Le documentaire Camgirlz : ode à la joie

On vous avait déjà parlé du documentaire CamGirlz de Sean Dunne. Désormais disponible sur Vimeo à la demande, on en a profité pour mater ce documentaire d’une heure et des poussières.

En voix off, plusieurs camgirls parlent de leur rapport à la cam, au corps, au sexe, à leur parcours. En images, on les regarde faire leur show, un peu comme un troisième tipper qui aurait surgit dans leur chambre. Elles ne nous regardent pas, elles n’ont d’yeux que pour leur petite caméra et leur écran. Un lien ténu mais solide qui les relie à leur communauté. À travers l’œil-caméra de Sean Dunne, on ne fait que passer, on regarde ce spectacle fascinant en essayant de ne pas trop les déranger. Si seulement elles daignaient jeter un regard vers nous, on toucherait sûrement le paradis du bout de la rétine.

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Seann a bien dû leur poser quelques questions, mais le montage nous laisse penser qu’elles parlent comme elles font leur show : seule, livrant un peu d’elle-même, des autres, avec sérieux ou émotion, divaguant parfois, sans jamais perdre des yeux la cam, le centre du film. Plus que derrière la caméra, on apprend ce qui se passe dans leur tête : un bouillonnement de créativité, une bonne dose de joie et de jouissance.

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Petit caméo de Vex Ashley

Elles inventent des mises en scènes, enfilent des costumes, rejouent des scènes de film comme Princess Hunny ou Veronica Chaos, mais à la sauce cam, avec du cul et des rires. Pourtant, elles ne jouent jamais un rôle, elles restent comme elles sont : des camgirls, pas des actrices. La cam est semblable à ce miroir devant lequel on invente des contes dont on devient le héros. Les camgirls sont celles qui ont décidé d’ouvrir ce miroir sur le monde, comme de jolies fées venues filer un coup de pouce à nos horizons gris. 

Elles apparaissent les unes après les autres sous nos yeux, puis se succèdent sans aucun ordre logique, du simple caméo au témoignage. Chacune aborde l’aspect qui lui tient le plus à cœur dans cette mise en scène de soi. Exercice libératoire, épanouissant du côté sexuel comme relationnel, ou expérience créative, tout le monde semble y trouver son compte.

Prenez Bell Reece qui, avant de faire de la cam, n’avait pas le temps de s’occuper de sa famille, ni de voir ses amis. Sean la filme en train de s’amuser avec son mari, son fils. Et lorsqu’ils ne sont plus là, le jeu continue, différemment, devant son ordinateur avec ses tippers. Deux terrains de jeu bien distincts sont alors réunis sous un même toit grâce au pouvoir de la cam. D’un côté, une vie réelle épanouie, de l’autre une existence virtuelle qui lui laisse assez de temps pour s’occuper de la première. Dans ces deux mondes, l’intime et le social se mélangent. C’est le cocktail savamment dosé par les camgirls.

Il y a aussi Rosie, avec son charme fou et son pragmatisme à toute épreuve, pour qui la cam demande une bonne dose d’assurance et de self-control. Pour que la cam reste un business, Rosie veut fidéliser ses fans et rester présente là où ses tippers l’attendent tout en gardant le contrôle strict de ses shows. Le doc Camgirlz appuie délibérément sur cet aspect des shows, histoire de réconcilier une fois pour toute sexualité, pouvoir et vouloir. Elles empruntent un chemin pavé de tokens qui peut mener à l’épanouissement personnel, sexuel, mais bien plus complexe qu’il n’y paraît.

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L’aspect social de la cam ne se limite pas au nombre de vues, le vrai challenge est de nouer une véritable relation sociale avec ses tippers — encore plus dans un modèle freemium comme celui de Chaturbate et MyFreeCams, où le visionnage n’est pas payant. Or de question de poser ses fesses sur un sofa à attendre que les tokens tombent du ciel.

Le respect établit ses quartiers dans les camshows. Dialogue visuel et didactique, les blagues, les compliments, les merci et les sourires sincères pleuvent à chaque minute et à chaque tips et ce des deux côtés de la cam.

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