Liza Del Sierra : « La rareté c’est aussi ce qui fait ta qualité »

Il y a 5 ans, Liza Del Sierra tournait la page du porn, refermant derrière elle une belle carrière des deux côtés de l’Atlantique avec presque 200 scènes. Fin 2016, elle revient finalement par la petite porte de la cam puis annonce son retour derrière la caméra avec un projet pour Canal+ (actuellement en stand-by). Puis la nouvelle est arrivée cet été via les réseaux où elle reste en contact avec ses fans : elle reprend à 32 ans le chemin des plateaux de tournage. Elle a choisi Le Tag Parfait pour s’expliquer sur son grand retour avec le franc-parler qu’on lui connait.

On va aller direct dans le dur. Quelles sont les raisons de ton come back ?
J’avais arrêté le porn pour privilégier ma vie personnelle qui finalement s’est révélée très chaotique depuis quelques mois. J’en suis venue à me demander : pourquoi je m’emmerde ? J’ai quand même le plan B rêvé pour m’amuser, voyager, niquer tous les jours, rencontrer plein de gens. Je me suis donc dit : reprends ta vie en main, vis pour toi. Et me voilà !

L’intermède avec CamSoda traduisait déjà une envie de revenir en douceur ?
C’était flou. À l’époque, je ne comptais pas revenir. J’ai repris avec CamSoda parce qu’ils m’ont fait une proposition et que je venais juste de mettre un terme à mon « histoire personnelle ». J’ai pensé : de la webcam, pourquoi pas, ça ne fait chier personne, c’est rigolo et je vais pouvoir interagir de nouveau avec mes fans. En termes de confiance en soi, passer une heure par semaine avec des mecs qui te disent cinquante fois que tu es trop belle, ça fait du bien ! Mais ça n’a pas duré longtemps, parce que tout me saoule très vite.

Qu’est-ce qui te saoule dans la sexcam ?
Ce n’est pas du tout mon truc. Quand je commence à me branler et qu’une vingtaine de personnes me demandent de faire tel ou tel truc, j’ai juste envie de leur lâcher : laissez-moi jouir ! Ce n’est pas assez égoïste la cam. Sur un tournage tu peux vraiment te faire plaisir, partager avec ton ou ta partenaire et avoir du plaisir. En cam, dès que tu prends trente secondes dans la même position où tu te sens bien et que tu sens que tu peux venir, on te demande autre chose, c’est un peu chiant, frustrant. Ce n’est pas du tout le même métier.

Pour rebondir sur la cam(e)… Tu cherchais de la weed sur Twitter, tu as trouvé quelqu’un pour te fournir ?
C’est en chemin ! J’ai perdu ma weed à Barcelone, je m’en suis tellement voulu. Mon clebs l’avait bouffé, c’est véridique.

Il va bien ?
Il est en vie. On s’est rendu compte le lendemain qu’il était vraiment bizarre. On a eu l’explication quand il a commencé à se casser la gueule (rires).

Aux US, c’est un sujet ouvert, surtout en Californie, et ça l’était déjà avant la légalisation. En France, c’est très timide. Tu penses que les actrices ont peur d’en parler ?
Dans mon entourage, c’est plutôt bien accepté. Je n’ai pas de problème à l’afficher et l’assumer. Je suis vraiment moi-même, que ce soit sur Periscope, Twitter ou Instagram, je ne vois pas l’intérêt de mettre un filtre. On est tout le temps dans la communication, c’est épuisant. Je fais souvent des instas et des Periscope où je ne suis pas maquillée, où je suis en train de boire avec mes copines chez moi, ou de danser avec mon frère… C’est comme ça que je suis. Si je ne postais que des photos retouchées, j’y passerais un temps fou et je n’ai pas envie. La weed fait partie de ma vie et les fans qui sont contre ne me regarderont pas fumer, tant pis pour eux.

