Le porn et la singularité

Ça y est. Ça a eu lieu : la singularité. Non pas de l’homme et de la machine, comme de tristes geeks veulent nous faire croire, mais de la culture porn et du mainstream – comme nous y croyons tous. Cette vidéo est disponible sur Pornhub. Quand on la regarde, l’ambiguïté du sentiment frappe aussi fort que les bites au fond des gorges. C’est hardcore, et pourtant on le passerait bien en soirée – après les autres clips. Sans être sûr, on devine que chacun y reconnaîtrait quelques visages, à la manière de vieilles copines qu’on a pas pris en gang bang depuis longtemps. « Tiens, elle en prend trois celle-là ». « Ouh ça a l’air chaud pour elle quand même là ». Magie du montage qui nous met face à la nausée de l’orgie. Les paroles d’une chanson qui nous emmène loin de nos quotidiens les samedis soirs enivrés (voire plus) s’affichent devant celles qui, il faut le dire, prennent cher – et nous nous mettons alors à croire à ce que nous voyons. Nous pensons lire leur conscience : nous croyons savoir ce qu’elles pensent. Et c’est là, à cet instant où nous pensons savoir, où nos pulsions private browsing qui nous satisfont rejoignent le grand jour qui nous rassure, que l’inavouable est beuglé : le vice est permis, et nous pouvons dorénavant admirer sans honte aucune les ombres aux murs de la caverne. Les tubes sont des tubes comme les autres qui animeront bientôt nos soirées. Pour le meilleur, comme pour le pire.

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