Californie, capotes et tournages : l’histoire sans fin

Mercredi dernier, les militants de l’association AIDS Healthcare Foundation ont à nouveau défilé à Los Angeles devant les bureaux de Cal/OSHA (qui s’occupe de protéger et d’assurer la protection des travailleurs de Californie). Si les militants de l’AHF et leur leader Michael Weinstein ne lâchent rien depuis leur première pétition de 2009, c’est pour continuer leur combat et rendre une fois pour toute le port de la capote obligatoire sur les tournages pornos aux Etats-Unis.

On se souvient encore du raout provoqué par la proposition de loi AB 1576, qui avait passé haut la main l’épreuve du vote à l’Assemblée californienne, mais on se rappelle beaucoup moins qu’elle s’est ramassée devant le vote du Sénat et n’a donc pas été approuvée. En attendant une quelconque obligation ou non de la capote sur les tournages au triple X dans l’Etat de Californie et en dépit d’une batterie de tests tous les quinze jours pour les acteurs et actrices, le porn enchaîne les périodes moratoires, comme en octobre dernier. Rendre obligatoire le port de la capote sur les tournages serait pour l’AHF le meilleur moyen de réduire les risques de contamination. De son côté, la Free Speech Coalition, l’organisation qui représente l’industrie porno, a affirmé son soutien à Cal/OSHA car celle-ci tente d’inclure dans tout ce mic-mac la contribution des acteurs et producteurs. Pour autant, la FSC reste fermement campée sur ses positions : la capote ne doit pas être obligatoire et les systèmes de tests actuels ont pour la FSC déjà permis d’éviter la propagation du virus du VIH.

Les gars ne lâchent rien

Les gars ne lâchent rien

Derrière la FSC, les studios de production grognent et préfèrent prendre le large vers un autre État où les capotes ne sont pas obligatoires. Ils ne voient aucun intérêt économique à introduire la capote et donc aucune raison de changer leur position dans un milieu où l’argent est roi. Côté performeurs, les avis divergent. À ma gauche, Danny Wylde, James Deen, Jessica Drake ou le nouvel avocat de Kink, Eric Paul Leue, et toute la petite bande de la campagne No on B dénoncent un problème monté de toute pièce, une atteinte à la liberté et militent activement contre le petit bout de polyuréthane sur les tournages. À ma droite, Cameron Bay, Darren James, Rod Daily, Sofia Delago et Cameron Reid/Derek Chambers font partie des rares performeurs à se positionner du côté du pour, avec l’AHF comme caisse de résonance. Au beau milieu de tout ça, on trouve aussi Stoya qui défend le dialogue et les choix de chaque acteur et actrice comme solution au problème.

Ceci est peut-être le porn du futur

Ceci est peut-être le porn du futur

De l’autre côté de l’écran, on retrouve aussi le consommateur qui ne souhaite pas forcément voir des capotes dans ses films. Encore une fois, rien n’est simple. Le porno est-il un simple spectacle pour adulte ou a-t-il également vocation à faire de l’éducation et de la prévention ? Le moteur de l’excitation dans le porno étant bien souvent le réel, la frontière est parfois floue. Sans oublier, un paramètre fondamental : la capote obligatoire en tournage ne protégera jamais les acteurs d’une possible infection dans leur vie privée, hors caméra.

Malgré un avenir un peu flou, Michael Weinstein a décidé de faire bouger les choses, et du même coup d’essayer de faire pencher la balance de son côté. Monsieur AHF a annoncé vendredi dernier qu’il repartait en croisade pour un nouveau scrutin sur le port du préservatif sur les tournages en Californie ainsi que la formation d’un comité baptisé FAIR (For Adult Industry Responsability) qui guidera la collecte de signatures en vue du scrutin. Un timing sciemment choisi puisqu’il correspondrait à la prochaine élection présidentielle américaine qui aura lieu en novembre 2016, histoire de faire entrer la question de la capote sur les tournages dans un champ cette fois-ci, beaucoup plus politique.

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  • Ce que je trouve complètement paradoxal parfois, c’est que pendant une partie du film, il y a une capote. Et à la fin, au moment de l’éjac’ finale, la meuf (ou le gars d’ailleurs) s’en prend plein la bouche… Il n’y a pas un truc qui cloche un peu?
    Mais sinon par rapport à l’article, je pense quand même qu’ils ont raison de mener ce combat. Dans un certaine mesure, les conditions de tournage peuvent tendre à être améliorées. Même si en soit, je considère que le porno n’a pas de vertu pédagogiques à démontrer.

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