Mes 4 jours de sexualités queer et BDSM au Porn Yourself Festival

Du 24 au 27 mai 2018, c’était la deuxième édition du Porn Yourself Festival à La Mutinerie et il y avait un maximum de choses à voir. Centrées sur les sexualités queer et BDSM, les festivités étaient nombreuses entre ateliers, projections, performances et DJ Set, de quoi contenter tout le monde !

Des dizaines d’artistes et intervenant·es invité·es, une exposition avec des oeuvres sur les murs, du cuir, de l’huile et des paillettes et bien sur des fesses en pagaille.

Pour cette deuxième année, l’organisation était un peu mieux huilée, les propositions différentes de l’an passé, toujours pleins d’artistes invité·es.

Les projections ont été un super moment comme attendu, La Mutinerie était remplie de curieux·ses, tous les projections étaient intéressants mais quatre films m’ont particulièrement touchée.

D’abord Take Me Like The Sea de Salty, mais je vous redirige par-làCarmina l’a vu à Londres et résume ça très bien.

Dans un autre genre, j’ai adoré As you wish my Lady de Jo Pollux et Sadie Lune, condensé de fantaisies d’un donjon BDSM dans une cave, avec plusieurs type de domination par une seule maîtresse. Entre aiguilles, botte à talons, fouet et harnais en cuir, on ne savait plus où donner de la tête.

Deux autres très-court-métrages m’ont interpelée par leur second degré : Under the sea de Tijina et Caro, timelapse avec des aiguilles, du sang et un poulpe. C’était joli et perturbant, décalé comme il faut. Il y avait aussi The 100 Blows, mention spéciale à ce “tuto” de Gabrielle Lenhard qui met à peu près tout ce qui passe dans sa bouche, c’est drôle et un peu émoustillant comme gourmandise.

Et puis… Mon GROS COUP DE COEUR a été The 36-years-old virgin de Skyler Braeden, le documentaire d’un homme trans qui veut faire sa première fois avec un pénis de chair, c’est touchant et ça remue aux tripes, ce n’est absolument pas un porno masturbatoire, c’est juste un documentaire d’une envie sexuelle et d’un moment fort, ça met une grande claque et remet beaucoup de choses en question. Quelques discussions et la documentation de ce “premier” rapport, il s’agit de fantasmes tabous, de clichés de genres et de premières fois, de peurs et de craintes. J’ai été émue, j’ai pleuré parce que c’était sincère et vrai.

Mais au Porn Yourself Festival, on n’est pas seulement spectateur·ices, on met la main à la fesse… hum, à la patte aussi ! Il y avait un panel d’ateliers variés, mais malheureusement je n’ai pas pu tous les tester. Entre libération du pelvis, dollification et fat sex, il y en avait pour tous les goûts. J’ai été tout de suite attirée par un en particulier : l’initiation aux aiguilles. Le needle play est une pratique BDSM pas vraiment courante mais pas aussi extrême qu’on l’imagine. Douce, elle redéfinit la douleur et puise dans l’imaginaire collectif (la peur du milieu médical notamment). Dans un premier temps, on revoit les règles du consentement, de sécurité et d’hygiène, et puis on passe au côté technique : la taille des aiguilles, comment l’insérer, à quelle profondeur, sur quelle zone… Ce cours dispensé par Elena Urko de Post/Op laisse place un atelier pratique, où chacun·e a pu poser ou recevoir (ou les deux) les aiguilles. Au début,tou·tes étaient un peu hésitant·es mais une fois la première aiguilles posées, tout le monde était rassuré. Si j’étais déjà un peu familiarisée avec les aiguilles, pratiquer a été une expérience très intense, pour moi et pour mon binôme aussi.

Marque laissée par une aiguille

Je ne pouvais pas non plus passer à côté de l’atelier BDSM à deux balles, où l’on apprend que Leroy Merlin est mille fois plus bandant que la boutique Démonia, parce qu’un mètre de chaîne coûte une misère, que les colliers pour chiens (qui sont satisfaisants à faire porter à son/sa sub sachant que c’est vraiment pour les chiens) sont deux fois moins cher, parce qu’un outil pour percer les bulles dans le papier peint devient un objet de torture tout trouvé… Il suffit d’un peu d’imagination et de malice. Puis de garder en tête quelques règles élémentaires de sécurité évidemment. 

Micros pour l’atelier Sexe (en) Bouche

Et enfin, dimanche après-midi, pour finir en douceur, c’était l’atelier Sexe (en) bouche : du porno audible et ça, alors qu’on consomme tellement d’images, c’est une riche idée. Avec Élisa Monteil de Super Sexouïe et Élodie Petit des éditions Douteuses, on a conçu une composition orale sexy. On a réfléchi à des choses qui nous excitent, mais aussi à notre rapport au porno, comment on considérait le pénétré et le pénétrant. Puis par petits groupes on a cherché des musiques qui nous stimulent l’oreille, comment raconter quelque chose de bien porno avec nos bouches. Le résultat nous a étonné, rien de narratif comme on aurait pu l’attendre, mais plutôt une suite de mots, des bruits de déglutition, des bribes de souvenirs brûlants qui réveillent quelques envies profondes. On pourra entendre le résultat, certes pas parfait mais si satisfaisant, dans l’émission Gouinement Lundi sur FPP le 25 juin !

Kits de prévention © Association FièrEs

La sex party, dimanche soir pour bien finir le week-end c’était du fun, de la musique, de la moiteur, des coins baise et de la prévention, des coups de fouets et des paillettes. C’est cool parce qu’une table à l’entrée nous accueille avec des petits sachets préparés par l’asso FièrEs, une contenant une dose de lubrifiant et un gant, un autre contenant deux doses de lub, deux préservatifs et un gant, pour les plus actives/gourmandes/aventureuses. On nous prévient à l’entrée : le consentement, c’est la base de tout et chacun·e respecte les choix des autres.

Bref, encore une super édition, on repart le coeur et le corps plein de paillettes, un grand merci à La Mutinerie qui organise ce festival avec force, un merci à tou·tes les performers et tou·tes les personnes qui fréquentent le festival et qui le font vivre !

Sauf mention contraire, toutes les photos sont de © Lowiness

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