Porno et réalité virtuelle : des nouvelles du front

La vie est une urgence et face à l’immensité des possibles, la course effrénée au prochain plaisir, on n’attend pas. On fonce tête baissée vers le prochain vice, la nouvelle came. J’étais particulièrement excité quand l’Oculus Rift a débarqué avec ses promesses d’un porn immersif puis l’euphorie est retombée puisque le matériel n’étant qu’en phase de développement et le contenu rare, valait mieux garder ça dans un coin de son crâne qu’attendre dès le printemps le Père Noël. Puis Zuckerberg est également venu nous sécher avec un rachat à 2 milliards sorti de nulle part un soir de mars 2014. Facebook et le porn, ça semblait être un mariage difficile mais sans OS dans l’Oculus, difficile d’y interdire du contenu même avec un store dédié, contrairement aux Google Glass. On verra donc par la suite ce que nous réserve Facebook ainsi que ses concurrents. Il existe pourtant déjà du contenu porn, voici trois exemples, trois approches différentes du porn à travers la bête.

360adultvideo : la France qui fappe

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Trois personnes de chez 360adultvideo ont débarqué au bureau un matin avec une grosse mallette avec écrit dessus OCULUS. Ils avaient du porn à 360° à me montrer, je l’avais déjà vu mais juste avec ma souris devant l’ordi. Le résultat encore expérimental (car seulement en 2D et réalisé par des gens dont c’était la toute première prod porno) a l’honnêteté de proposer du contenu à 360° et d’avancer là où une partie de l’industrie cinématographique n’ira jamais (puisque le porn, ça salit les doigts et les réputations). Il est intéressant de questionner notre rapport à l’image dans un environnement vidéo où la tête peut se balader partout. Quel contenu produire ? Pour quel(s) usage(s) ? Quelles sont les attentes des spectateurs dans du porn à 360° ? On a discuté de ça pendant un moment, comment adapter le contenu aux attentes de nouveaux consommateurs et pas seulement tourner du porno qui s’adapte uniquement aux casques de réalité virtuelle.

Au climax de la discussion, on a mentionné un porn où on serait attaché par Maitresse Madeline avec du son binaural, pendant qu’elle nous teaserait et se déplacerait autour de nous. On a aussi parlé de rendre le concept de casting plus immersif, d’avoir un rapport seulement voyeur dans une scène dans laquelle on pourrait se déplacer. On a aussi évoqué les problèmes techniques liés au POV et la 3D, ainsi que d’autres paramètres qui sont à mon sens indispensables : comprendre les réelles attentes des fappeurs à travers les tags et oublier le concept réducteur de tag. Le porn comme expérience sensorielle est une voie qui pourrait complètement redéfinir la production porno. On attend la suite.

Panocam 3D : un prototype de caméra qui déçoit

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La suite de mes aventures m’emmène dans un ronronnant train de banlieue, direction le repère de Katagena, chroniqueur chez les excellents Enter The Rift, site dédié à l’Oculus et à la réalité virtuelle qu’on vous recommande chaudement. Fier possesseur d’un Oculus DK1, ce pélo a de la dope à faire tourner, du strip tourné à la Panocam3D. Une caméra qui filme en 3D à 360 ° et en 4K, dont le projet issu du crowdfunding vient tout juste d’être clôturé. Pour allécher le client et lui donner la bonne idée de donner les 4799 $ nécessaires pour l’acquisition de leur caméra, ils ont donc tourné du strip dans un salon avec deux filles, malheureusement pas super motivées. Le test complet par Kategena :

Le problème de la qualité de la dalle de l’Oculus mise à part, les filles ne font aucun effort pour jouer avec le spectateur, elles sont trop loin ce qui les rend bizarrement trop “maigres” ou grandes, enfin tout ça donne une sensation étrange qui n’est pas trop compatible avec celle de mon excitation. De plus, comme le souligne Katagena, il n’y a pas grand intérêt de filmer à 360° s’il ne se passe justement rien derrière soi. On a également regardé d’autres essais vidéos chez Panocam et visiblement tourner à seulement 30 frames par secondes (au lieu de 60 comme conseillé) est une grosse erreur. La moindre secousse fait sauter l’image et notre cerveau avec. Les mouvements trop rapides donnent l’impression qu’on zappe une image sur deux, c’est perturbant et au final bien décevant. La 3D n’est pas non plus très convaincante, mais c’est peut-être dû au défaut de vouloir justement rendre les scènes trop réalistes : on oublie de sublimer l’image, qui est un axe très important dans le porn, qui s’appuie certes sur la réalité pour nous exciter mais auquel on demande d’être au final bien plus que la réalité, sinon on se ferait chier.

