Aux origines des tags : les pages lingerie de la Redoute

Alors que je me repose d’une harassante journée, tranquillement installé dans mon canapé, voila que ma chère et tendre arrive d’un pas décidé. Une envie impromptue, me dis-je en éternel optimiste que je suis. Malheureusement non, elle me jette simplement sur les genoux le catalogue de vente par correspondance qu’elle vient de recevoir, son préféré. « Choisis-toi des slips et des chaussettes, je vais passer commande » me dit-elle. Lecteurs célibataires et jeunes mariés, ne vous inquiétez pas, vous aussi vous passerez par là et ce genre de moment fait aussi partie de la vie de couple. Elle disparaît ensuite au détour du couloir et j’attrape nonchalamment le bloc de papier relié. Elle ne se fait d’ailleurs pas d’illusion sur la suite de l’histoire, comme d’habitude je survolerai les pages hommes avec un haussement d’épaules dédaigneux pour me focaliser sur la seule et unique raison qui pousse depuis des années les hommes à ouvrir ce genre d’ouvrage : les pages lingerie.

« Montre-moi ta culotte, je te dirai qui tu es vraiment. » Malgré le fait que toutes celles à qui j’ai énoncé ce dicton m’ont giflé, il se vérifie amplement dans ces pages hypnotisantes. Cachés sous leur couette avec leur lampe de poche, des milliards de jeunes hommes ont ainsi découvert les archétypes féminins qui allaient plus tard influencer leurs fantasmes.

La femme fatale

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Avec de la soie pour les belles pièces, polyamide et élasthanne pour les dentelles ouvragées, la femme idéale vous promet à la fois l’enfer et le paradis avec ses sous-vêtements qui cachent autant qu’ils n’en montrent. Par quel pouvoir démoniaque arrivent-ils à transformer ainsi une honnête femme et épouse aimante en succube séductrice réduisant les hommes en esclavage ? Un piège mortel dans lequel on a pourtant hâte de tomber. Strings et shorty, avec ou sans dentelle, porte-jarretelles et guêpières ou encore body et nuisettes sont autant d’armes imparables quand elle vous accueille en souriant sur le pas de la porte, vous invitant à entrer pour ne plus jamais ressortir.

La girl next door

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Coton ou polyamide, des formes simples et fonctionnelles pour une fille sans arrière-pensées. Offerts directement à la vue par accident ou espionnés à travers les persiennes, la vision volée de ces bouts de tissus illumine la journée des chanceux. Et quand, après des mois de bon voisinage, elle vous invite enfin à venir manger parce que : « Quelle étourdie, j’en ai cuisiné un trop grand plat pour moi toute seule. » Une bonne bouteille aidant, vous serez finalement à portée des sous-vêtements qui vous ont nargué si longtemps. A vous culottes, shortys, strings et soutiens-gorge dont l’attente pour mettre la main dessus (ou plutôt dedans) fut longue mais en valait bien la peine.

La femme mature

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Le royaume de la maille stretch et des armatures, avec une bonne dose d’élasthanne et polyamide pour tendre tout cela. Pour autant, l’aspect visuel peu attractif, quoique très amélioré depuis quelques années, est inversement proportionnel à la promesse de douceur et de réconfort. Avec ses trésors contraints dans des armures de tissu, la femme mature est à la recherche d’une seconde jeunesse. Elle saura mieux que quiconque prendre la main du timide jeune homme dont le cœur saigne encore des refus blessants de ses contemporaines. Ajoutez un soupçon de relation incestueuse, par alliance ou non, et vous aurez un cocktail capable d’agir sur le long terme. Dans ses culottes et bas gainants, panty stretch et bas de contention, son amour est sous pression et ne demande qu’à être libéré.

La sportive

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Polyester, polyamide et élasthanne, le trio gagnant des femmes qui en veulent. En haut de ces pages est écrit en lettres de feu : « Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir de vous reposer un jour », ou un truc dans le genre. La sportive vous en donnera pour votre argent mais serez vous capable de la suivre ? Son corps félin moulé dès le matin dans sa brassière et short de compétition, elle vous fera courir après son fessier musclé pendant des kilomètres. Et de retour à la maison, vous grillerez vos dernières cartouches à lui faire l’amour dans toutes les positions, vous laissant exténué sur le lit alors qu’elle enchaîne squats, abdos et tractions. Rassurez-vous, la séance sauvage de pegging qui suivra, très efficace pour renforcer ses cuisses, ne nécessite pas de participation active de votre part. Brassière, débardeur et short, la frontière entre vêtement et sous-vêtement n’existe plus, l’effort tout entier dirigé vers la performance. Réservé aux guerriers.

La teen

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Minimum 95% de coton, la panoplie de la vraie teen ne saurait faire plus de compromis avec le synthétique sous peine de se faire traiter de wannabe femme fatale ou, pire encore, tomber dans les limbes qui abritent les femmes sans tags, déchues entre toutes. La teen représente l’essence de notre jeunesse perdue. Ce temps où, un jour pourtant comme les autres, il a suffit d’un simple sourire à travers la classe pour graver son prénom au fer rouge sur notre cœur, y laissant bien souvent une blessure qui ne cicatrisera jamais car trop timide à l’époque. Après cela, nos recherches incessantes ne nous offrirent qu’un soulagement temporaire. Culottes ornées de motifs et animaux divers, brassières et soutiens-gorges présents plus pour le style qu’un véritable soutien, la teen est un idéal que nous n’atteindrons jamais. Certaines d’entre elles le savent et en jouent, devant ainsi l’être hybride le plus dangereux de tout internet : la jailbait.

En fait, tout n’est pas aussi simple dans le monde merveilleux des tags et c’est d’ailleurs une chance, tout le monde peut y trouver son compte. Chacun de ces archétypes féminins a des tags en commun avec les autres. Et si vous avez encore un doute sur ceux qui vous correspondent, la prochaine fois que l’on se voit, montrez-moi vos dessous, je vous dirai qui vous êtes.

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