Ouais, papy (et mamie) peuvent encore envoyer le pâté

Dans un monde violemment aseptisé où Ryan Gosling (31 ans) peut facilement être considéré comme un #dilf périmé, dur d’assumer son penchant pour une tranquille branlette gay sur des mecs d’un certain âge, sans avoir le sentiment d’être réellement un gérontophile sans goût ni dignité — cramé jusqu’à l’os. Il faut fouiller, et je dois avouer que c’est foutrement intéressant, certains soirs. D’autres moins, la recherche adéquate nécessitant pas mal de persévérance : la dichotomie entre amateurs et professionnels, et ce qu’elle implique, laisse à désirer. Toujours les mêmes nanas et des papys grillés sur megaporn, youporn ou xtube. Peu de choix, donc, sur les sites purement homos (gaytube, gaynet.tv). Et si tu ne veux pas bêtement te finir sur les images fixes de hungdaddytumblr (aussi sidérant soit leur pouvoir de fascination),

ou que tu veux éviter qu’un bataillon de minettes ne gâchent ton plaisir de pédé lambda en exhibant leurs chattes à trois centimètres de ton écran, tu te résous à taper le tag #maturecouple dans n’importe quel tube de vidéos X, au cas où le gars soit baisable, voire plus si affinités. Parce que les hétéros ou assimilés, on écrira ce qu’on veut sur leur beauferie mâtinée de bedaine à bières, mais ça comble souvent son homme.

Malheureusement, soit les machins sont dégueulasses, filmés par des couples crados avec la bite et le couteau, en caméra sur pied ou dans la paluche du protagoniste, de près, de loin, avec des corps délavés d’échangistes en chaussettes, c’est le Titanic, envie de vomir ; soit montrent un surréalisme de pacotille, dans lequel les filles les plus jeunes possible se tapent les grands-pères les plus affreux par un processus de répulsion stupide, qui doit probablement exciter trois fonctionnaires myopes. A quelques exceptions près (à savoir, quelques couples de nudistes bien foutus, et de rares vieux beaux mecs dans des vidéos dont le climax ne consiste pas à  dégoûter les demoiselles présentes à l’écran), c’est la cata pour les fans de #oldmen.

Bref, comme souvent, il reste la manne xhamster, dont le catalogue regorge régulièrement de pépites sorties de nulle part. Ou plutôt d’Allemagne, ou d’Angleterre, patries de très bon goût quand il s’agit de faire passer les perversions les plus inavouables pour d’innocentes parties de campagne. Ils sont très forts. Et après tout, ce n’est que du cul, non ? Alors, le jour où tu tombes sur ça, sans trop savoir, en passant, quelle langue y est parlée (une question posée par ailleurs par un commentateur),

tu sens que ça ne va pas te lâcher l’esprit durant un sacré moment. Premièrement, il y a ce filmage d’une douceur ténue. Les deux premières minutes, c’est tellement beau que c’est la débandade, les pop-corns quasiment collés sur la queue. Divertissement intempestif vu la situation. Tiens, un joli flou artistique que n’aurait pas renié William Friedkin, une mise au point bien éclairée dans une chambre cosy, pas sordide pour un sou, middle-class, Sofia Coppola style, évanescent, et sur le coup tu te demandes même si tu verras l’ombre d’un zgeg. Les couleurs sont chaudes, gros plans sur des mains poilues faites pour l’amour davantage que pour la baise, tâches de rousseur, de vieillesse, en retenue, bronzage naturel ; et oui les personnages, élégants, y sont pour beaucoup, mais putain, à la manière de I want your love, une larme à l’oeil point, éjaculation faciale, au figuré. C’est beau, très beau, trop beau. Merde. Le commencement sans scènes explicites, d’une scène de film mainstream, pour le cinéma hollywoodien, ou, à la limite, Bergmanien, l’intello surgit là où l’orgasme n’a plus sa place. Il est vrai que les personnages ressemblent légèrement à ceux de son dernier film, Saraband, en plus sexy.

Emotion, au beau milieu des milfs chaudasses, cheveu sur la soupe, « pas un cheveu sur la langue, juste un poil de con », comme diraient nos amis de La Caution.

Mais vite, tout cela bascule dans du vrai sexe pour adultes 18+ ; et là, c’est Fukushima dans ton slip. Tu y crois à peine. Tout semblait si romantique, et ton cortex n’est pas habitué, branché en mode bestial et culture porn, à voir s’étaler une telle liberté de ton. Parce qu’il faut bien avouer que des deux côtés du spectre cinématographique en 24 images/seconde, on ne fait pas trop d’effort. 1 – pour figurer le sexe dans le cinéma traditionnel, 2 – pour simuler la vie dans le cinéma porno. Bienvenue dans un monde parfait !

