B.Root et sa Bostella

Entre et mets toi à l’aise, installe toi dans le canap. Y a des bières au frais, ou tu préfères du pastaga ? Tiédeur des soirs d’été, peau huilée, grains de sable entre les orteils, c’est ambiance Cap-d’Adge-entre-potes dans le dernier John B. Root, Dis moi que tu m’aimes. Un long-métrage de 93 min (si, si) qui fleure bon l’Ambre Solaire et la fin des vacances dans une ambiance post-90′. Sodomie des familles, DP, ejac faciale, il y aura du basique et du re-basique, à déguster à la bonne franquette un dimanche soir à 2 du mat, lorsque le printemps tend à se faire désirer.

Résumons le plot pour être un peu sérieux : Antoine (Titof), vaguement dépressif, traîne son jean troué et son chien Diogène dans la montagne crétoise. Si Charlotte (Charlotte de Castille), la jeune Clermontoise en robe fleurie, ne venait pas lui chanter (faux) un air de Carmen pendant qu’il lui fait (bien) son affaire derrière un buisson épineux, Antoine ne serait pas loin d’aller s’exploser la tête au sommet du mont Psiloritis (le lieu de naissance de Zeus, soit-dit en passant). Seulement voilà, un ancien ami, producteur enrichi, débarque pour tourner un clip avec la star de la chanson et une poignée de choristes. Autant de nanas « qui ont la classe », comme le fait remarquer Charlotte, contemplant avec des yeux émerveillés les maillots en lamé, les lunettes de soleil strassées et les talons de 12 des demoiselles. Et là, l’intrigue est posée : Antoine, un grand sentimental au fond, va-t-il trouver un remède à son vague à l’âme entre 2 pénétrations et 3 pipes réalisées par les wanabees starlettes ? L’amour lui permettra-t-il de quitter définitivement « son ordinateur et ses branlettes » (sic) ?

Dis moi que tu m'aimes John B. Root

Brainstorming autour de la piscine

Il faudra voir le film pour répondre à la question et saisir dans toute sa profondeur les allusions à la pensée cynique de Diogène (le philosophe, pas le chien). Pour ceux qui se contreficheraient de l’histoire, sachez qu’au niveau casting, Lou Charmelle officie en chanteuse en chef, Graziella Diamond en maître chorégraphe, tandis que Sharon Lee remplit avec brio le rôle de bonne petite soumise. Reléguées au second plan, Jessie Volt en jeune ingénue, et Jordanne Kali en choriste timide et jalouse. Pour les hommes, j’avoue, je n’ai pas trop fait attention, quasiment tous bruns et velus, du connu et du lourd, la queue bien dressée, RAS. Les scènes quant à elles sont à l’image de la répartition des protagonistes : rien de très surprenant ni de très audacieux non plus dans ce que que l’on regarde, mais on sent la main du maître, l’impeccable maîtrise des plans après plus de 100 films à son actif, le tout en mode joyeusement partouzard. Bref, vas-y, mange, sinon ça va refroidir !

On n’est pas bien, là, à la fraîche ? Certes, mais il y a quand même une sacrée odeur de « it’s over now ». Pour le dire autrement : la roche Tarpéienne est proche du Capitole, et ce film réjouira sans doute plus les quadras qui ont connu la grande époque Canal plutôt que…euh… les lecteurs du Tag. Car au final, tout cela est bien convenu. Aucun plan fixe prolongé, notamment après toutes les éjac faciales, coupées sans pitié dès la troisième goutte de foutre. Aucun cunni – ah si, une micro-scène soulignée par les paroles de Colette Renard au cas où on aurait pas pigé. Aucune petite surprise inattendue, pas le moindre petit brin de perversion qui fait que, d’un coup, tu te retrouves à mouiller dans ta culotte sans trop savoir pourquoi.

De fait, les attraits indéniablement sympathiques du film résident avant tout dans les effluves de nostalgie bon-enfant qui l’imprègnent – de la typo délibérément 70′ du générique au bottes blanches portées par Lou Charmelle façon Barbarella, en passant par les baises enjouées au bord de la piscine. Sans oublier les répliques très second degré « Dis moi que tu m’aimes » / « Je préfère te sucer ». Et quand on connaît le budget dérisoire du film (40 000€ soit le coût d’un petit film viral minable), on a quand même envie de saluer un des grands représentants du porno français pour ce coup-là. Alors trinquons, buvons du champ’ et profitons des dernières heures d’une époque. Le renouveau, la sève fraîche et bien juteuse qui saura se distinguer et se frayer un chemin dans la masse foisonnante des tags tradi, n’est sûrement pas loin.

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