La 3D du blaireau

Ça n’arrête pas, depuis 1 semaine. « Dis, dis, t’es allé voir le film de cul en 3D ? Pervers comme t’es, j’en suis sûr ». Evidemment je l’ai vu. Il faudrait arrêter de se toucher la nouille à ce propos.

La presse en fait ses choux gras. « Le porno 3D fait un tabac en Asie ». Pour rectifier, 10 lignes plus bas : non, il ne s’agit pas réellement d’un porno, mais peu importe, le hameçonnage du lecteur s’accommode aisément de la putasserie. La presse « généraliste », donc, s’émoustille comme un élève de 6ème devant son premier Hot Vidéo (c’était comme ça, à mon époque). On va pouvoir parler d’un film de cul à notre lectorat centre-gauche tendance cathos modérés, ça va envoyer du lourd. On a le droit, on parle de la forme, pas du fond. C’est du porno, tout le monde s’en branle du fond. Allez, on va faire un encart pour dire qu’on a bossé un peu ; on n’a pas vu le film, mais on va dire que c’est du softcore, ça sonne bien, oui, c’est pas loin de hardcore, ils n’ont pas le même maillot mais ils ont la même passion.

« 3D sex & zen : extreme ecstasy » est donc présenté comme le messie : il doit sauver l’industrie du porno. On les comprend, ces gentils rubricards au bout rouge. Le cul en relief, ça parle à tout le monde, ça DOIT marcher. Le concept vient titiller leurs tréfonds voyeuristes ; l’écran est aboli, du cul comme si on y était, « au pied du lit », comme quand on espionnait papa et maman. Pourquoi pas, à condition que le film soit à la hauteur de telles attentes.

Rétablissons donc la vérité.

Pas la peine de s’attarder sur l’histoire, personne n’est là pour ça : l’apprentissage sexuel d’un jeune premier, qui passe du stade d’éjaculateur précoce micro-monté à celui d’étalon, dans tous les sens du terme. Le tout se terminant en séances de torture à orientation castratrice.

Comme prévu, pas de porn, même pas de « soft porn ». Pas de toison pubienne, rien. Si tu en veux pour tes bourses, reste chez toi. Le potentiel de la 3D est assez peu exploité, et jamais pour les scènes de cul. Pour le film censé révolutionner l’industrie du porno, on repassera. Ce truc est un putain de scam, ça ne fait aucun doute. Mais on finit par lui trouver un intérêt inattendu.

Pas de porn, certes, mais un énorme nanar tout de même, empruntant ses codes aux plus grands. Imagine : des scènes de combat au ralenti à la Zack Snyder, l’humour bitesque des Farrelly, l’esthétique érotico-gore de Robbe-Grillet (si toi aussi tu as vu Gradiva, tu me comprends). Le budget étant visiblement passé dans la 3D, le tout se passe dans des décors en carton-pâte dignes des bases secrètes des premiers 007.

The elder of the ultimate bliss : eye for an eye, your biffle is mine

Comme dans tout nanar qui se respecte, on retient quelques scènes, de celles qui nous laissent les yeux écarquillés, la bouche ouverte par un what the fuuuuu qui n’en finit pas. Notre héros, peinant à piner plus de 5 secondes, vient chercher conseil auprès d’une créature portant le titre honorifique de « Elder of the ultimate bliss », hermaphrodite aux courbes féminines mais aux attributs masculins. Afin de faire la démonstration de ses 50% de virilité, notre ami(e) déroule alors ce qui ressemble à un pénis de 3m environ et s’en sert pour faire voler divers éléments du décor, dont une grosse roue de charrette dont je ne sais toujours pas ce qu’elle foutait là. La scène dure un bon moment et s’achève en monumentale biffle sur un pauvre serviteur qui passait par là, le tout étant filmé au super-ralenti. histoire de souligner la beauté plastique de l’impact.