Le fait est que même la susdite #milf concernée par les ébats, celle qui, a priori n’est pas vraiment ta tasse de thé, est d’une rare présence — sorte de Julianne Moore qui aurait bien vieilli (comme la vraie Julianne Moore, finalement, non ?) : seins laiteux en ultra-haute conservation, joli sourire aimable et vraie sensualité de maman/mamie sexy et aimante. Cool, c’est déjà ça de pris. Et ça chauffe gravement. Ça me rappelle ce genre de soirées de trentenaires soi-disant décomplexés où il y a forcément une nana qui va t’avouer que pour elle, ses parents ne peuvent pas baiser, « ils sont asexués tu vois, oh non mon Dieu, pas eux ». Ben si, eux, justement, ils s’aiment peut-être encore et ta mère suce de la bite essentielle quand toi tu mates Desperate Housewives, grosse conne réac’, et c’est ça qui est beau, t’as rien compris (c’est l’alcool fort qui réveille cette petite violence latente en toi, pardonne-la)…

Troisièmement, et c’est exactement ce que tu souhaitais avec ardeur, il y a LUI, qui apparaissait sur la vignette avant que tu ne cliques : oh my God ! Un coup de langue sur sa belle, une barbe blanche bien taillée, des cheveux et des dents immaculés, du plein écran indispensable (et avoue que c’est rarement le cas quand tu veux jouir à l’arrache), et tu oublies tous les simili #daddies qui ont hanté tes nuits de fapping extrême. Un commentateur avisé, sur un site de cul quelconque (older4me je crois), se demandait récemment ce qu’il pouvait y avoir de plus beau qu’une barbe grisonnante, et tu trouves cette remarque d’une perspicacité idéale quand ton machin gonfle direct sous ta main, quand bien même tu sais que c’est un peu indécent, face à tant de poésie, ok. Mais c’est plus fort que toi, tonsure blanche donc, visage de Zeus, antique et moderne, viril et smooth ; ça rigole, ça s’embrasse franchement, chemise et chemisier ouverts, pantalons, le lit est confortable, et tu as accès au corps bronzé, bien conservé, et à la bite du Monsieur en quelques nano-minutes (concept), dans une délicatesse incroyable, beau sexe dressé, pas un taureau mais la perfection faite homme, la quinzaine de centimètres parfaitement proportionnée, gland plus léger. Tandis que le réalisateur tourne autour avec respect. C’est du grand luxe.

Comment savoir s’ils sont amateurs, ils ont vraiment l’air de s’apprécier, bon sang ! Que se passe-t-il ? Qui a filmé ça ? Je veux savoir… Impossible. Et tu sais juste que le mec qui l’a posté se fait appeler xmause, « I am 32 years old, graduated acting in the University of Dramatic Arts in Belgrade (2001) I’m currently at the post doctorate studies from acting at the Saint Petersburg State Theatre Arts Academy in Russia, a permanent member of the Belgrade Drama Theatre, live for acting and theatre, in my spare time I like to read (especially Russian classical literature), write and directing short movies, travel, paragliding. ». Soudainement, tout fait sens, un esthète serbe qui uploade avec parcimonie… Joie.

Puisque l’heure est aux digressions, on se rappelle le festival de Cannes, en 2008, la présentation de ce film teuton, Wolke 9 (7ème ciel, en version française), qui relatait les émois amoureux d’une septuagénaire qui trompait son mari avec un autre homme aussi vieux que lui. Joli objet, touchant, plus théorique que véritablement sexuel, mais qui avait le mérite d’aborder « sans fard la sexualité des personnes âgées », auraient dit les critiques du Figaro, Paris Match, Télé 7 Jours, ou Psychologie Magazine, on s’en branle, tu vois le genre. Grande marotte de trentenaires, soit aigris, soit à la solde d’un jeunisme malvenu, et qui ne doivent pas avoir le courage d’imaginer que leurs parents et grand-parents ont une libido plus intéressante que la leur, de fait.

Ce film allemand, mouais, beau propos, mais pas un plan frontal ou de vrai sexe, juste une semi-bite et un semi-vagin flaccides et fripées, deux belles scènes aquatiques (un bain, une baignade), et les types étaient vraiment à l’article de la mort. Tout dead. Trop maigres, trop gros. Trop vieux, dans l’acceptation la plus répandue selon laquelle ils doivent forcément avoir des seins à la place des pectoraux, et une peau en papier crépon. Or, cette vue manque cruellement de respect, quand on sait à quoi ressemble un type d’une soixantaine d’années qui fait un minimum attention à son corps, de nos jours, en Occident. Ce qui est manifestement le cas ici, mais sans ostentation, pas de musculation intempestive, juste une belle et remarquable absence de bedaine, quelques muscles en parfait état de marche, un cul rebondi, des poils parfaitement disséminés sur le torse, les bras et les jambes. Un athlète du quotidien, ton oncle, ton fantasme…

Rien de plus, et c’est déjà beaucoup.

Un rêve, qui parvient même à éviter toute forme de vulgarité quand le Monsieur barbu sort de sa besace un double gode violet pour pénétrer Madame avec délicatesse. Alors que t’as déjà du sperme plein les doigts, la vidéo dure encore de longues minutes, de quoi alimenter quelque temps tes envies de #senior. Mais la question se pose alors en ces termes : comment trouver plus bandant ? La recherche du prochain tag parfait, en somme.

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