Du porno pour contrer l’Etat islamique

C’est dans un article de l’Independant que le spécialiste de la communication Joshua Stuart a dévoilé l’énorme campagne que certains justiciers d’internet ont mis en place contre l’Etat islamique il y a deux jours. En effet, les principaux comptes de propagande de l’organisation terroriste ont été piratés et spammés par une vague de contenu porno, plus exactement de dick pics. L’opération aurait été initiée par des membres du site 4chan. Les membres du forum anonyme auraient créé des milliers de comptes fantômes afin d’envoyer un maximum d’images pornographiques à leurs cibles djihadistes. Le journaliste de l’Independent finit par soulever une question des plus intéressantes : le porno serait-il une méthode efficace pour contrer l’embrigadement de nouvelles recrues par l’ISIS, notamment chez les jeunes ?

Prière de Abou Bakr Al-Baghdadi, chef de l'organisation Etat islamique, avant son fap matinal

Prière de Abou Bakr Al-Baghdadi, chef de l’organisation Etat islamique, avant son fap matinal

« Ne vous méprenez pas, l’EI ne va pas être renversé à cause d’un peu de porno, avance le journaliste. A l’heure de l’information à la chaîne et des idiosyncrasies qui sont la plupart du temps seulement comprises par le jeune public que l’ISIS souhaite atteindre, nous devons nous demander si l’envoi de porn ou plus formellement de « Denigration messaging » ne serait pas quelque chose de stratégiquement plus intéressant que les niaiseries qu’on peut leur adresser en général sur internet? »

Il est vrai que l’utilisation et la mise en scène de la violence par l’Etat islamique leur a permis d’attirer un maximum de prétendants au titre de « lion du Califat ». Joshua Stewart rappelle alors l’existence de ce compte twitter créé par les Etats-Unis, @ThinkAgainTurnAway. Conçu pour détourner les aspirants djihadistes de leurs élans destructeurs, il a vite été supprimé faute de résultats. Un bide, un peu comme ces Imams ayant tenté d’empêcher l’embrigadement des jeunes à force de discours, en vain. « Pour eux, c’est ennuyeux, très lent et ça ne permet pas de rentrer en résonance avec le public ciblé », affirme Joshua Stuart.

Capture d'écran du compte Twitter ThinkAgainTurnAway avant sa désactivation

Capture d’écran du compte Twitter ThinkAgainTurnAway avant sa désactivation

La bonne solution consisterait-elle réellement en l’envoi massif d’images de gang-bangs et de photos d’engins masculins ? Le journal britannique déploie une comparaison osée : « L’un des principaux atouts que nous avons utilisé pour vaincre la propagation du communisme dur et l’expansionnisme soviétique était la contre-culture. Le flower power, la musique rock et l’art occidental ont été utilisés pour détruire les sympathies communistes. Les gens se sont engagés dans un milieu très excitant, provocateur et sexualisé qui rejetait le contrôle dictatorial et l’impérialisme. Ca a fonctionné. »

Néanmoins, la pornographie n’est « peut-être pas » la solution définitive, conclut Joshua Stuart. En tout cas, pas si elle est utilisée seule. Le rédacteur estime que les images X pourraient être insérées dans une campagne de communication anti-terrorisme de grande ampleur. « Nous devons regarder notre monde digital en face et l’utiliser en conséquence, note-t-il. Même si cela implique des photos de bites. Le message de l’Etat islamique doit être défait d’une manière ou d’une autre. La moquerie est un meilleur outil que ce que nous pensons. Plus de porno, s’il vous plaît. » Un outil manié dans les deux sens : en 2014, Daech a utilisé l’extrait d’un film porno Hongrois mettant en scène une jeune femme se faisant abuser par des soldats pour sa propre propagande.

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