Sexcam : tu fappes ou tu mates ?

Chaque jour, nous sommes des millions à nous connecter sur les différents sites de webcam live. Pourquoi ? Pour voir des personnes de tout genre et de tout âge se déshabiller et se donner du plaisir devant leur ordinateur, puis faire de même de notre côté. Mais plus mon expérience de la webcam grandit, et plus je m’aperçois que le sexe n’est pas au premier plan dans un live show. J’ai voulu savoir si j’étais la seule à penser cela ou si c’était une caractéristique réelle de ce milieu. Voici les résultats de ma petite enquête.

Sexcam et porno, même combat ?

Je suis repartie loin jusqu’aux origines du mot porno afin d’essayer de comprendre si la webcam pouvait être classée dans cette catégorie. La définition de « pornographie » du CNRTL est la suivante : « Représentation (sous forme d’écrits, de dessins, de peintures, de photos, de spectacles, etc.) de choses obscènes, sans préoccupation artistique et avec l’intention délibérée de provoquer l’excitation sexuelle du public auquel elles sont destinées. » En acceptant que la webcam est un spectacle, et que les modèles sont là pour exciter les spectateurs : il semble que la définition s’applique parfaitement. Les show webcam sont donc bien du porno.

Nuançons tout de suite ces propos, en rappelant que certaines camgirls se donnent beaucoup de mal pour donner une dimension artistique à leur shows. Que ce soit par de simples effets visuels (paillettes, lumières ou jeux d’ombres avec les stores)…

Ou bien en sortant complètement du classique comme Veronica Chaos, qui propose des contenus pour le moins originaux, différents et clairement artistiques.

En ce qui concerne la ligne directrice des sites de liveshows, Cam4 annonce la couleur dès la recherche Google où on peut lire la phrase suivante :  « Plus gros site de porno live ! » Cela pourrait sembler normal, mais tous les sites de sexcam ne sont pas aussi directs. Il est même plutôt rare qu’on associe clairement la webcam au porn. De l’avis de plusieurs camgirls, il y a une réelle différence entre le porno classique et les live show. Récemment, Penelope Sweetheart me disait même que la barrière entre camgirl et actrice était difficile à franchir pour qui le souhaite. Et on a parfois vu les actrices porno les plus douées galérer pendant leur premier liveshow, réalisant que ce n’est définitivement pas le même métier. Alice Leroy, nous expliquait d’ailleurs très bien qu’être à la cam et faire du porno n’était pas du tout la même chose : face à la première on interagit avec le public et on lui offre quelque chose de personnel, dans l’autre on joue un rôle, on est dirigé.

Pourtant, ce qu’on aime dans les shows, c’est bien le spectacle et la mise en scène. La façon qu’a la modèle de nous emmener dans son monde. Ainsi, les cams hommes sont souvent boudées car trop axées sur le plaisir sexuel. C’est en tout cas l’avis de plusieurs camgirls avec qui je me suis entretenue. Axhell me le confirme : « ça m’arrive de regarder des shows, mais uniquement des femmes, car les mecs sont trop standard, banals dans leur façon de faire : gros plan sur leur queue et uniquement masturbation. Je regarde pour l’échange, le feeling et le soutien. »

On en revient à l’essence de la sexcam, ce que vous avez tous déjà remarqué et plébiscité : l’interaction. On discute avec les modèles, on peut les suivre après le show, faire connaissance dans une certaine limite, découvrir une partie de leur vie et oui, on a envie de les retrouver au prochain épisode.

Fappeur ou voyeur ?

Pour en avoir le cœur net, on a décidé de vous poser la question, d’abord par un sondage, ensuite en privé. D’après les réponses de ce petit panel de nos lecteurs, un tiers des fappeurs va voir un show webcam uniquement pour fapper (cqfd). Et les autres ?

