Sexy, anonyme et prétentieux, Black Spark a disparu

Après avoir réalisé une vingtaine de vidéos où on le voyait faire du sexe et inventer des danses avec des garçons sur de la folk, Black Spark est aujourd’hui porté disparu. A la fin du printemps, il s’est débranché de tous les réseaux, alors que les internautes les plus acharnés semblaient avoir fini par découvrir son identité.

Il est né à la fin de l’année 2010. Sur Xtube d’abord et très vite sur Tumblr, Black Spark a envahi le réseau avec des vidéos arty qui obéissaient toutes au même programme : du flou, du fluo, de la bite (un peu), du cul (pas mal), des poses (beaucoup), un masque ou un bandana cachant son visage.
Le tout sur de la musique indie, souvent de l’électro-folk un brin obscur, ce qui nous obligeait à dégainer Shazam à même vitesse que notre kleenex1.

On avait rarement vu ça. Pour une fois, un type sortait du sacro-saint schéma caresses-pipe-bouffage de cul-sodo. Des scènes de sexe, on ne voyait quasiment rien, ou alors dans des images fugaces. La caméra insistait au contraire sur les visages, le décor ou les pieds. Et c’était bien.

Des vidéos de cul tournées comme des teasers

Uniquement des plans suggestifs, une durée qui n’excédait jamais les trois ou quatre minutes, des slogans intriguant : en fait, Black Spark utilisait l’esthétique du teaser. Ce qu’il y avait de beau, c’est que ses bandes-annonces un peu folles n’existaient que pour elles-mêmes : il n’avait même pas de version longue à vendre.

Alors bien sûr, Black Spark c’est aussi cette façon de nous regarder pendant qu’il se fait prendre, l’air tellement sérieux, ou de faire le mélancolique en marchant sous la pluie dans la rue, la nuit, ou encore de filmer un jeune type à lunettes danser ET lire un livre intello en même temps. Ses vidéos, à force de pousser le bouchon arty un peu loin, frôlaient parfois la prétention, la branlette dans la branlette, yo dawg !

En tout cas, ses petits films ont cartonné. L’un des premiers, et sans jamais montrer son visage, Black Spark a su mettre dans sa poche la génération Tumblr (enfin, les nerds pédés surtout, hein). Il a été surnommé le “Banksy du porno gay”. Sur Facebook, des fans en transe lui jetaient des messages d’adoration :

“I’m writing my university essay on your wonderful work. Seriously, this should be up at the MoMA.”
“You are like a superhero to the gay community.”

L’anonymat du “superhero” ne pouvait pas tenir longtemps. Des internautes ont fouillé les recoins du web pour enlever le masque de Black Spark.

Derrière le masque, un lutteur

C’est le blog BoyCulture, en janvier 2011, qui lève le voile le premier, reconnaissant dans le jeune homme au bandana bleu un certain Josh Stark, qui avait œuvré pour le site CollegeDudes.com et qui viendrait, selon ce site, du Minnesota.

En juin dernier, un Tumblr va encore plus loin : Just Another Spark retrouve le type, le vrai, avant qu’il ne se mette au porno. Ce blog tenu par quelqu’un qui se présente comme un “fan” de Black Spark révèle son vrai nom et retrouve même une vidéo du temps où, étudiant, il participait à des compétitions de lutte. Ce qui confirme en passant tout ce qu’on pressentait de très pédé dans ce sport olympique.
On découvre en Josh Stark un blondinet au joli sourire, certes, mais pas aussi sexy que dans ses mises en scènes arty, la fameuse embrouille du Myspace angle.

Dès les premières révélations, Black Spark s’est défendu. Sans pouvoir remettre en cause l’évidence, le Facebook officiel a admis que c’était bien Josh Stark qui se cachait derrière le bandana. Mais il a lancé l’hypothèse que le jeune homme n’était qu’un acteur, et non le réalisateur des vidéos.
Jusque là, le personnage était pourtant présenté comme étant l’un et l’autre… Difficile de ne pas y voir une tentative de brouiller les pistes alors que l’anonymat du projet était mis à mal.

Le Tumblr vidé

Hasard ou pas, c’est en tout cas dans la même période que le Tumblr révélateur a été créé et que celui de Black Spark a été vidé de tout son contenu, n’affichant plus qu’un gif mystérieux en fond d’écran. Idem sur Facebook, où la dernière activité du “studio” Black Spark Films date de mai. Les comptes sur les autres réseaux (Google +, XTube, etc.) ne sont pas davantage à jour.
Aucune explication n’est venue commenter cette disparition, alors que les derniers messages Tumblr (aujourd’hui effacés) faisaient toujours part d’une actualité à venir.

Une des dernières photos postées par Black Spark

Alors, que s’est-il passé ? Rien n’a filtré et ma demande d’interview est restée sans réponse.
Cet été, et uniquement via le Facebook d’un certain Scott Anderson, de nouvelles séquences très voisines ont été postées. Elles répondent à peu près à la même esthétique. Mais sans le jeune homme aux yeux bleus ni les torrents de reblogs sur Tumblr. Pour voir les vidéos, le Scott en question demande un versement Paypal sur son mail.
S’il s’agit bien du même, le “Banksy du porno” semble donc continuer ses activités. Mais le projet Black Spark est enterré, laissant orphelins ses admirateurs qui implorent son improbable retour sur les réseaux.

La disparition du personnage, au moment même où était étalée la personnalité IRL de la pornstar, correspond à un usage depuis longtemps éprouvé dans l’érotisme de séduction : le charme est rompu quand on s’approche de trop près. Mais elle obéit aussi à une règle absolue : il n’y a pas de pire humiliation pour un superhéros que de se voir enlever son masque. Ce qui confirme au moins que Black Spark était l’un des leurs.

(1). Un fan a fabriqué une playlist Youtube des morceaux utilisés par Black Spark.

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