Le Royaume-Uni ne sait pas quoi faire de son poppers

Le 28 janvier dernier, la Pyschoactive Substances Act a reçu la sanction royale nécessaire à sa promulgation. A compter du 6 avril prochain, cette loi criminalisera la production et la distribution de toutes les “substances destinées à la consommation humaine qui sont susceptibles de produire un effet psychoactif” au Royaume-Uni. L’objectif assumé de ce texte est de faire barrage aux “legal highs”, des produits dont les effets sont similaires à ceux des drogues classiques mais qui circulent librement sur le marché britannique du fait de leur structure moléculaire inédite.

Le problème du Psychoactive Substances Act, c’est qu’en voulant brosser large, il ne définit pas clairement ce qu’il interdit. Quand le texte a été débattu par la Chambre des Communes au début de l’année, les députés britanniques se sont heurtés au problème des poppers : les petites fioles contiennent-elles des substances qui “stimulent ou réduisent l’activité du système nerveux central” ? Si tel était le cas, elles tomberaient sous le coup de la nouvelle loi ; leur production et leur distribution seraient alors passibles de sept années d’emprisonnement. Dans l’autre cas, les poppers pourraient continuer à être distribués librement.

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Entre deux inhalations de Jungle Juice

Pour trancher la question, la secrétaire d’Etat à la prévention de la maltraitance, de l’exploitation et du crime Karen Bradley a fait appel à l’Advisory Council on the Misuse of Drugs (ACMD). Le 23 février dernier, elle a chargé cet organisme public non ministériel en charge de la classification des drogues d’étudier “les dangers et la psychoactivité” des nitrites d’alkyle, le principal ingrédient des poppers. L’ACMD a rendu ses conclusions hier, mercredi 16 mars. Elles sont on ne peut plus claires : “Les nitrites d’alkyle (“poppers”) n’entrent pas dans la définition des “substances psychoactives” données par le Psychoactive Substances Act de 2016.”

De fait, les Britanniques devraient pouvoir continuer à inhaler tranquillement les vapeurs euphorisantes et vasodilatatrices des poppers. Ce n’est tout de même pas passé loin – et ça ne semble pas tout à fait fini : contacté par BuzzFeed, le Ministère de l’intérieur du Royaume-Uni a affirmé qu’il répondrait “sous peu” aux conclusions de l’ACMD. 

En France aussi, les poppers ont fait l’objet de pugilats politico-juridiques remarquables. Le 7 juillet 2011, la commercialisation des nitrites d’alkyle a été interdite par décret du ministère de la Santé “en raison d’un risque de dépendance ou d’abus”. Cette interdiction a été abrogée en juin 2013 par le Conseil d’Etat, après que celui-ci a jugé que ces substances ont “une toxicité faible aux doses inhalées habituelles” et qu’elles présentent en fait des risques de dépendance faible. En 2007, une première tentative interdiction signée François Fillon avait déjà été défaussée par le conseiller du Gouvernement. C’est dire si ça sniffe du poppers au Palais-Royal.

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  • Quand on rédige des lois sans réfléchir.
    Il ne faudrait pas non plus oublier : la théine (ou caféine) et l’alcool. Qui sont des « substances destinées à la consommation humaine qui sont susceptibles de produire un effet psychoactif ».
    Comment interdire cela en Angleterre

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