Horsjeu : « Pierre Woodman, c’est un peu le Damien Le Tallec du cinéma français »

Horsjeu.net, c’est le rade du coin pour tout footeux qui se respecte, suffisamment pertinent pour changer du comptoir mais suffisamment sale, aussi, pour qu’on s’y sente comme-à-la-maison. On s’y retrouve entre football-fetish pour polémiquer sans strass ni paillettes : l’ambiance est au godet et aux matchs de Ligue 2, loin des fanfreluches d’un Téléfoot dominical. Surtout, Horsjeu est une grande famille, une cousinade qui virerait en partouze pour fêter les buts du Stade lavallois. C’est justement pour ça qu’on l’aime, et qu’on a souhaité interroger les trois Gros Membres fondateurs. Avec amour, humour et stade anal : un autre football est possible, et il respire le ter-ter turgescent.

Salut les Gros Membres ! Dites-nous : qui êtes-vous ?
N°1 : Gros membre n°1, du comité. Horsjeu, site de foot alternatif  qui héberge notre revue des médias foot. Ma bière préférée est une Triple Karmeliet errante. J’aime le football, le narcissisme, PES 2013, les courants d’air révolutionnaires, ma bite et Didier Super.

N°2 : Gros membre n°2, bien que je sois le plus jeune. N°2 c’est parce que je mélange 2 genres, homme, femme. En avance sur mon temps. Je suis plutôt musiques lourdes et agressives, jeux vidéos et humour noir. Le parfait coupable de la prochaine tuerie aux USA. Horsjeu, c’est ma cour de récré autant que mon exutoire face à la médiocrité du monde. Je suis misanthrope, mais pas trop.

N°3 : Gros membre n° 3, du comité. J’aime beaucoup les canards, les super et anti-héros (je me méfie énormément des héros ordinaires) mais aussi les chiens et les promenades à la campagne avec mon baladeur K7. Je suis le plus intelligent des trois. Du coup, c’est moi qui en fais le moins sur horsjeu. Et ça m’a permis de découvrir Marie Portolano, qui est très charmante.

N°1 : Une précision nous sommes demi-frères de gang-bang. nos pères sont « différents » mais pas noirs ou homos, n°2 a juste une sexualité ambivalente pas encore clairement définie.

N°2 : L’esprit ouvert. Et pas que.

Vous défendez une vision alternative du football. Comment la définiriez vous?
N°1 : Fais pas chier avec des questions pièges.

N°3 : Avant de définir la vision alternative du football, il faudrait définir la première vision, non ? La starisation des joueurs, entraîneurs, journalistes ; l’absence de représentation du supporter qui ne devrait être que consommateur et client ; la multiplication des Captain Konstadt dans les médias; l’absence de réflexion sur le long… moyen terme. Ce sont des points qu’on ne trouve pas dans la vision alternative. Sinon, on ose observer les médias, s’interroger, et révéler les incohérences. C’est le but du comité, mais c’est une pratique qu’on retrouve un peu partout dans l’alterfoot.

N°1 : Sa définition est évolutive et organique. Voilà, on va dire ça.

N°2 : Les frangins ont lu plus de bouquins que moi et expliqué tout ça bien. Je ne vois pas trop quoi ajouter, si ce n’est qu’on défend aussi une liberté de ton, une liberté « stylistique ». On vomit le formatage, la langue de bois, le consensus (autant que les fausses polémiques balancées le dimanche à 20 h, mais chut, pas de nom)

Gros Membres Horsjeu

Mais est-ce qu’un autre football est vraiment possible ?
N°1 : Quand est ce qu’on parle anus et prolapse ? Un autre football est forcément possible. Reste à savoir s’il ne sera pas encore pire. On pense que le traitement médiatique réservé à un sport le fait évoluer. Et Heureusement qu’on a Pascal Praud, Pierre Woodman et Bernard Morlino en France.

N°2 : Pierre Woodman, c’est un peu le Damien Le Tallec du cinéma français. Il a bien compris qu’avec son niveau, fallait plutôt qu’il s’exile à l’Est. L’autre football est possible. Il y en a plein de footballs. Quand tu vois le Ballon d’Eau Fraîche chez les Cahiers du Foot, tu comprends qu’il reste de l’humain dans ce sport. Le traitement médiatique dominant t’apprend bien peu si ce n’est le salaire de Neymar, ou le nom du mec qui va entraîner le PSG pendant 15 minutes… ou le connard d’arbitre qui sur 75 décisions s’est trompé une fois et a bouleversé le championnat sur 10 journées. Il existe plein de foots, mais on te force à n’en retenir qu’un.

