Whisper Porn et ASMR : SILENCIO !

Savez-vous ce qu’est le ASMR ?

ASMR, pour Autonomous Sensory Merian Response (Réponse Automatique des Méridiens Sensoriels). Une sensation atypique ressentie au niveau du crâne ou du cuir chevelu, qui, allègrement provoquée de vidéo de relaxation en vidéo de relaxation, a vite fait vriller l’imaginaire du côté de ce que l’on peut appeler le whisper porn, terrain de jeu et d’échange des whisperers. L’ASMR est un massage cérébral, un picotement, une caresse mentale qui éclot via les murmures, la douceur vocale.

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On chuchote au creux de ton oreille et tu jouis dans ta tête ? Pas vraiment : pour certains, loin du porn, ce n’est qu’un discret plaisir tendance sensibilité artistique ou chatouillement zen, même si pour d’autres, le ressenti s’assimile à un orgasme dans le système nerveux, d’où l’ambiguïté de la chose. La communauté ne cesse d’élargir le champ des perspectives, en quête de triggers, ces trucs magiques et en apparence totalement anodins, comme le bruissement des feuilles, qui te donnent du plaisir. Un documentaire bien calé sur le sujet est même en projet. Dans le genre quête de fun, ça rappelle la méditation abtraite expérimentalo-sexuelle du film PROFS, l’un des délires sexuels du génial Patrick Schulmann, cinéaste trop méconnu.

Une récente analyse, qui sera suivie de nombreuses autres études scientifiques, l’explique mieux: « The sound of whispering, for ASMR enthusiasts, produces a warm, tingly sensation, something like the frisson you might feel while listening to intense music ». Les recherches se poursuivent de ce côté-ci de l’érotisme, pour déceler avec précision les caractéristiques, causes et effets, de ce phénomène intérieur. Des sons mélodieux, des sonorités qui craquent, se tordent, parfois grincent, quelque chose qu’on frotte (du bois, du papier), des bouts de verre qui craquèlent et te filent le frisson, autant de petits riens bruitaux qui s’insinuent dans ton ciboulot et pénètrent ta conscience. Le frisson est-il celui de la fourchette qui lèche l’assiette et fait hérisser le poil ? le curieux soulagement ressenti à l’écoute de l’eau qui coule gouttelette par gouttelette ?

Perso, j’y vois plus une sorte de parfaite fusion, bien qu’éphémère (comme la jouissance) entre le corps et l’environnement, comme si le contact timide avec chaque élément alentours pouvait, par son tintement, réveiller en toi quelque chose d’enfoui, au repos, sommeillant dans ton organisme. Après tout, on parle bien d’une sensation atypique de bien être produite par la douceur d’une voix, le chuchotement, le murmure…alors pourquoi l’ASMR ne pourrait-il pas renvoyer à une zone bien planquée en ton être qui n’est bouleversée que par instants épars, détails, infimes crépitements ?

Et si l’ASMR était une madeleine de Proust ? Une sorte de réflexe enfantin ?

Et si tout cela n’était pas purement physiologique, sensitif, mais clairement inconscient, sentimental, du genre souvenirs et parfums d’enfance transfigurés en gestes, bidouilles, marqueurs et sons triviaux éparpillés dans notre quotidien, faisant remonter à la surface tout un tas d’émotions qu’on croyait perdues à jamais ? L’ASMR n’est pas juste un trip qui fait le buzz, c’est une exploration psychique.

La dimension porn est là finalement : la recherche du plaisir (du temps perdu ?), l’élaboration des fantasmes et la tentation de s’égarer de l’autre côté du miroir, à l’intérieur d’un rêve qui ne soit pas polisson mais purement atmosphérique. Ce qui n’en rend pas moins le geste profondément érotique.

Chaque jour n’est donc plus qu’un lieu de tous les possibles : chercher le corps – et la forme du contact – qui fera vibrer le nôtre.

 

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