À propos du « petit zizi » d’Adolf Hitler

Comment comprendre Adolf Hitler ? Il semble impossible qu’un être humain sain d’esprit puisse décider de l’extermination de six millions de personnes. Il avait forcément un problème, cet Autrichien moustachu, une blessure profonde et putride qui explique à elle seule le génocide : est-ce parce qu’il a été refoulé de l’école d’art qu’il convoitait ? Parce qu’il a été traumatisé par la Grande Guerre ? Pourquoi pas. Mais n’oublions pas l’explication la plus en vogue : la haine des Juifs, les camps, les chambres à gaz, tout ça, c’est parce qu’Hitler avait un problème de zigounette.

Qu’elle est confortable, l’idée qu’un sexe déformé puisse suffire à créer un dictateur génocidaire. On a tout entendu sur l’appareil génital et la sexualité d’Hitler : il n’avait qu’un seul testicule, il avait un petit pénis, il était asexuel. Les Britanniques ont même inventé une comptine sur le sujet. Il y a quelques jours, ces thèses ont pris un nouvel envol quand quelques sites Internet ont déterré un ouvrage publié au milieu de l’année dernière. Dans Hitler’s Last Day : Minute by Minute, Jonathan Mayo et Emma Craigie affirment que l’instigateur de la Seconde guerre mondiale était atteint d’hypospadias, une malformation qui fait s’ouvrir l’urètre sur la face intérieure de la verge.

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Les deux historiens auraient fait cette découverte en épluchant des rapports médicaux inédits. Il y a tout juste deux mois, le professeur Peter Fleischmann de l’Université d’Erlangen-Nuremberg a invoqué des documents similaires pour prouver que le dictateur était également propriétaire d’un testicule non descendu, une anomalie connue sous le nom de cryptorchidie. Auparavant, on pensait que la couille dictatoriale avait été emportée par un shrapnel au cours de la Première guerre mondiale. Décidément, il s’en est passé des choses dans le slip d’Adolf. Un slip très opaque et sujet à controverses : d’après le médecin d’enfance du nazi, l’appareil génital du futur führer était tout à fait normal.

Réfléchissons un peu. Somme toute, le coup du zizi mal fichu qui rend les gens méchants, n’est-ce pas un peu ridicule ? Dans les colonnes du Daily Dot, la bioéthicienne Alice Dreger l’affirme tout de go : “C’est un élément indissociable d’Hitler, on en revient toujours à son système génital. Au fil des années, l’idée qu’il soit devenu un meurtrier sanguinaire parce qu’il était atteint d’une quelconque malformation revient sans cesse. Je pense qu’on ne peut pas expliquer la violence et le génocide avec ça.” A l’en croire, notre obsession pour le pénis prétendument mal formé du dictateur serait la manifestation d’une “tendance historique” qui fait rimer différence sexuelle et comportements antisociaux.

Alice Dreger

Alice Dreger

“Ce n’est pas une bonne idée de dire que les différences génitales ont des conséquences terribles, continue Alice Dreger. Je pense que cela pousse à croire que nous devrions discriminer les gens selon leur appareil génital, que nous pouvons lire dans leur cerveau ou leurs préceptes moraux en regardant leur sexe, ce qui est faux.” Du fait de ce fantasme, les parents des enfants victimes de malformations génitales sont mis sous pression. Beaucoup font “corriger” l’anatomie de leur progéniture en vitesse par intervention chirurgicale. Le problème, c’est que ces coups de bistouris ont parfois de lourdes conséquences sur le bien-être physique et mental de l’opéré. Pour le Daily Dot, mieux vaut attendre que l’individu mal formé soit assez grand pour choisir de passer ou non sur le billard.

A l’heure où les mouvements d’acceptation du corps séduisent de plus en plus, force est de constater que notre rapport aux parties génitales stagne. L’histoire sans fin des attributs d’Hitler le prouve ; l’apparence de notre bas-ventre suscite toujours moqueries et interprétations délirantes. Mal formé ou petit, un pénis différent ferait un loser, voire un dictateur enragé. Ca semble quand même un peu léger. 

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