N°3 : Ben oui, bien sûr que c’est possible. Ce qui n’est pas possible par exemple, c’est de manger par le cul et réussir à faire caca par la bouche, bien que South Park ait essayé de nous faire croire le contraire. Mais un autre football est tout à fait possible. On a tous commencé à découvrir le foot dans une cour de récré, avec des goals volants qui se servaient de leurs mains en dehors de leur surface de réparation. Dès notre plus jeune âge donc, nous découvrons qu’un autre football est possible.

Comment vous percevez le panorama médiatique du foot contemporain ?
N°1 : ANUS ANUS ANUS. Parler de complot organisé serait prêter des traits intelligents à des gens qui n’en ont pas pour la plupart et se contentent de reproduire les pires mécanismes médias, en réalisant l’exploit de s’adapter de surcroît au narcissisme exacerbé de l’époque. Attends, je respire et pète un coup… On arrive quand même à avoir de l’empathie pour les journalistes. Ils sont sympas pour la plupart, même Difool de RMC est sympa hors antenne.

N°3 : Bien sûr, je n’inclue pas Marie Portolano dans cette catégorie dominante de journalistes. Mais pour le reste, n°1 dit vrai. On sera tous d’accord pour dire que Téléfoot, l’Equipe du Dimanche, France football, les multiplex à la radio… c’était mieux avant. Il y a eu une tentative d’adaptation à la post-modernité totalement ratée. La révolution internet est constatée par les médias, mais elle n’est pas comprise. Au final, ils se contentent de faire ce que la télé propose sur d’autres sujets.

N°2 : Je me demande si le web n’a pas aggravé la chose. Je veux pas passer pour un vieux con, je dis pas qu’internet a tué la presse ou ce genre d’absurdités – et puis vu notre situation, ce serait un retournement de veste menèsien. Mais quand tu vois ce qui pète tout niveau audience c’est à désespérer : des sites par dizaines qui se ressemblent, qui enchaînent les « truculentes » révélations dans des articles sans info, qui te font du bukkake de pop-up (ouais j’ai envie de parler de cul là, ça vient). Face à ces saloperies, cette culture de l’instant et du « cliquez salopes », les gros médias se sont aussi mis au niveau. C’est insupportable. Je dis ça parce que j’ai envie de me faire caresser ; faire le comité [de vigilance médiatique] chaque jour, c’est dur quand tu dois lire autant de saloperies. Au passage, je recommande un bel article foufou de nos confrères de 90minutes.fr qui décrypte les titres d’un des sites que l’on incrimine.

Vous y croyez, à la « culture foot » que prône SoFoot ?
N°1 : Ce serait pas mal qu’ils arrivent d’abord à la définir avant tout, dans So Film ou Doolittle par exemple. Le débat de la culture foot en France est un débat que je trouve inintéressant.

N°2 : Je lis peu le site, mais assidûment le magazine, même si n°1 me fait les gros yeux. J’aime le mensuel, son ton, les sujets abordés mais je n’ai pas l’impression justement que l’entité SoFoot ait sa propre culture. Pour moi, il aurait plutôt tendance – et je sais que les deux autres vont me taper– à être une ramification de l’Alter Foot. Le fils qui a réussi, fait l’ESSEC, avec malheureusement ce que cela entraîne comme inconvénients.

N°3 : Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver. Même si je trouve que ce n’est pas du tout le meilleur album des Beatles, contrairement à ce que les Inrocks disent.

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Votre philosophie de vie, c’est « à la limite du footballistiquement correct ». Vous êtes des amateurs de #barely legal ?
N°1 : Je suis Old School. J’ai la nostalgie du milieu des années 90s, quand la sodomie était le monchéri sur le gâteau d’un film, et qu’on devait se taper les dialogues sans avance rapide possible. J’aimerais beaucoup rencontrer le traducteur de la Chatte 1 et 2, il avait un côté Audiard.

N°3 : Fabien Audard ? Sans doute. Personnellement, je ne le suis pas trop non plus. J’aime l’Old School aussi, mais je garde un souvenir ému de ces téléchargements sur Kazaa puis sur Emule qui m’ont permis de découvrir toutes ces pratiques étranges. Aujourd’hui, c’est plus facile et il m’arrive encore de contempler des trucs de plus en plus dégueulasses. Je suis pas spécialement amateur de #barely legal mais je peux tomber dessus. Comme je peux tomber sur du tentaculaire-scato ou du #footjob avec espadrilles.

