Le nouveau Pirelli mais le meilleur est là

Comme chaque année, les professionnels de Pirelli nous régalent de leur érotisme en noir et blanc top-chic et jamais choc, gourmandises des fêtes pour bourgeois qui aiment caresser du doigt le papier glacé tout en fantasmant sur la nouvelle tendance hype. Où sont les Mon Chéri ? Tu as vu les dernières photos de Terry Richardson ? Il faudrait quand même penser à rajouter une bûche dans la cheminée. Mais trêve de galéjade : le nouveau calendrier n’est clairement pas inintéressant. Voyez plutôt.

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2016 est l’année de la détente, de l’autodérision, de l’audace tranquille : comme vous le savez certainement déjà, la standup woman Amy Schumer est au coeur de cette édition et c’est tant mieux. Vu que 2015 était foiré de A à Z, voir Amy squatter l’empire Pirelli fait l’effet purificateur d’une bouffée d’air frais. On est loin de Mila Jovovich ou de Jennifer Lopez vous pensez bien. Sur le papier, il est plutôt tordant de voir l’experte de la grivoiserie bien salace, se prêter à un tel détournement de son image, et, littéralement, se mettre à nu. On imagine d’emblée la parodie vulgaire de Kate Moss, le pastiche à la Salvador Dali, la potacherie cathartique à la Duchamp détruisant cette vision trop glam’ et gloss de la femme ! En gros, on est persuadé que Amy va plagier la ultra hot autant que rigolote Tina Fey ou, sacrilège, la grande Rachel Bloom. Merveille des merveilles : il n’en sera rien. Ou alors, pas que.

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Si l’on connaissait déjà sa propension à valoriser son sex appeal atomique en causant fellations et kamasutra avec la verve qui est la sienne, Amy est ici capturée en sa beauté naturelle, premier degré, naturaliste, façon portrait de femme du 21ième, qui boit son café le matin, encore endormie. Ses imperfections. Sa cellulite. Ses débordements. Les plis de sa peau. La justesse de ses rides. Tout est dans la cadre et les textures confèrent une atmosphère irréelle à ce cliché matinal pourtant joliment réaliste. Pirelli réussit son pari, à savoir quitter un temps le modelling photoshopé, la poitrine filtrée de Bellucci ou le corps parfait de Penelope Cruz, pour immortaliser la belle mortalité de la normalité. Et toute la force qui va avec. Pas de maigreur à la Lou Doillon, mais une vision du corps féminin très proche du fameux The Nu Project, néo-classique du genre. Même pas besoin d’un regard qui tue à la Naomi Watts ou d’un relooking à la Patricia Arquette. Vivement le Pirelli des nerdy girls ! Et si ça te branche pas, Casta.

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Au sein de cette team de treize femmes bien brossées, on trouve également la sublime Serena Williams, détentrice des fesses les plus impériales depuis que le mot « impérial » a été inventé. Sa pose rappelle les grandes heures de Naomi Campbell, toi-même-tu-sais, fappeur. Pirelli ne redéfinit pas l’érotisme mais en comprend toutes les nuances : les formes, la générosité, la bonne chair, le temps qui passe aussi, bref, ce qui fait vibrer ton épiderme sous les coups de burin de ton sexe palpitant. Déjà responsable de l’édition 2000, Annie Leibovitz, nom prestigieux de la photographie du Golden Age de Rolling Stone à qui l’on doit entre autres la Demi Moore enceinte de Vanity Fair (ou cette Rihanna-là), sait sublimer ces représentantes d’un charnel au naturel, cette authenticité ébouriffante qui résume bien le porn amat’: un mélange de mise en scène et de mimesis immersive. Vivement le calendrier des camgirls, vite !

On croise aussi au détour des pages les iconiques Patti Smith et Yoko Ono, tout en classe. Et puisqu’aux côtés de la poétesse rockeuse ça fait du bien de revoir la girlfriend de Lennon, qui est surtout une ex-Fluxus, quittons-nous donc sur l’une de ses oeuvres contemporaines les plus transcendantes et Pirelli-style : des paires de fesses. Le sous-titre: Bottoms. Bonne journée.

 

 

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