. « Bébé », « ma chérie », « mon amour »… Je ne connais personne qui aime être appelé·e de la sorte par un illustre inconnu. Si vous voulez envoyer un message plus personnalisé, utilisez le pseudo du modèle, tout simplement, ou un surnom qu’il·elle a explicitement autorisé. 

Même ce chat n’aime pas qu’on l’appelle bb

Et voilà, vous êtes prêt·e pour assurer pendant votre premier show webcam ! Soyez courtois, et si vous le pouvez, tippez, même un tout petit peu, pour montrer votre appréciation. N’hésitez pas à dire au modèle si c’est la première fois que vous vous offrez des tokens, c’est un très beau compliment 😉 

Profitez bien, et on se retrouve très bientôt pour la suite de notre cours sur les shows webcam !

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  • Article très instructif, merci beaucoup !
    J’ai découvert il y a peu ces fameuses sexcam et me questionnais précisément sur le coût des tips. Soudainement je réalise que les tippeurs qui « lâchent » 1 000 tokens ont payé 100 euros ! On a clairement pas toutes et tous les mêmes moyens…
    Un autre questionnement : J’ai parfois le sentiment que plusieurs cams tournent avec plusieurs hommes ou femmes ou trans dans le même lieu (pièce ou habitation) simultanément ! Est-ce qu’il existe donc des entreprises qui se seraient emparées du business et feraient « tourner » des employé.e.s dans des proportions plus vastes et lucratives ?
    Merci en tout cas et bonne continuation.

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