N°2 : Le #barely, c’est pas forcément mon crédo non plus. Enfin pas plus qu’un autre. Je pensais que tu nous parlerais plus #anal. Enfin tout ça pour dire que mon choix de tags c’est surtout une question d’humeur. J’ai un état d’esprit assez ouvert, avec le mélange des genres, tout ça. Pour le moment d’excitation que provoque le 1vs1 au foot, j’aurais tendance à vouloir le reproduire dans le porn avec une bonne scène en #POV, option #asian #squirt. Oui, c’est un appel à l’aide envers des spéléologues de l’internet. Spéléo hein, pas gynéco.

La rivalité entre #teens et #milf se retrouve aussi dans le foot. Vous êtes plutôt jeunes pépites prometteuses, ou vieux briscards des terrains ?
N°1 : Plutôt Rocco Zanetti Siffredi.

N°3 : Une petite préférence pour Roberto Malone Carlos. Ou Brett Laure Sainclair.

N°2 : Pourquoi se forcer à choisir entre Riley Reid et Veronica Avluv ? Je refuse. Ryan Giggs, c’est quelque chose de magique. Mais d’un autre côté je ne suis pas insensible à ce qu’ont pu montrer cette année des Marco Verratti, des Mario Götze.

La mode est aux WAGS, les michtonneuses de footballeurs. Est-ce qu’être chez Horsjeu, ça aide à choper ?
N°1 : Non.

N°3 : Même avec ton dealer, ça t’aide pas à pécho.

N°2 : A part une belle gueule de bois, non.

En tant que footeux fragiles, vous avez forcément déjà fantasmé sur certains joueurs, non ?
N°1 : J’ai pas vraiment eu de fantasmes homos, ni hétéros, je rêve de ne pas mourir vierge. Mais si j’avais été en prison de footeux, j’aurais tenté de me faire Zanetti ou Bergkamp (avec consentement mutuel et j’aurais été actif, j’ai une condition médicale qui m’empêche la passivité).

N°3 : Ouais mais non. Je suis désolé, j’aimerais faire semblant et dire que j’ai de l’attirance pour les tatouages de David Beckham, le pouce de Totti, ou les cojones de Puyol. Mais non. Je suis déviant et n’ai aucune attirance pour les footeux de sexe masculin, et pas beaucoup non plus pour ceux de sexe féminin comme Rémy Cabella. Par contre, une mascotte… Quand je vois Gunnersaurus par exemple…

N° 2 : Evidemment, je suis le plus open. On en revient à Giggs… Je n’ai jamais tenté ma chance, le pensant aussi parfait sur un terrain que dans sa vie conjugale… Mais c’était avant Imogen. Depuis, je lui envoie régulièrement du courrier. A Giggs, pas Imogen. Quoique les deux en même temps…

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Par analogie au « football vrai », ce serait quoi le « porno vrai » ?
N°1 : « L’école de Laetitia », quand Laetita ne peut pas s’empêcher d’intervenir et d’aller se faire léchouiller par la petite asiat’ non-francophone débarquée là d’on ne sait d’où, et qui s’interrogeait quelques secondes auparavant devant l’énorme vis de son partenaire d’un jour : « Est ce que ça va rentrer ? »

N°2 : Kink.com. Le porno vrai, comme le football vrai a le droit d’être soigné et chic, autant que crû et sale. Et finalement, le porno vrai, c’est sans doute aller au fond des choses et de ses fantasmes.

N°3 : « Les Putes de l’Autoroute ». C’est quasiment un documentaire, ce film.

N° 2 : Ah et puis « Croupe du Monde » fait un parfait alliage de foot et porno vrai. C’est la plus belle dénonciation du foot-business, des accointances média / clubs.

Pour conclure sur une « bise anale » : le #prolapse, oui ou non ?
N°1 : Oui, il nous renvoie l’image de ce que nous sommes en train de faire à notre monde et y’a des cons pour se branler dessus.

N°2 : J’ai peu de tabous, mais le prolapse non. La bise anale c’est délicat, c’est un prélude de Rachmaninov, c’est la meilleure des introductions, ou la plus belle des conclusions.

n°3 : Plutôt neutre, bien que farouchement contre avant les heures de repas.

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