LeoLulu : « Ce qu’on aime plus que tout c’est notre liberté »

Les stars du porno sont mortes, place aux stars de l’amateur. En quelques années, les tapis rouges se sont transformés en dessus de lits ; les studios agonisants se faisant progressivement détrôner par des plateformes en ligne comme Chaturbate, Pornhub ou ManyVids. Ce mouvement indépendant a fait émerger de nouvelles stars et formes de pornographie. Parmi cette nouvelle vague qui ne cesse de monter, un jeune couple français a su tirer son épingle du jeu en quelques mois : LeoLulu. Elle c’est Leo, lui c’est Lulu, juste la quarantaine à eux deux et une popularité qui monte en flèche malgré leur anonymat. Rencontre exclusive avec le couple qui bouscule la hiérarchie du porno en ligne.

Comment vous êtes vous lancés dans le porn et la cam ?
Leo : J’ai toujours aimé montrer mon corps à des gens. A l’âge de quatorze ans, j’envoyais déjà des photos de moi à mes petits copains… ou à mes copines (rires). Ça m’a toujours paru naturel. Quand j’ai commencé à être en couple avec Lulu, on a commencé à prendre des photos et des vidéos, juste pour le plaisir.

Lulu : On a toujours fait des vidéos pour nous, puis on a commencé à entendre parler du business de la cam, de ces nanas américaines qui faisaient ça dans leur chambre et arrivaient à payer leurs études en se filmant. Alors on s’est dit que ça devait quand même rapporter un peu. On a commencé à se chauffer mutuellement. La première fois ça devait être en décembre de l’année dernière. On s’est inscrit sur Chaturbate et on a fait nos premiers shows.

Leo : On était déjà sur Fetlife depuis un moment. Quand tu mets des photos, que t’as plein de messages avec des gens qui disent que tu es « trop belle » ou « trop beau », tout ça, ça fait plaisir. On allait souvent au KitKatClub à Berlin pour s’y habiller avec des copains-copines, ça te met direct dans l’ambiance. Puis on s’est dit que s’il fallait sauter le pas, autant le monétiser un peu.

Lulu : C’était laborieux au début, très laborieux même… (sourire). Particulièrement car on ne voulait pas montrer nos têtes. Sur Chaturbate, il faut rester longtemps mais tu peux passer un bon moment, tu gagnes pas mal d’argent aussi, c’est fun. Cette année, j’ai un emploi du temps super chargé. On a du mal à caler nos shows dans notre quotidien.

Leo : On essaie forcément de faire ça le soir, mais quand tu rentres du boulot, la cam’, c’est pas si facile.

Est-ce qu’on gagne autant en étant Youtubeur que Pornhuber ?
Lulu : Ça dépend des vues… Si tu travailles beaucoup et que tu fais des vidéos de qualité, c’est une partie du boulot. Il faut ensuite te faire remarquer par les algorithmes pour choper des vues. Les dix et vingt meilleurs de Pornhub ont récolté plusieurs centaines de millions de vues chacun, ça fait beaucoup de publicités visionnées !

Vous avez décidé de garder l’anonymat un peu comme Vampire Collective ou certaines camgirls. Vous comptez rester sur cette voie là ?
Leo : A l’origine, on voulait juste tenter le truc, mettre un pied dans l’eau en se cachant un minimum, pour notre sécurité.

Lulu : On ne voulait juste pas voir des photos de faciales ou de deepthroat circuler sur Internet…

Leo : Après c’est frustrant de voir que chez les autres amateurs, ça marche mieux…

Lulu : On est libres, rien ne nous empêche de montrer nos visages.

Leo : Peut-être qu’on attend juste le bon moment pour le faire.

Rester anonyme, ça demande plus de travail ?
Lulu : On passe des heures à éditer nos vidéos, on s’applique à faire des zooms, des trucs. Mais ça se fait assez naturellement au final même si ça demande beaucoup de boulot.

Leo : Je commence à monter mes premières vidéos, je suis assez contente. Par exemple il y a une vidéo, Post Workout Fucking, qu’on a fait en deux heures, qui a fait plus d’un million de vues.

Lulu : On l’a fait le midi, je rentrais du boulot, on avait envie de baiser. On a mis l’iPhone sur le pied et on s’est filmés. Il me restait une demie heure, on a vite fait monté le truc, on a uploadé sur Pornhub et c’est tout. 12h30-13h30 : une heure ! Ensuite je suis reparti au taf.

