Brunette française suce un vieil homme (titre original)

J’ai de la tendresse pour Pierre Moro car son amour du travail bâclé est sans limite. Aucun faux raccord ne l’arrête, couper une phrase en plein milieu est sa petite touche personnelle et ses aventures se déroulent dans un autre espace-temps. Les problèmes techniques mis de côté, Pierrot nous narre une France vicieuse où les vieux sont (enfin) représentés et s’astiquent joyeusement la petite trompette en disant des mots sales. Du dirty talk adressé à la gent féminine qui répond de plus belle, affirmant à son tour sa cochonnerie assumée. Du porno qui ne s’emmerde pas de fioriture : droit dans la gueule avec les erreurs de montage pour te foutre une gifle si tu t’endors.

C’est de la bouffe de cochon pour les cochons, de la saleté pour les esprits sales, le tout présenté dans le confinement d’un petit appartement d’une ville oubliée. Là où la nappe en toile cirée expose ses cratères de cigarette, où les volets restent ouverts sur une vie en pause et où la crasse de la cuisine provoque une bouteille de CIF qui a perdu son jus. Autour, il y a le sexe : cru, brut, flasque, réel jusqu’à l’absurde.

Pierre est un poète qui se gratte les couilles, un artiste de l’amat’ qui touche au sublime. Son oeuvre sera un jour étudié dans les plus grandes universités. En attendant, elle s’expose ici, dans le bien nommé « mauvais fappeur ».

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