Comment gères-tu cette proximité avec tes fans ? Est-ce qu’ils n’ont pas l’impression que tu es leur amie ?
Pas du tout, au contraire. Il y a quelques années, quand je bossais et que j’étais moins active sur les réseaux, j’étais davantage dans le contrôle parce que mon métier d’actrice représentait toute ma vie. Maintenant, j’ai mon taff à côté, je le fais un peu en dilettante, j’ai vraiment envie de m’amuser. Finalement, ce côté naturel me rend moins accessible. Dans la rue, on m’emmerde moins.

Tu viens de tourner avec l’acteur Jordi, comment s’est passé le tournage ?
Super bien. Ce mec est un gode ! Il est gentil, il est très doux quand il parle. C’est une personnalité très effacée, très timide. Du coup, j’ai pu faire ce que je voulais. Il était à mon service. Je me suis bien amusée, j’ai pris beaucoup de plaisir. J’étais mal à l’aise les trente premières secondes quand je l’ai vu parce qu’il a l’air d’un enfant et en fait non, très carré, très pro. Dans le scénario que l’on jouait, je suis sa demi-sœur. Mon père baise avec sa mère et moi avec lui. On est censés être de la même génération donc je peux faire jeune encore !

Tu n’as pas peur d’être cantonnée à un rôle de « MILF » à l’avenir ?
C’est ce à quoi je m’attendais en revenant. J’ai 32 ans et le corps d’une femme de cet âge. J’ai des formes, un peu plus qu’avant. Je ne suis plus la petite fraîcheur de mes débuts. Mais pour l’instant, on ne m’a pas encore proposé de personnage de MILF !

Tes fans te réclament chez Greg Lansky. Tu as envie de tourner avec lui ?
Je le connais bien, je l’apprécie. On a travaillé ensemble quand j’étais aux États-Unis. On est deux Français ; aux AVN il y a cinq ans on avait pas mal déliré ensemble, on avait pris une petite cuite. Effectivement, mes fans l’ont demandé, mais je ne sais pas si Greg pourra le faire. Je n’ai pas encore prévu de partir aux US. À voir quand je serai là-bas.

Quel regard portes-tu sur le porn et son évolution depuis 5 ans ?
Depuis 5 ans, j’ai pas vraiment suivi. Je reviens avec toute mon innocence ! Je sais qu’Anissa Kate a eu l’opportunité de faire son trou et de le faire très bien. Je suis hyper contente pour elle, c’est une nana que j’adore. J’ai vu que Greg avait explosé la pornsphère et je suis tellement contente pour lui. Les choses ont pas tant changé que ça finalement. J’ai recontacté MindGeek et il y a un mois j’ai refait Brazzers, Digital Playground, Reality Kings…

Il y a des prods en particulier qui t’intéressent ?
Oui et non. Pour l’instant je ne bosse qu’avec des compagnies américaines parce que ce sont les premières à avoir répondu présentes quand j’ai annoncé mon retour et à avoir fait de belles propositions en mettant tout en place pour que je m’amuse. Par exemple, à Barcelone, j’avais trois scènes à réaliser. J’ai choisi mes acteurs et mes actrices. J’ai eu le plaisir de me faire Amirah Adara, Apolonia et Francys Belle… On m’envoie les scripts, je peux supprimer ce que je veux, c’est hyper cool. Si demain Dorcel m’appelle, je ne pense pas que j’aurai le choix à ce point-là. C’est un luxe. Même dans le passé, au sommet de ma carrière, je n’ai pas connu autant de flexibilité. Tu peux toujours dire non à quelque chose, mais pas comme ça.

