Patreon dégage le porno

On les pensait à l’abri, ou du moins, on voulait le croire, mais Vex Ashley a annoncé mercredi soir que Four Chambers avait été prié de quitter la plateforme de crowdfunding Patreon. Ce n’est hélas pas une surprise. En effet, depuis quelque temps des comptes de perfomers porno, camgirls, modèles, Suicide Girls se sont vus avertis voire suspendus : en somme toute personne ayant trait de près ou de loin à l’érotisme ou la pornographie.

(Sorry to be that person posting the cry selfies but RADICAL VULNERABILITY > everything) So! The long and short of this is that after working so hard for 4 years to build the @fourchambers project from the ground up on Patreon, we’ve been told we have to cut ties pretty much immediately. This means we’re loosing 100% of our funding and my income going forward. We have to start again entirely from scratch. I’ve written a long form letter to our supporters but in short(ish) We have loved being on Patreon for one main reason, a reason that is at the core of everything we are doing and trying to achieve : Media about sex IS as important, valuable and worthy as ANY other work. Obviously, I am pretty devastated. I suspected this was coming for a while and I thought I had prepared myself but I surprised myself by breaking down crying on the phone to them trying to explain why we don’t feel like it’s fair to keep the fund open if it can’t be a home for our work in it’s authentic entirety. If we say we believe that work with sex is as worthy as any other, to stay in a sterilised and censored format would be to admit that it’s not. That it is other. That is less. I can’t and I wont do that. This is an issue bigger than Patreon (see: the impact of FOSTA/SESTA) It probably goes beyond even the payment processors. It’s a world wide, online AND in person crack down on freedom of expression, on women, on marginalised people, on sex and sex work, on non conventional forms of labour that counter the status quo: the domination of corporations and the patriarchy. On dissent. This particular microcosm is absolutely not the worst thing that’s happening in the world right now but it’s a symptom of a much much bigger chain of events. Thank you thank you thank you, for your ongoing support and for believing in the project and what we are trying to do against the odds. Thank you for helping me do the thing I think I’ll be most proud of in my lifetime. Not an obituary, not going anywhere. We will come back with options. We need to recoup and work out what the next step is.

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C’est un énorme coup de massue sur les créateurs de contenu. Four Chambers était la figure de proue sur Patreon où ils recevaient plus de 20 000 dollars mensuels de la part de leur communauté. Cela leur permettait de produire des vidéos dans des conditions exceptionnelles et de payer les performers à un tarif bien au delà de la moyenne (soit 1100$ par scène, quel que soit leur genre ou leur statut dans l’industrie). Bien sûr, ils savaient que les conditions d’utilisations de Patreon, encore durcies à la fin de l’année dernière pour ce qui concernait le contenu adulte, ne permettaient pas vraiment leur présence sur la plateforme, mais tout le monde fermait les yeux en se disant que chacun y trouvait son compte.

Dans la foulée de cette annonce, de nombreux autre comptes se sont fait suspendre, dont celui de Prune, puis le nôtre. Pourquoi cet acharnement soudain ? Il semblerait que Patreon subisse des pressions des banques et de leurs processeurs de paiement, notamment Stripe et PayPal qui refusent d’être associés au travailleurs du sexe et au business adulte en général. Il faut le savoir : c’est le système bancaire qui est le plus grand frein et de fait censeur du business adulte, qui rappelons-le est parfaitement légal. Tout cela arrive à la suite du passage de la loi américaine SESTA – FOSTA. Suite à ces pressions, Patreon est donc passé en mode proactif et recherche par elle-même les comptes qui ne ne respectent pas les conditions générales, plutôt que d’agir sur signalement, comme c’est plus souvent le cas.

La situation devient de plus en plus complexe. Aucune plateforme de crowdfunding n’est désormais accessible pour les créateurs de contenu érotique ou pornographique. Il faut maintenant se replier sur des sites de vente en VOD, comme ManyVids ou IndieBill, mais ces sites étant expressément dédiés au monde de l’adulte, il s’agit d’une démarche tout à fait différente. En effet, si le crowdfunding permet la création, il permet surtout le rassemblement d’une communauté libre et indépendante autour d’un projet, quel qu’il soit. Et c’est là que le bât blesse, le porno est encore une fois considéré comme un medium à part, qui ne serait pas digne de figurer aux côtés d’autre projets artistiques, d’autres contenus créatifs. Pourquoi le considérer différemment ? Le refus systématique des plateformes grand public d’accueillir ce type de contenu participe au stigma, laisse croire que faire de la pornographie n’est pas un métier valable et que l’on ne mérite pas d’avoir nos créations en une des grand sites comme tous les autres artistes.

Vex le résume parfaitement : « Exister sur Patreon nous a donné l’opportunité de faire de la place et d’avoir notre travail exposé aux côtés de créateur de tous genres. Nous étions dans les premiers sur le site à avoir utilisé le sexe explicite et nous avons aidé d’autres travailleurs du sexe et créateurs de porno à trouver leur maison ici dans cette communauté et faire de l’argent et aider le site à grandir et devenir ce qu’il est aujourd’hui. Nous tous en tant que communauté, avons prouvé qu’il est possible de traiter le podcast que vous écouter de la même manière que le porno que vous regardez, que l’argent des personnes qui supportent le porno n’est pas sale ou dangereux à manipuler, que si l’on respecte et inclus le travail autour de la sexualité cela peut-être (la seule chose qui intéresse le capitalisme) une bonne affaire. »

En attendant, nous restons dans l’attente des prochaines nouvelles de Vex et de Four Chambers, pour les suivre où qu’ils aillent, et nous ne manquerons pas de vous tenir au courant si d’aventure un site de crowdfunding décidait contre vents et marées d’accueillir les naufragés du système.

 

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