Après le porn, Skin Diamond veut percer dans la pop

Cela fait déjà cinq jours que Raylin Joy a révélé son morceau Freak sur Youtube. Un riff simplet sur une batterie binaire, des paroles sans grand intérêt pour une jolie voix, un clip low-cost : il n’y a pas grand-chose à en tirer. Les internautes ne s’y sont pas trompés, le compteur de vues dépasse tout juste les 2 000. Il en va souvent ainsi lorsqu’on quitte l’industrie du X pour se lancer dans la musique. 

Raylin Joy est le nouveau nom de scène de Skin Diamond. Après avoir lâché le porno au début de l’année 2016, la jeune femme a fait une incursion dans la série Showtime Submission avant de se lancer dans la musique. Ces choix n’ont pas surgi de nulle part : “J’ai étudié la comédie et la performance quand j’étais au Lauder College de Dunfermline, explique l’ancienne actrice dans un article publié le 2 avril dans le Daily Record. C’est comme ça que j’ai commencé à toucher la musique. (…) Quand je me suis lancée dans l’industrie adulte, c’était pour rigoler”. Et au final, c’est tout de même elle qui lui a permis de se reconvertir.

Skin Diamond était en tournage lorsqu’elle a rencontré le producteur Ben Cole, en 2012. La connexion a été immédiate : dès leur première sortie entre amis, ils ont écrit un morceau ensemble. “Je n’avais jamais été assez à l’aise avec quelqu’un pour faire ça, et à l’époque c’était la meilleure chose que j’avais jamais enregistré, se souvient Raylin Joy dans XoJane. J’avais travaillé avec quelques compositeurs avant, mais il n’en sortait rien de bon, ils essayaient toujours de me faire sonner comme quelqu’un d’autre. (…) Ben m’a mis assez à l’aise pour que je me laisse aller”.

Trois ans après leur rencontre, Cole et Joy se sont mis en couple officiellement. La musique fait partie intégrante de leur relation : ils écrivent ensemble, il compose, elle chante. Le duo a déjà produit sept morceaux, dont Freak. Fire, leur premier single, a été mis en ligne en mai 2016. Avec 50 000 vues, il est toujours le plus grand succès de Raylin Joy. La musicienne reconnaît que sa réorientation est difficile : “C’est un changement qui fait peur parce que je dois tout recommencer, concède-t-elle dans le Daily Record. Je dois alimenter mon répertoire, prouver que je sais chanter, mais aussi combattre la stigmatisation qu’apporte mon passé. C’est décourageant”.

Sous les clips de Raylin Joy, c’est vrai, on croise quelques piques cruelles : « Song would of been better with a dick in her ass », « Back to porn »… On les voit à peine parmi les commentaires positifs, largement majoritaires. Les internautes s’étonnent de la jolie voix de la jeune femme, la comparent aux plus grands artistes pop américains, espèrent la voir un jour en concert. Du côté de la petite jauge, les likes écrasent les dislikes. Peu de vues, donc, mais beaucoup d’amour ; pour une actrice reconvertie dans la musique, c’est plutôt remarquable.

Raylin Joy n’est pas la première ancienne du X à tenter la reconversion dans la musique. Lupe Fuentes, Clara Morgane, Sasha Grey… Beaucoup d’autres ont essayé, souvent le temps d’un tube « dancefloor » torché ou d’un set EDM qui fait transpirer de gêne. Contrairement à eux, Skin Diamond n’a pas utilisé son nom de scène X pour tenter d’acquérir rapidement une fanbase méprisante. Elle ne rejette pas son passé pour autant : « Je pense que c’est important de montrer que les gens ont souvent beaucoup de facettes différentes, affirme-t-elle dans XoJane. C’est pour ça que j’assume mon côté porn, parce que c’est toujours moi ».

Malgré sa platitude musicale, le projet Raylin Joy semble sincère. L’ancienne Skin Diamond a de la voix et de la personnalité, peut-être assez pour faire oublier la marque du X. Les cyniques de l’industrie musicale ont tant repris les codes de la Porn Valley qu’ils trouveront sans doute le moyen de la servir aux auditeurs.

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