Aux origines des tags : Cocoricocoboy et la playmate

Toute la famille est devant le poste de télévision, le setup classique avec les parents dans le canapé et les enfants sur la moquette, réunis pour regarder ensemble le striptease avant les infos. Nous ne sommes pas dans un univers parallèle ou un autre dimension perverse. Nous sommes en France, un soir de semaine de 1985 sur la plus grande chaîne publique, il est 19h40. Bienvenue sur Cocoricocoboy.

A l’origine diffusée irrégulièrement en prime time le vendredi d’octobre 1982 à avril 1984 sur TF1 sous le nom de Cocoboy, l’émission devient quotidienne à 19h40 de mars 1984 jusqu’en juin 1987 puis elle partira sur la Cinq pour six mois avant de s’arrêter pour de bon. Créés par Stéphane Collaro, les trois variantes sont basées sur les mêmes thématiques : de l’humour potache, un peu de chanson et de l’érotisme léger.

En grande partie composées de sketchs auxquels participent les célébrités invitées de l’époque, ces émissions sont surtout devenues célèbres pour avoir démocratisé l’érotisme sur le petit écran aux heures de grande écoute. D’abord en soirée puis carrément avant le journal de 20h, nous avions droit à des chanteuses super sexy et même un striptease si nous étions sages. Quelque chose d’impensable maintenant. Voilà pourtant de quoi relancer Le Petit Journal.

Même dans ces années-là, passer directement de l’humour franchouillard au striptease aurait été bizarre. Le quartet des cocogirls permettait ainsi de faire une transition facile entre les deux. Recrutée parmi des danseuses de cabaret et d’anciennes miss, elles sont l’atout charme soft des émissions. On reste dans l’humour avec des textes grivois, que je comprends beaucoup mieux maintenant, qui font sourire et rougir les esprits chastes. Quelques mouvements chorégraphiés, des mimiques polissonnes et des sourires avenants, il n’en fallait pas plus pour mettre l’eau à la bouche avant le vrai show.

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Nous restons toutefois dans l’artistique avec des costumes plutôt courts et révélateurs mais qui restent sages. C’est que derrière il y a quand même des 33 tours à vendre pour animer les fins de mariage. Pourtant, aucune des cocogirls ne fera une vraie carrière dans la chanson. Le turn-over des aguicheuses est assez important et le play-back rarement considéré comme un vrai talent. La plus connue d’entre elles est Sophie Favier, qui en est partie après avoir posé pour Newlook. Elle tournera ensuite un softcore pour Kikoïne avant de devenir l’animatrice chroniqueuse que l’on connaît maintenant. #dyslalie, j’adore.

Après avoir été émoustillée par les cocogirls, toute la famille attend la playmate. Avec un peu de chance, c’est un jour avec et le sketch un peu pourri qui sert d’introduction commence. Il comporte invariablement un scénario dont on voit venir la conclusion à des kilomètres avec la présence d’une secrétaire, serveuse, femme de chambre ou autre stéréotype féminin classique. La musique emblématique démarre, premier déclencheur pavlovien d’érection en France, et la playmate commence le show.

Soyons honnêtes, cela ne volait pas bien haut en terme de potentiel porno. Les plastiques sont très fines et majoritairement sans formes, tant pis pour les amateurs de burlesque. Quand on rajoute les mouvements peu variés, la durée très réduite du spectacle et les allers retours caméras sur les tronches faussement ahuries des acteurs qui restent autour du modèle, nous avons un divertissement bon enfant, sympa mais pas top. Celui qui se paluchait là-dessus devait être plutôt rapide et assez aventureux pour prendre le risque de se finir sur un gros plan de Pik ou Rik.

Mais alors pourquoi raconter l’histoire de vieux strips moisis des années 80 même pas intégraux ? Ce n’était effectivement pas génial mais ces mouvements ondulatoires hypnotisants furent pour un grand nombre la première vision dénudée d’un corps de femme en action. Une expérience marquante qui représente le palier suivant après les pages lingerie de la Redoute. De quoi frapper les esprits et en faire la strip madeleine de Proust des jeunes de l’époque.

Une progression graduelle vers le porn que nous apprécions maintenant. Graduation dont j’ai l’impression qu’elle est moins présente aujourd’hui où l’on peut passer directement du décolleté de la grande cousine et les adbos du cousin à une vidéo de gaping grâce aux tubes. L’autre raison de son succès tient au fait qu’en la regardant ensemble, nous ressentions pour la première fois cette fraternité voyeuriste qui unit les êtres humains de tout sexe et tout âge face au spectacle alléchant d’un congénère presque à poil. Nous n’étions plus seuls, cachés avec nos catalogues et autre matériel pornographique de secours. Et rien que pour cela, je dis merci à Monsieur Collaro et ses comparses.

PS : Pour les fans de playmate et de jeux vidéo, je recommande chaudement le visionnage du numéro 41 d’EXP sur Noco. Un hommage vibrant présenté par Médoc et son crew avec Nephael en stripteaseuse de charme. Et pour le prix d’un grec-frites voire juste une canette via la promo de la Presse Libre, Noco est une mine d’or pleine de pépites pour les japonisants, les geeks ou les gamers. Sans parler des chauds times

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