Le romantisme pornographique de Clément Balcon

C’est d’abord l’histoire d’un jeune garçon né en 1986 et passionné par la bande dessinée. C’est désormais un jeune homme qui oscille entre film porno et amour sans limite pour ses dessins. Ancien élève des Beaux-Arts de Paris, Clément Balcon nous fait découvrir aujourd’hui un joli croisement des genres. Attention les yeux, ça trame dur !

Premier baiser n°3, 2014

Avant de nous présenter Stoya and James, Clément Balcon a tout d’abord nourri son imaginaire de la tragédie Shakespearienne Othello. Fasciné par la relation houleuse qui lie Othello et Desdémone, l’artiste s’éprend pour la sérigraphie afin de faire découvrir la puissance de l’image sous l’érosion de la jalousie. C’est le début d’une longue histoire d’amour entre ses personnages sexués et la délicatesse de ses impressions. « Les séries de mes dessins sur les baisers sont tirées de films pornographiques » explique-t-il dans les colonnes des Inrocks. Le ton est donné mais sous un angle qui n’est qu’amour et tendresse.

Riley and Erik, 2014

Entre embrassade et promesse d’un futur coït fulgurant, le temps est comme stoppé au premier baiser dans ses sérigraphies . « Ces premiers baisers échangés avant l’acte et ces interludes durant lesquels les acteurs miment les jeux de l’amour, entre deux coïts acrobatiques et millimétrés » nourrissent l’oeuvre de l’artiste. Cette longue série de quadrichromies dessinés est une réalisation qui oscille entre mécanique et fait main. Son travail reflète les sujets de ses films où les moments de tendresse ne sont que les prémices de scènes plus mécaniques.

Travail plus que fastidieux, bon nombre de ses « sérigraphies faites à la main » marquent un point de dérapage, une déchirure qui se créée comme une saturation dans l’image. C’est en quelque sorte un point de non-retour, une perte de contrôle et une absence de maîtrise qui nous perd dans le flot de cette sensualité exacerbée.

Y’a plein d’or, 2015

Toujours dans le hors champ de films pornographiques, Clément Balcon s’illustre aussi dans la bande dessinée en s’inspirant des films Digital Playground. C’est un moyen pour lui « de se réapproprier un patrimoine avec un univers enfantin et pouvoir parler de choses sérieuses » commente-t-il dans Le Bourdon. Les images défilent et mettent en scène des moments ironiques, parfois pathétiques et souvent empreints de fragilité dans leur caricature des films hollywoodiens à l’eau de rose. Entre jeu de rôle et romantisme potache, Clément Balcon saisit ce qui fait la singularité de nos tendres films de cul.

Love in Van Nuys #2

Love in Van Nuys #3

Love in Van Nuys #9

 

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