Quels sont ceux ou celles qui sur Pornbub ou ailleurs vous inspirent ?
Leo : Lily Ivy, elle reverse souvent tout l’argent de ses shows à des oeuvres caritatives.

Lulu : J’aime bien tous les amateurs qui sont sur le tag #public. Y’a un couple qu’a fait une super vidéo, assez longue, à Ikea par exemple. Les Allemands sont super forts aussi, comme Lucy Cat !

Leo : Robxxxrider sont bons aussi. C’est un couple sur Chaturbate qui défonce tout.

Lulu : Clairement, ils sont arrivés il y a juste un an et ils ont tout cassé. Aujourd’hui, Chaturbate, c’est eux. Ils ont été invités aux AVN Awards. Tu sens qu’ils ont deux mille shows au compteur, ça en devient presque automatique, industriel. Ils font même plus l’effort de sourire….

Leo : Anna Furiosa et Matt sont bons aussi ! On aime beaucoup leur univers et l’attention qu’ils portent à leurs productions. Leurs images sont recherchées et jolies.

Lulu: Pour continuer sur les amateurs, gros respect pour Danika Mori qui a cassé le game pornhub et, faut le dire, qui encaisse sévère… Après dans les pros on aimerait rencontrer Riley Reid et Janice Griffith. On veut juste partager un petit joint avec elles, papoter, et voir si y’a moyen de moyenner…

Lulu : On adore le couple Sins aussi ! Kissa et Johnny, deux anciens du X qui se sont mis à leur compte pour shooter leurs vidéos.

Est ce qu’il y a aujourd’hui une vraie concurrence entre pornhubeurs, comme elle existe entre youtubeurs ?
Lulu : Sûrement ! Aujourd’hui, on est vraiment beaucoup sur Pornhub. Le fait d’être featured (mis en avant) s’est fait complètement par hasard. Quand tu fais une vidéo sur le site, tu la mets, elle existe. Mais c’est pas pour ça que les gens vont la trouver ou vont la voir, elle peut très bien arriver page 17 dans les résultats de recherche. Tu la mets sur Twitter et ça te ramène un peu de trafic, ça te permet un peu de remonter, mais pas tant que ça non plus… Ils ont un algorithme qui leur permet de voir si la vidéo a un potentiel en fonction des vues, des commentaires, des like, des dislike.

La dernière vidéo qu’on a fait a eu beaucoup de vues très vite (8 millions de vues, ndlr). Ils ont fait un communiqué assez clair : chaque jour il y a vingt vidéos qui sont sélectionnées et tous les jours ça change. Apparaître sur la page d’accueil, évidemment, ça fait exploser tes vues. Souvent les nôtres font du 100 000 ou du 200 000 vues par jour quand elles sont mises en avant, et il faut plusieurs jours pour que ça redescende.

Comment travaillez-vous votre communauté sur Pornhub ?
Lulu : On n’en sait rien, c’est dur. Pendant très longtemps on faisait des vidéos et on avait l’impression qu’elles étaient pas mal, mais il n’y avait personne qui nous suivait sur Pornhub. On avait 700 abonnés. Puis on est parvenus à avoir un million de vues. Désormais on essaie d’être actif pour être plus facilement repérés. On poste des photos, des publis avec une petite texte pour prévenir de la sortie d’une nouvelle vidéo, on rappelle que l’inscription est importante. Le marché international est intéressant alors on écrit en anglais, on dit aux spectateurs de subscribe. On a eu une première vidéo featured qui a pas trop marché, une seconde qui a super bien marché. Quand une vidéo est mise en avant ça peut facilement multiplier ton nombre de vues par quatre ou cinq. Toutes nos vidéos ont été featured ou presque maintenant, en un mois. Le reste, au final, c’est du bouche à oreille.

Pornhub, la webcam et ManyVids… peut-on arriver à vivre de tout ça ?
Lulu : La cam est un investissement, ça te prend du temps, de l’argent, mais tu peux arriver à en vivre. Pornhub y’a une certaine notion de qualité à atteindre pour finir par être mis en avant. Une fois que tu commences à avoir ton public, c’est bon. ManyVids c’est compliqué. Quand il faut faire 10 ou 20 vidéos custom par mois, ça devient chaud.

