Réalité virtuelle et POV au féminin

Il est parfois difficile de reprendre les chemins de l’écriture quand le moral n’y est pas. Pour autant la vie ne doit pas s’arrêter même quand la liberté d’expression est attaquée au plus profond de sa chair. On doit tous réussir à se relever et avancer ensemble. A notre petit niveau, on ne peut que vous proposer des seins, des bites et des culs… Et vous proposer une réalité alternative à celle tragique qui nous entoure. 

Nous avons récemment remis un casque Oculus Rift sur la tête pour tester l’expérience d’un POV côté femme à travers le corps de Gala Brown. L’expérience fut étonnante car se retrouver nez-à-nez avec la teub de Rob Diesel en 3D immersive est un exercice des plus déroutants, qu’on soit une femme ou un homme… Retour d’expérience avec Florence et Gonzo.

Le POV de Florence Abitboule

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J’ai chaussé pour la première fois de ma vie le casque du futur, direction un POV pour femme. Le résultat n’a pas vraiment été à la hauteur de mes espérances. Certes, j’avais bel et bien l’impression d’avoir un mec en face de moi, qui me regardait bien droit dans mes yeux, et c’était troublant. Ce qui chamboulait encore plus ma vue, c’était son allure de douchebag dégénéré, son slip fluo, ses tatouages tribaux, son regard de tueur et ses jambonneaux surmusclés plus épais que mon vrai corps. À peine rentrée, je voulais déjà dégager de cet univers, mais mes cuisses restaient là, collées au transat’ en plastique.

D’ailleurs ce n’était pas mes cuisses, c’était des cuisses. On n’était pas deux, on était trois, ou deux et demi. Je n’avais pas signé pour ça en entrant dans la brèche de la réalité virtuelle en POV. Ça devait rester un secret entre le douch’ et moi, un cauchemar à enterrer bien loin dans ma mémoire en attendant un futur meilleur. Mais non, une actrice avait décidé de s’incruster à moitié, squizzant mes cuisses couleur aspirine pour les remplacer par des jambes dorées et huilées ; un super piercing au nombril et un maillot de bain rose fluo ; le tout avec un don particulier pour attirer les mouches. Mi-moi, mi-actrice, je voyais donc ce cher douch’ lécher et baiser ce sexe qui n’était pas le mien, mais qui se trouvait dans le prolongement de mon buste. Telle une sirène de l’industrie adulte, je n’avais qu’une idée : me débarrasser de cette queue plus grosse qu’une saucisse de Morteau et reprendre forme réelle, quitte à perdre mon nouveau bronzage dans la traversée des mondes. Je voulais laisser les deux autres s’amuser tranquillement sans moi, ils avaient l’air de bien s’entendre.

Si ma vue offrait un décalage un peu troublant du moi / pas moi, l’ouïe ne laissait pas de doute. Cette moitié de corps voulait à tout prix me faire partager sa kiffade en poussant des cris à qui mieux mieux. J’ai tenu vaillamment jusqu’au bout du cumshot final, mais l’histoire me laisse quand même un arrière goût de sale expérience. Un mélange savant entre une identification forcée, couplée d’un recul bien conscient. Le POV dans l’Oculus ne fait qu’accroître les défauts du porn actuel quand il s’agit de s’adresser aux femmes, et à 180° le résultat n’est pas jojo. Le futur a encore quelques progrès à faire avant de satisfaire tout le monde.

Le POV de Gonzo

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Ce n’était pas la première fois que je chaussais un Oculus Rift, mais bien la première fois que je me transformais en femme pour avoir un rapport sexuel virtuel avec un homme.

Dans cette réalité virtuelle “filmée” (toujours à 180°/3D, soit une demi-sphère fixe dans un espace fixe), la position du corps virtuel est très importante pour que les sensations physiques coïncident avec les nôtres. Ici, l’actrice est allongée, du coup le positionnement de la tête par rapport au corps fonctionne mieux que lorsque l’acteur ou l’actrice est debout, puis c’est quand même moins fatiguant. Palmer Luckey a d’ailleurs annoncé que la version commerciale de l’Oculus sera destinée à une position assise.

J’avais dans cette nouvelle réalité des petits seins et un bas de bikini rose fluo à la place d’un jean et d’une teub. J’aimais bien cette idée, surtout qu’il faisait beau. Je pouvais presque ressentir des sensations dans cette nouvelle entre-jambe, comme si mon oeil arrivait à récreer une sensation physique. Puis l’actrice a commencé à alpaguer un type près de la piscine, un incroyable type bodybuildé qui m’a filé tout de suite des sueurs froides.

Il s’est approché de moi avec une envie assez claire, je m’approchais de ma première relation trans-cyber, il s’est vraiment approché très près de moi, j’ai poussé des cris d’orfraie pendant que mon double féminin poussait des cris de jouissance et qu’il commençait à activer sa grosse bouche sur sa/ma chatte.

J’avais une vraie sensation de corps dissocié et mon cerveau était probablement en train de chercher le mode d’emploi de ce qu’il voyait, comme dans un rêve où on est à la fois acteur et spectateur de notre action. J’ai tenu le choc, malgré les pecs et les tatouages tribaux. Quand il a sorti sa teub tordue et gorgée de Viagra pour me la pendre sous le nez, c’était la première fois que j’en voyais une de si près (à part la mienne après quelques acrobaties). C’était une curieuse sensation de relation homosexuelle dans ma réalité physique et hétérosexuelle virtuelle projeté dans un corps de femme. Au final ça ne m’excitait que moyennement, le type n’était pas du tout mon style de mec.

J’ai alors avancé la vidéo pour zapper les passages ronronnants de coïts convenus pour affronter mon premier cum shot. J’ai vraiment cru m’en prendre un bout dans l’oeil quand il a lâché la purée. Pas mal comme délire mais il va falloir complètement revoir les standards de tournage pour que tout ça fonctionne mieux, parce qu’on était loin d’un truc excitant.

Redéfinir l’expérience pornographique

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Il faut impérativement adapter la même position physique et arrêter de parler ou de jouir à notre place, on a trop vite l’impression – comme le notait Florence –, qu’on est la 3e personne d’une relation de couple et voir son corps n’est finalement pas une obligation. Dans l’autre vidéo (Private Lessons) que j’ai regardé, j’étais dans une position assise et j’étais plus intéressé par cette fille et son teasing/strip un peu bancal mais qui fonctionnait mieux que par mon corps. Du coup la dissociation était moins problématique et rendait l’expérience étrangement plus réelle. Il faut dans les limitations actuelles de la technologie aller vers le moins d’interaction possible avec son propre corps, tant qu’on ne pourra pas voir nos mains et qu’on ne pourra pas vraiment associer de manière précise notre corps physique à notre corps virtuel.

Il faut aussi des acteurs ou actrices qui ne nous donnent pas envie de fuir car dans la réalité virtuelle filmée, la place pour l’imagination est encore plus réduite que face à un écran traditionnel et se projeter dans l’image devient un peu hasardeux quand on nous l’impose autant. Soit on adhère, soit on rejette, le compromis est très délicat.

Encore à ses balbutiements, le porn filmé virtuel a tout de même devant lui un avenir on ne peut plus radieux. En passant de la projection à l’immersion, on passe du visionnage à l’expérience. Tout un univers masturbatoire est donc à récréer et à développer.

On ne peut que saluer l’initiative de RealVirtualPorn, unique studio à l’heure actuelle capable de sortir plusieurs scènes par mois. Il se murmure que d’autres studios avec plus de moyens seraient en train de produire également des scènes, on a hâte de tester ça.

 

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