Une jeune femme m’a confié ceci : « Devant les cams, mon attention est trop éparpillée entre la vidéo, les tips, le tchat…« . Il est vrai que l’univers est assez particulier, et qu’il peut sembler un peu décalé surtout pour les néophytes. Que l’on soit devant la webcam ou derrière, beaucoup de choses se passent en même temps. Les spectateurs posent des questions, échangent avec la modèle ou parfois entre eux, plaisantent, réclament, complimentent. Quant à elle, sollicitée de partout, elle répond à tout le monde à voix haute, ou à ses DM au clavier. On discute, on rit, puis quelqu’un tippe et le sexe reprend ses droits… jusqu’à la prochaine vanne. Chaturbate porte donc bien son nom : « tchatter en se masturbant » semble bien définir l’ambiance d’un show. Un habitué du site m’a confié se laisser prendre au jeu :« J’y vais pour me toucher, mais je me retrouve souvent à suivre les conversations ou à rester devant même quand il ne se passe rien [de sexuel] ». Un autre me confirme cette idée : « La plupart du temps c’est pour me toucher mais j’ai tendance à juste rester regarder si je suis sous le charme du modèle. »

Et tous les témoignages que j’ai reçus vont dans la même direction. Lexi m’a confié ceci : « Je ne me touche pas devant une cam, même si certaines sont terriblement sexy et me donnent très envie. En fait j’y vais surtout pour contempler le charme d’une personne. » C’est bien résumé : on vient pour le sexe, mais on reste pour ce qu’il y a autour, et surtout pour la personne qui diffuse comme me le dit un voyeur avec qui je me suis entretenue : « Je ne vais plus sur la page d’accueil, je me contente de taper les pseudos qui m’intéressent. Et si aucune n’est connectée il m’arrive de passer à autre chose, de mater une série… » Et en effet, les habitués des sites de sexcam vous le diront, ils ont souvent leur préférée et ne s’en cachent pas. J’ai personnellement lu une fois sur ma room : « Je venais pour [une autre camgirl] mais comme elle n’est pas là je passe dire bonjour et je vais me coucher. » Bon.

Ce coup de cœur pour un modèle, qui donne envie de lui faire plaisir , et de revenir dans sa tchatroom est sans doute une des raisons qui font tipper les spectateurs. Un gros tippeur croisé sur Cam4 dit avoir « dépassé le stade du fap. » Il estime même que « la cam permet d’avoir un rapport amical et humain avec les modèles (qui sont pour certaines devenues des amies). » Ce sentiment est encore plus poussé chez Hecate Moon autre camgirl avec qui j’ai discuté, et qui m’a dit aimer les sites de cam, parce qu’on a « vraiment l’impression d’appartenir à une communauté, c’est super convivial. »

Méthylène, jeune camgirl, participe aussi à des shows en tant que spectatrice « J’aime bien passer brièvement, jauger l’atmosphère, (…) discuter un peu avec tout le monde et tipper quand je peux pour faire plaisir et parce que ça me fait plaisir. Je passe la plupart du temps plutôt pour échanger, rigoler un peu, parce que j’aime bien les personnes qui diffusent. Le coté cul est pas prédominant. J’ai plus l’impression de passer faire coucou à des « potes ». Bon à des potes qui se touchent… » Elle va plus loin : « Je n’ai jamais suivi une cam du début à la fin je crois. Ce n’est pas mon support de fap principal. J’aime bien me chauffer un peu devant certaines, ça arrive que ça m’excite vraiment énormément, je peux commencer à me toucher mais une fois que j’ai vraiment envie d’accélérer je coupe. » La webcam comme source d’inspiration pour fapper ? Pourquoi pas.

J’ai l’impression que le verdict est sans appel, les spectateurs des webcams sont avant tout des personnes venues passer un bon moment ensemble, presque comme on le ferait dans la vie, entre amis. Bien sûr on pense au sexe, on s’excite et parfois on se masturbe. Mais avant tout : on échange !  Que l’on soit modèle ou voyeur, on s’enrichit d’une manière ou d’une autre : socialement, sexuellement, ou esthétiquement. À vous de venir chercher le petit quelque chose qui vous fera revenir, mais attention on devient vite accro…

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