Si Panocam voulait convaincre l’industrie du porn d’investir dans sa cam, c’était donc pas la bonne méthode de filmer un strip-tease qui même en 2D classique n’aurait rien donné. S’appuyer sur du contenu adulte pour sa com est un coup classique, encore faut-il le traiter avec un minimum d’intérêt et ne pas bâcler le résultat en se disant : des filles sont à poil, le spectateur suivra. C’est assez mal juger le public porno, qui devenu exigeant avec le temps et l’offre gratuite illimité ; il ne se contente plus de trois poils et d’une paire de seins.

Oculus Real Porn : sur la bonne voie

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Mais ma véritable venue était surtout motivée par le test des dernières sorties de la société Oculus Real Porn. Au début, j’étais vraiment mitigé quand j’ai vu débarquer ce nouveau studio qui proposait du contenu à 120° en 2D adaptable pour l’Oculus, ça sentait à plein nez l’opportunisme. Sauf qu’ils viennent de passer une nouvelle étape importante en proposant cette fois-ci du contenu à 180° et en 3D (soit l’équivalant d’une demi-sphère exploitable à un point p, fixe dans le cas présent, si vous êtes bon en géométrie dans l’espace). Leur procédé tenu secret se base sur la GoPro en l’améliorant (un socle 3D est disponible depuis 2011 mais le champ de vision ne permet par d’atteindre 180°), c’est du moins la mystérieuse réponse qu’ils m’ont envoyé. Le test de Katagena vous montre un peu l’étendue des possibilités :

Casque vissé sur la tête, abstraction de la qualité de la dalle merdique devant mes yeux, j’essaye à mon tour ce POV. Immédiatement le contraste est saisissant avec celui proposé par la Panocam 3D. Oculus Real Porn cherche à faire bander le spectateur et connaît son sujet : la fille joue avec nous, elle avance, elle chauffe, elle repart, elle se fait femme géante déformée par la focale, se déforme gentiment en s’approchant. Toutes les erreurs du strip avec la Panocam sont effacées en s’approchant plus près de la caméra, là où cette déformation était un problème dans les essais en 3D courant 2010 avec l’arrivée des premières caméras 3D “grand public”, qui foutaient le mal de mer sur un écran plat, elle ne semble plus trop être un souci dans le Rift. Au contraire, et c’est bien là tout l’enjeu et l’intérêt du porn 3D immersif. On est immergé dans l’image, rien autour de nous ne vient nous perturber, on peut donc se laisser envahir par un monde surréaliste. Le réel excite mais reste plat contrairement à un réel amplifié : exagération des formes, très gros plans, fantasmes. C’est d’ailleurs ce qu’a apporté le gonzo, l’absence de scénario n’est pas qu’une question de moyens, c’est également la liberté de pouvoir pointer au mieux l’excitation.

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John Stagliano a inventé ce genre en passant du porn classique au reportage, en pétant les codes du cinéma, en pratiquant ce qu’on ne faisait pas avant : filmer sous des culs en gros plan pour exagérer, amplifier son obsession pour les boules. Quand les caméras HD TriCCD sont apparues, le réseau Asstraffic (aussi appelé Perfect Gonzo) vendait de la pure dope pour les amateurs de bon boules déformés par le grand angle. Encore plus proche de nous, l’amélioration de la technologie a permis au studio In The Crack de se faire une belle place au soleil, se contentant de filmer des filles de très près, littéralement “au coeur de la raie”. En se foutant au final pas mal de savoir si c’était humainement possible d’être aussi près tout en étant aussi net, In The Crack parle aux fappeurs et aux voyeurs, en leur proposant un porn qui n’est qu’un délicieux support masturbatoire, un délice contemplatif.

Demain, c’est (plus très) loin

Nous ne sommes qu’au tout début d’une nouvelle ère, où le porn va devoir apprendre à se réécrire, à envisager une nouvelle approche, à devenir une expérience sensorielle. Pour le moment, on ne peut qu’imaginer ce dont le futur sera fait, le problème majeur résidant dans la qualité de l’écran de l’Oculus (et des autres produits) qui n’est absolument pas compatible avec un plaisir visuel. On espère que l’argent injecté par Zuckerberg et l’excitation d’une partie de l’industrie aideront à faire progresser rapidement la technologie. Il est également trop tôt pour savoir si un réel nouveau marché va émerger pour les studios porno, mais une chose semble certaine, en passant de la projection à l’immersion, la 3D pourrait enfin trouver une application réelle pour nous, les fappeurs.

N’hésitez pas à soutenir Enter The Rift et Katagena, ils méritent vos pouces.

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