Auriez-vous envie de tourner pour un studio ou faire des rencontres entre amateurs ?
Lulu : Des rencontres entre amateurs, ça pourrait être fun. Plus avec des amateurs qu’avec des studios. Car on est spéciaux dans notre façon d’être et de penser les choses. Hier, on a fait une vidéo avec une copine, on a bu du vin, on a fumé des pétards, on rigolait, elle était choquée que ce soit trop « détente », qu’on soit là, la bite à l’air, en train de baiser.

Leo : Je ne pourrais pas le faire avec toute une équipe autour de nous. On est en couple, c’est pas notre travail professionnel et ça reste de l’amat’. On le fait que si ça nous fait plaisir. On aime le partager, mais ce qu’on aime plus que tout c’est notre liberté. J’ai envie que les gens nous aiment pour ce qu’on est, pas parce qu’on montre nos culs. Ou alors, qu’on ne le montre pas pour de mauvaises raisons… Il y a plein de couples qui nous écrivent, qui nous félicitent, nous remercient parce que nos vidéos leurs servent pour les préliminaires.

Lulu : On ne veut pas faire un truc purement commercial. Si on voulait vraiment marcher sur Pornhub, on ferait des stepsister qui marchent super bien, mais ce n’est pas nous. Ça peut vite devenir malsain comme raisonnement.

Quels sont vos lieux préférées pour pratiquer l’exhib’ à Paris ?
Lulu : On ne va pas forcément le dire, parce qu’après il y a des gens qui vont partir à notre recherche pour nous mater (rires). Notre fenêtre déjà, c’est un bon premier spot.

Leo : On adore depuis toujours l’exhib’ en public. Mais à Paris c’est vraiment difficile. A Berlin par exemple, les gens ne te regardent pas, ils font leurs affaires, s’en foutent.

Lulu : Tu peux marcher à poil dans la rue avec du sperme sur la gueule, ça passe. Tu peux plus facilement te retrouver la bite à l’air, avec les gens qui passent autour… Mais à Paris, les rues sont plus petites. Les gens te regardent mal. Au niveau de la loi, tu prends beaucoup plus cher qu’une amende de vingt cinq euros, ça va jusqu’à 35 000 euros.

Leo : Dans l’appart parisien où l’on a emménagé, avec nos petits rideaux blancs légers, nos voisins nous font même chier parce qu’on se balade à poil ! Chez nous ! Dans notre appart !

Lulu : La voisine d’en face lui a carrément gueulée dessus parce qu’elle se rhabillait, en lui disant « ça suffit, on en a marre de vous voir à poil ! » (rires). Mais si tu veux pas la voir à poil, tu regardes pas chez nous, vers nos fenêtres !… Après si l’exhib est plus difficile à Paris, elle a aussi plus de valeur. On était trop fiers quand elle a enfin pu sortir un sein à Saint-Paul ! Il y a beaucoup plus de tension et du coup dès que tu arrives à faire un truc, t’es super content. Mais pour une petite fellation, c’est chaud. C’est dommage…

Au fait Leo, quel est ton secret pour tailler ce corps de rêve ?
Leo : J’ai toujours fait du sport, même toute petite, comme de la gymnastique. Depuis deux ans j’ai commencé à aimer le CrossFit. Je fais ça à fond. J’adore faire du sport.

Juste pour le kiff, vous regardez encore du porn ensemble ?
Lulu : Pour le kiff, plus vraiment. Avant, elle matait surtout du porno commercial, du Manuel Ferrara, etc. Aujourd’hui, notre plus grand kiff en fait, c’est surtout de faire l’amour.

Leo : D’enlever la caméra, parfois, et juste, d’être à deux…

Justement, quand on fait du « homemade » comme vous, quelle est la différence entre faire l’amour et le faire pour un site ?
Lulu : Rien à voir ! C’est tellement facile de faire l’amour en comparaison ! On prend beaucoup plus de plaisir, en plus, qu’en étant filmés. Quand tu fais une vidéo tu réfléchis à tout. A tout ! La position de ton corps. Où est ma jambe, mon bras dans le cadre ? Est ce qu’on voit tout et qu’est ce qu’on voit ? Ca fait bizarre ou pas ? Elle, elle est cambrée en permanence, ce n’est pas forcément confortable, on doit penser à cacher le visage, garder des réflexes…

Leo : On fait toujours des pauses, on doit réfléchir à des positions. On boit un coup, on tire une taff. C’est encore amateur ce que l’on fait, on essaie de faire en sorte ces derniers temps de conserver un procédé plus naturel. Si les gens nous filmaient, ce serait beaucoup plus facile. Mais ce ne serait plus de l’amat !

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