Joseph-Gordon Levitt et les MILFs

Singulière rom’com, Don Jon racontait l’histoire d’un pornophage s’énamourant avec…Scarlett Johansson. Ce concentré sexuel des rêves moites d’une génération – nourrie au porn en continu et aux têtons de Scarlett – démontrait l’ambition d’un cinéaste plutôt préoccupé par “la chose”, transfigurant l’archétype de Don Juan en spectateur de Pornhub. Au 21ème siècle, la créature de rêve n’a plus pour nom (Code) Lisa mais Scarlett Johansson. Il semble que depuis un petit bout de temps désormais le joli Joseph-Gordon Levitt s’amuse à jouer avec les fantasmes collectifs et la déformation du réel qu’implique cette virtualité humide. Il est bien loin le temps où le kid souhaitait battre le record de la pire coiffure jamais vue dans un teen movie des années 2000 (10 bonnes raisons de te larguer, à peine digne de Collège Attitude). Joe évolue, continue à parler cul, mais jamais il ne régresse quand il transgresse en causant fesses.

S’amusant en compagnie des Gregory Brothers, ce beau gosse qui me fait très sérieusement douter de mon orientation sexuelle a décidé de rendre hommage au tube Motherlover de The Lonely Island (4 ans déjà !) en déclarant sa flamme aux MILFs. Sexy Motha, s’intitule ce blason lyrique dédié au booty de la mater familias. Schéma typique. Le pote relou s’éclate sur les jeunes gazelles en plein parc public. Joe, lui, s’en fout, en a marre de la chair fraîche trop fine. Il a la tête bourré de tags : #mom, #milf, #motherfucked, #mature, #breastfeeding. Il flashe sur la maman qui promène son bébé dans le parc. Des courbes de #pregnant, des formes, une sensualité en acier et l’amour infini de celle qui donne la vie. Face à elle il n’est qu’un gosse susceptible d’être allaité par cette poitrine abondante. Pourquoi ce morceau ? “Because a woman with a child always drives me wild…. » avoue l’acteur sur son compte facebook.

En chantant avec force dérision la magie de la maternelle expérimentée, Levitt lévite et évite les lourdeurs grâce à son charme saisissant de jeune playboy qu’on aimerait salement déglinguer dans un coin comme un juke box cassé. Curieuse expérience que de voir Joe se “timberlakiser”. Evidemment, on est plus ici dans la parodie proprette, à l’image du brun taquin, que dans la dérision portnawak – et l’hérésie vestimentaire – sevrées par les pros du SNL. Le kiff central mis en scène par Levitt est la ronde des desperate housewives, ces femmes délaissées par des maris patauds qui ne demandent qu’à s’éclater.

La MILF est l’une des grosses obsessions de notre époque et Joe rêve de parcourir le corps de toutes celles qui “lisent le Dr Seuss” à leurs gosses et épluchent les légumes avant de chanter une berceuse. Les “sexy mothas”, c’est le plan en or : tu peux jouer aux jeux vidéo avec leurs gamins avant de t’envoyer en l’air comme il faut dans un lit aux draps propres. Puis ensuite déguster un verre de lait frais avec quelques cookies. Durant les années 80, Cyndi Lauper atomisait le hit parade en chantant Girls Just Want to Have Fun. Gordon-Levitt, lui, corrige la donne : MILFs JUST WANT TO HAVE FUN ! Et c’est lors d’un meeting final aux allures de messe d’Eglise que Joseph – prénom christique en diable – déclare sa flamme à toutes ces beautés célestes magnifiées par la grossesse divine.

Une pensée courtoise non pas pour nos petites amies, mais pour nos mamans, les seules et uniques maîtresses du monde et impérieuses reines des tubes. Bon allez, maintenant j’attends avec impatience le “Grannies Diaries” ou “Sexy Granny Hot Booty”. Avec Jonah Hill qui louerait la dimension érotisante du poids des décennies, génération Churchill. Trop tôt, peut être ?

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