Notre héros prend ensuite acte de cette incroyable démonstration et décide d’augmenter son potentiel sexuel en se faisant greffer une bite de cheval, normal. L’opération échoue, ces branques de chirurgiens écrasant malencontreusement le majestueux attribut. Une solution de rechange est alors improvisée, et c’est un malheureux âne qui en fait les frais. Avec son zgueg de bourricot fièrement dressé, Wei s’en va satisfaire une bonne dizaine de courtisanes qui n’attendaient que ça.

Thug de pékin, zgueg de poulain

Ainsi vogue cet ovni, parsemé de scènes poussant jusqu’aux confins du grotesque, à grands renforts de ralentis putassiers et d’effets spéciaux cheap. Pour parachever le tout, on nous assène une morale implacable : le sexe est secondaire, ce qui compte c’est l’Amour, le vrai, le pur, sans artifices. Je m’attendais à une célébration du cul dans ma face, je me retrouve avec une guignolade soft plus conservatrice qu’un film d’Apatow. Rien de plus.

Depuis HK, définitivement pas city of sin.

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  • Merci j’ai beaucoup ri.

  • Big up aux (autres) rédactions qui brodent autour d’une dépêche AFP.

  • j’ai lolé.
    « Thug de pékin, zgueg de poulain » : magique

  • « Tu ne peux pas faire plus masculin ».

    Cite au moins Gueko !

    Billet super marrant en effet, mais tu te prends un peu la tête sur un film de category III HK (une sorte AB production catégorie nostalgie) qui n’a rien, mais alors absolument rien d’un porno (si ce n’est les actrices japonaises). Le film fait parti d’une tradition issue de la série sex & zen concentré sur l’érotisme, le kitsch et le fun. Ni plus, ni moins.

    • Ça répond surtout à la presse française qui s’est fait les choux gras sur ce film sans l’avoir vu en le qualifiant de « 1er porno 3D », clique sur les articles cités en haut, spécialement celui de l’Express. Voila.

  • Au moins écrans, le site de Libé.fr, a eu l’intelligence de surfer sur le Tag pour écrire son billet et vous renvoie en lien.
    http://www.ecrans.fr/Porno-3D-Mon-cul,12566.html
    C’est déjà ça!

  • Je suis le tabat médiatique, étant pornographe invétéré et c’est vraiment une mascarade… De la 3D, oui surement mais un film porno, absolument pas !

    En attendant, il y en a d’autres comme Dorcel et même des petites productions qui se mettent à la 3D et j’espère qu’ils feront plus de bruit car ils le méritent.

  • si l’auteur analyse judicieusement le traitement médiatique, il n’ en est pas de même de sa «  » »critique » » » du film due à une vraie méconnaissance de la serie Sex and Zen qui existe depuis 1991 à HK….car justement toutes les choses que l’auteur n’aime pas, sont en fait les fondements de la série : délire, burlesque , humour potache….de plus la serie n’ a jamais été « porn », just soft et parfois assez osé…ce film étant un remake de l’opus de 1991, il était donc normal que sex and zen 3D ne soit pas un porn…

    vraie critique et analyse sur :http://eastasia.fr/?locale=fr

  • Maitre Shifu,

    Je laisserai Edwd se défendre comme un grand, mais je pense que c’est toi qui n’a pas saisi le sens de l’article. Le point central ici n’est pas le traitement fait de ce film de cet article, mais le traitrement dans les médias « mainstream » qui présente cette news en 15sec en parlant d’un « porno ». C’est pas Edwd qui s’offusque que ce ne soit pas un porno ! Comme tu peux le lire dans l’article, il commence même un paragraphe par « Comme prévu, pas de porn, même pas de « soft porn ». » Le « comme prévu » veut tout dire ^^

  • J’ai testé la 3D de Dorcel, c’est bien, mais ça casse pas trois pattes à un canard…

  • Hormis le fait que ce film est un gros navet, je trouve que la 3d n’apporte pas grand chose au porno, si ce n’est peut-être qu’un peu de nouveauté technologique excitante pour la tranche la plus geek :p

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