Qu’est-ce que tu ne veux pas faire ?
Dans un scénario envoyé par Brazzers, il y avait une scène où je devais faire la french maid. Je devais me mettre mon plumeau dans le cul. Je leur ai dit les gars : « vraiment ? » Ils m’ont répondu : « c’est hyper sexy ! » Je ne trouvais pas ça sexy, ils ont accepté de supprimer cet élément. La séquence se finissait en cream pie, j’ai refusé aussi, parce que je ne l’avais fait qu’une ou deux fois et je n’avais pas plus aimé que ça. En privé, se faire jouir bien au fond du cul, c’est super, mais là se faire jouir à l’entrée du cul et pousser le truc dehors, aucun plaisir, donc non. Et pour des raisons techniques, ça ne m’arrangeait pas. Après la scène, je prenais l’avion et je n’avais pas envie d’avoir le cul plein de foutre.

Quand on t’avait interviewé la première fois en 2012, tu disais que le problème de la France c’était l’amateurisme. 5 ans plus tard on voit que la frontière entre pro, amateur et fait maison est toujours floue car les actrices sont un peu forcées à produire leur contenu, via OnlyFans nottamment. Tu vois ça comment ?
Je trouve ça un peu dommage que les actrices naviguent entre le pro, le semi pro et l’amateur. Je réitère mes propos : pourquoi je prendrais cette fille dans mon film qui sera vendu en VOD à 15 balles alors qu’elle est gratos dans des scènes amateures ? C’est la même meuf qui se fait baiser pareil. J’ai aucun intérêt à la faire travailler. Je pense toujours que ces nanas n’ont rien compris et qu’elles sont pas assez intelligentes pour réussir à faire de l’argent sur leur image.

J’ai repris il y a un mois, j’ai ouvert un OnlyFans. Je l’alimente seule, sans investir un euro en postant quotidiennement. Ça m’a déjà rapporté l’équivalent d’un salaire de base. C’est très chronophage et c’est un travail. Je prends le temps chez moi de penser à ce que je vais faire, comment et pourquoi… ce qui me prend 2-3 jours dans la semaine. Quel est l’intérêt d’aller faire de l’amat pour 150 balles quand tu peux préserver ton image, être rare et du coup te vendre mieux ? Je ne comprends pas. Si t’as envie d’être une porn star, en faire ton métier, préserve-toi ! Y a d’autres moyens de faire de la thune. Quand tu décides de faire une scène, tu la choisis, c’est une bonne prod et tu te sentiras bien et fière de ton contenu. Ça me parait logique ! Je suis toujours hyper contre ces nanas qui veulent tourner à tout prix, pour tout le monde. C’est une horreur.

En France y a tellement plus de prod que c’est difficile de choisir ?
Finalement si t’arrives à avoir un salaire correct sur tes activités parallèles, tu peux te rendre disponible pour le peu de prods professionnelles qu’il y a comme Colmax, Dorcel, Blue One ou même Jacquie et Michel Elite (qui ont fait des efforts, faut le souligner). Tu peux faire du porno qui correspond à ta sexualité, qui te paraît commercialement intéressant et ainsi apporter une pierre à l’édifice d’une notoriété à venir.

J’ai toujours considéré que la rareté c’est aussi ce qui fait ta qualité et je pense qu’Anna Polina, Anissa Kate, Jessie Volt ou Tiffany Doll seront d’accord là-dessus. Quand t’as pas tourné, tu as de la valeur, tu peux imposer ton cachet, imposer tes partenaires et tu te donnes au maximum. Tu n’es pas fatiguée de la veille d’avoir faire une scène pourrie dans un Etap Hotel. Tu gardes le contrôle.

Quand tu retrouves ta juju!!

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C’est quoi ta petite playlist du moment ?
Spider ZED ! Il n’est pas connu mais je suis ultra fan de ce qu’il fait. Vald. Damso évidemment. Dosseh un petit peu. Je suis influencée par mon petit frère, j’ai passé l’été avec lui à me mettre d’énormes mines ! Le dernier album de Disiz aussi, une telle folie ! Dans mon téléphone j’ai Julien Doré dont je suis très fan. Benjamin Biolay… Quelques Freddy Mercury et PNL, que je rêve de rencontrer.

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