MUNCHIES : le comic-book foodporn

Katie Longua est une fille cool. Elle aime dévorer des bonbecs, se déguiser, dessiner Catwoman ou Mandrake, et faire péter la couleur dans des univers ludiques et pop. Une parfaite, en somme. Son style est épuré, son monde graphique à souhait, volontiers transgressif, et on a envie de s’y dandiner sur fond de The Archies. L’artiste en elle-même ressemble à une poupée rigolote, se plaisant à mettre en images quelques monstres carnassiers très cartoon, au sein d’un univers mental et cheesy, qui serait celui d’une Alice contemporaine, en plein bad trip, qui pourrait rappeler l’univers de Junko Mizuno (et sa cendrillon psychée).

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La comic artist, voire comic striper pour les intimes, est fière de vous présenter son projet via Kickstarte r: imprimer en un bel écrin son web-comic MUNCHIES, succès de la toile qui méritait bien une nouvelle édition. Les vrais savent, et sont déjà réceptifs aux assonances #foodporn d’un tel intitulé. Et pour cause, puisqu’il s’agit des mésaventures d’une jeune fille déchirée et bougrement affamée dont la transformation soudaine en loup géant ne fera que démultiplier l’appétit dévastateur . Pour Longua, il s’agit de proposer quelque chose d’extraspecial, de plus grand que la vie et de désinvolte, entre ces films d’invasion américains des années cinquante, la grande vague de disaster movies des années soixante-dix et du delirium très stoner movie dans l’esprit (un peu comme si Harold et Kumar s’étaient métamorphosés en kaijus). Destruction, ingurgitation, démolition et jouissance absolue. Chez Longua, on a la dalle comme dans un dessin animé, la langue léchant les babines et la fringale étant le motif de tous les désastres.

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À la façon d’une ode à la pornographie alimentaire, les déluges de couleurs trippesques n’ont d’égales que les dégustations voraces, véritable leitmotiv de ce bonheur pour les mirettes. Au fil des cases, les bouches se multiplient, s’accumulent, gobent, lèchent, dévorent avec sauvagerie, au sein d’un cadre chromatique très psyché. Apologie de la goinfrerie au demeurant, bourré ras la gueule de séquences punchy et d’idées visuelles qui en jettent. Si la figure de la jeune ado devenue entité monstrueuse renvoie aux dérives organiques des comics underground, le ton décomplexé, l’imaginaire référentiel, le sens de l’exagération-manga, la beauté des images et le charme désuet de l’ensemble n’est pas sans évoquer d’excellents divertissements populaires, comme les Super Nanas du grand Tartakovsky. Le genre de voyages à entreprendre gavé de space cakes, la bave aux lèvres et la tronche délinguée façon Anna Faris dans Smiley Face, quelques frugales pizzas à proximité. Avant d’enchaîner avec quelques séries B, de la food tv et deux trois gonzos.

 

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