La capote du futur prend du retard

Mardi 1er décembre, c’est la journée mondiale de lutte contre le sida. A l’heure où un tiers des étudiants déclare ne jamais porter de préservatif, on espère que l’événement réveillera certains inconscients. Alors oui, c’est vrai, le petit bout de latex visqueux n’est pas très agréable aux sens. Mais à moins que vous n’aimiez jouer avec le futur de votre précieux système immunitaire, il va falloir s’y faire. Car en dépit des efforts considérables déployés pour l’améliorer, votre ami le préservatif en latex ne va pas laisser le trône de sitôt.

On en convient, c’est pourtant ce que laissait espérer l’initiative de Bill et Melinda Gates. En mars 2013, l’homme le plus riche du monde et son épouse avaient donné le coup d’envoi d’un vaste concours visant à réinventer le préservatif. « On les utilise depuis 400 ans, mais ils n’ont connu aucune amélioration technologique au cours des 50 dernières années », avaient-ils rappelé sur le site de leur organisation caritative, Bill & Melinda Gates Foundation, dans le communiqué de lancement du projet.

Faux départ

Melinda Gates et son homme le plus riche du monde de mari, Bill.

Melinda Gates et son homme le plus riche du monde de mari, Bill.

Au mois de novembre suivant, 81 projets sélectionnés par les deux philanthropes recevaient 100 000$ de soutien. En juin 2014, 52 autres innovateurs s’étaient vus offrir la même somme. Et depuis, plus rien. La prometteuse capote en hydrogel, celle en collagène et même celle en aérosol ont disparu des médias en même temps que le projet des époux Gates. Que s’est-il passé ? Ce qu’on pouvait attendre : les vaillants innovateurs se sont heurtés à l’empire de la bonne vieille capote en latex, protégé par les hautes murailles de régulations imposées par L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux.

Avant de pouvoir obtenir sa place sur les étals, un nouveau modèle de préservatif doit réussir une extensive batterie de tests imposée par cette organisme fédéral. Toutes les propriétés du prétendant doivent être vérifiées, de son élasticité aux composants du lubrifiant qui l’accompagnent. Quoi qu’absolument justifiée, cette randonnée laborantine et administrative peut coûter des millions de dollars et durer plusieurs années. Ben Strutt a bénéficié de l’aide financière de la fondation Gates grâce à son projet de préservatif taille unique. Mais lassé par la durée de l’épreuve, il a laissé tomber. « On ne parle pas de deux ou trois ans, mais, à mon avis, de huit, dix, quinze ans, s’irrite-t-il pour Tech.Mic. Qui sait ».

Demain vient aujourd’hui

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Même avec l’aide de partenaires privés, comme ceux qui produisent les préservatifs que nous utilisons aujourd’hui, la route est longue. Au moins deux ans d’après le professeur Richard Chartoff de l’Université de l’Oregon, qui mise sur un tel partenariat pour commercialiser au plus vite sa capote en polyuréthane. Vous l’aurez compris, ce n’est pas pour tout de suite. Mais c’est en route. En attendant, rien ne change. Protégez-vous, protégez-les ; mieux vaut un petit bout de latex qu’une trithérapie.

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