Filles et foodporn, la romance pro-gluten

Sur Instagram, c’est la grande foire au foodporn, dédales labyrinthiques où l’on s’égare aisément, entre deux croissants, trois burgers et quelques tasses de café bien chaud. On trouve de tout, même d’aguichantes galeries gluten free. Voici donc qu’au coeur des mini-buzzs et des banquets 2.0 s’installent confortablement les Girls With Gluten, 955 publis à leurs actifs et une grosse cohorte d’abonnés qui crèvent la dalle près de leurs talons de mesdemoiselles tout-le-monde. A n’en pas douter, c’est la place foodporn populaire du moment, sorte de garde-fous où il fait bon saliver. Entre deux pensées à l’égard de la MILF atomique Martha Stewart, reine des fourneaux, cela va sans dire.

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Le foodporn est politique et, choc des images en étendard, caresse toujours du doigt les côtes de la propagande. Entre les innombrables rappels de l’intolérance au gluten par la sphère médiatique et le boost des grandes pontes de l’industrie agroalimentaire vers cette dominante-là (secteur commercialisable comme un autre après tout), on en oublierait presque de se goinfrer la panse sans vérifier si la pizza, le kebab où la pâtisserie du goûter est GLUTEN FREE. D’une réalité physique bien triste concernant (seulement) 1 % de la populace on en a fait une sorte de mouvement socio-culturel, en un temps du lessivage où l’on nous rappelle que la viandasse elle-même peut te crever le squeed. DE L’AIR ! C’est justement ce que proposent nos Girls : respirer un peu en retirant ses vêtements, se faire des mamours en roulant des pelles à de la belle matière grasse, sourire comme nous sourit un sandwich ouvert au monde, lécher la bectance comme s’il s’agissait d’une âme en peine, offrir de l’amour comme le ferait une tartelette au citron meringué. VIVRE !

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Ce compte est une nécessité politique, qu’on se le dise : un exutoire sucré et viandé. Déjà parce que ces teenagers ensoleillées, accros aux selfies et autres duckfaces, s’énamourent comme dans un bon petit GirlsOutWest des familles (en plus soft, déso). On va s’aimer, dans une boulang’, chez un charcutier. Ensuite parce qu’on tient là une belle fable sociale entremêlant consciememnt la bectance à l’érotisme pur. Les hot dogs se faufilent dans les bouches au doux lipstick, l’épais sandwich rivalise avec celui de Rocco. La pizza devient le bon coup d’un soir, aussi appétissante qu’un James Deen. Exit le topos du chaton mignon : c’est le cupcake fabuleux qui se glisse entre deux seins généreux. Le donut chanceux est mordu par des dents furieuses, coquinerie sauvage qui évoque la plus épicée des mises en bouche. La rondeur et la consistance des beignets épouse celle des boobs. Quant à l’énooooorme croissant prêt à être dévoré par une jouvencelle, bon sang de bois, il écrase de son poids la Big Black Cock la plus facétieuse. Faut-il encore vous rappeler en 2015 à quel point le porn est food ?

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On rêve alors de partouzes hippies agrémentées de crumbles, de quatre-fromages sonnant comme un two girls one cup, d’un threesome humide entre deux Royal Cheese sanguinolents de fromage fondu. Je veux plus : une fondue au cumshot, une raclette en gang bang, de la tarte crémeuse sous la forme d’une creampie. Ces mignonnes altruistes, formant au final une sorte de communauté du bon-vivre, n’ont peur de rien, surtout pas d’être des antithèses réjouissantes aux supermodels squelettiques. Certains grisâtres gourmets sont dérangés par le couplage moderne entre la bouffe et la démoniaque pornographie. Pourtant, Dieu sait ce que Rabelais aurait écrit sur ces goinfres taquines…

Sofia Coppola s’est gourée en causant du Bling Ring comme symbole générationnel. S’il y a un « ring », c’est celui que fait retentir le four. La pizza est prête. A table, les filles. C’est moi qui régale.

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