Amarna Miller : « Mon corps, mes règles »

Difficile de ne pas croiser l’actrice espagnole Armana Miller sur Internet. Workalcoholic du porn, elle enchaine tournage sur tournage aux quatre coins de la planète, articles et posts sur les réseaux sociaux ; bien déterminée à prendre l’industrie par les cornes et montrer au monde qu’on peut vivre de ce métier tout en gardant son éthique. Egalement un pied dans le futur en étant directrice de production pour Virtual Real Porn, Amarna Miller serait-elle l’actrice de l’année ? Début de réponses avec elle.

Tu sembles être partout à la fois : de Crash Pad Series à Blacked en passant par Kink, Feeling Myself, Erika Lust, Fourchambers ou FakeTaxi. Autant d’éclectisme est assez rare pour une actrice (mainstream, féministe et queer). Qu’est-ce qui te pousse à tout essayer ?
Je suis allée vers l’industrie porno par exhibitionnisme et par un surplus de libido, mais si tu ajoutes à cela ma passion pour les formes artistiques et les considérations esthétiques… tu as ta réponse ! Bien avant de commencer dans ce business, j’étais déjà une consommatrice de porn. Du coup, tourner comme actrice dans ces productions mainstream que je regarde depuis des années est une sorte de rêve qui devient réalité. C’est pourquoi tu me verras chez Reality Kings, 21st Sextury, Private ou ce genre de sites.

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Amarna sur un tournage pour Marc Dorcel

Après, bien sûr, j’adore aussi tourner pour le porn alternatif, queer, féministe et ces réalisatrices pas-si-mainstream qui font le genre de vidéos que j’aime faire aussi quand je suis derrière la caméra. Je pense à Crash Pad Series, Four Chambers ou XConfessions.
À chaque fois que je participe à un projet, je me pose toujours les mêmes questions : “Est-ce que j’aime cette boîte ?”, “Est-ce que j’aime ce sexe ?”, “Est-ce que la vidéo va me plaire ?” et si la réponse est oui alors j’y vais.

Tu as dit que tu DÉTESTAIS Budapest et la mafia porno qui tournait autour. Pourquoi ? As-tu eu les mêmes expériences à Pragues ?
En effet, j’ai écrit un article il y a quelques mois où je me plaignais du petit monde qui contrôle l’industrie dans l’épicentre du porno européen. Budapest est la ville où il y a le plus de tournages sur le vieux continent et ça peut devenir un endroit un peu dangereux et malsain, surtout pour ces filles qui viennent d’autres pays et ne parlent pas anglais (sans même mentionner le hongrois).

Le problème numéro un là-bas est le manque d’information. Les gens qui bossent dans ce business gravitent dans un autre monde et on est obligé d’apprendre de ses essais et de ses erreurs. Il n’y a personne pour t’aider, ou de groupes de soutien. Encore une fois et encore plus qu’avant, nous avons besoin d’associations qui rassemblent les performeurs. En ce sens, les États-Unis sont à des années lumière de nous, nous devons apprendre d’eux et suivre la façon dont ils gèrent le business.

Quand tu es dans une industrie aussi compétitive, deux choix s’offrent à toi : se battre contre un nid de vipères (agences, boîtes, et même les actrices et les acteurs) qui essayent de t’écraser et de casser ton image jusqu’au dernier centime. Ou se démarquer de cette industrie et construire une carrière à ta façon – ce que je fais. C’est plus long et compliqué mais ça te permet de de garder le contrôle de la situation.

Tu es une girl next door indépendante et aussi une consommatrice de porn. Tu t’appuies sur les réseaux sociaux pour augmenter ta popularité et tu sembles mener ta carrière comme une femme d’affaire accomplie. Est-ce que tu représentes la nouvelle génération de porn star ?
Je ne crois pas aux étiquettes et aux généralisations…. Je trouve que c’est la meilleure façon de perdre la complexité des détails !

Je suis moi-même et je pense que c’est en partie pourquoi les gens me suivent en dehors de ma carrière d’actrice. J’exprime mes idées et mes attentes et j’essaye chaque jour de montrer que je suis plus qu’un joli minois. Le porn est mon activité principale, mais je me définis plus comme une aventurière à plein temps qu’une porn star.

Pour résumer, je ne veux pas incarner une “nouvelle génération de porn stars”… Je veux juste être moi-même! Et si le public aime la façon dont je suis, alors tant mieux !

Tu te désignes toi-même comme “accro au porno”. Quel genre de porno aimes-tu ?
Ça dépend vraiment du moment et de mes envies. Parfois ça m’arrive de ne regarder que des films hardcore et du sexe extrême, parfois je vais préférer des trucs plus glamour avec des scènes romantiques, du flare et un rendu technique super quali. Il y a aussi des moments où je vais être complètement obsédée par certaines pratiques et certains fétichismes. Ça peut aller des sous-vêtements en lycra aux culottes en coton (merci au porn japonais de m’avoir fait découvrir l’univers de ces petites obsessions) en passant par des orgies ou du breath play. Récemment j’ai fait une fixette sur les vidéos de gang bang, surtout chez Kink.

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Il y a aussi quelques trucs que je n’aime pas dans les films : les scènes que “anal” – surtout parce que je connais assez peu de performeuses qui aiment vraiment ça dans leur vie privée, et les scènes mal filmées. Les caméras qui bougent et la lumière pourrie font pleurer la petite photographe qui sommeille en moi.

Avec qui as-tu aimé bosser ?
Je préfère toujours bosser avec des performeurs que je connais dans ma vie privée. Dans ma top list tu peux trouver Amber Nevada, Silvia Rubi et Vex Ashley, qui sont de très bonnes amies. Amber a commencé dans le business avec ma petite boîte de prod Omnia-X, est devenue récemment notre directrice de casting et est également une de mes meilleures amies.

Silvia, je la connais depuis très longtemps… Je n’étais même pas encore dans l’industrie que je la connaissais déjà et nous avons vécu tellement d’aventures ensemble, comme quand on a débarqué ensemble en janvier dernier aux États-Unis. Et Vex…Oh Vex ! Elle me rappelle tellement moi à toujours se battre pour ses rêves et montrer qu’une autre façon de comprendre la sexualité est possible.

J’ai également adoré tourner avec l’acteur anglais Clarke Kent et les américains Mickey Mod et Owen Gray. Leur esprit est libre et nous avons plein de choses en commun.

Et pour les gens avec qui j’aimerais travailler… J’ai des “porn crush” pour August Ames, James Deen, Misha Cross, Amirah Adara, Manuel Ferrara, Kayden Kross, Stoya et Dana Vespoli. J’espère un jour pouvoir bosser avec eux !

Un vieux proverbe dit “pas d’anal, pas d’argent”. Tu as la preuve vivante (avec Dillion Harper par exemple) qu’on peut très bien réussir sans. Pourquoi ce choix ?
Je me suis imposée une règle dans ce business : seulement avoir des pratiques sexuelles face caméra que j’aime vraiment dans ma vie sexuelle privée. C’est une façon d’être sûre de pouvoir garder une vie sexuelle saine quand je sortirai de ce business.

Je pratique la sodomie dans ma vie perso mais vraiment pas souvent. Si un jour je commence à vraiment aimer ça, je le ferai également dans mes scènes. On verra comment ma sexualité va évoluer avec le temps.

Mais le “pas d’anal, pas d’argent” est faux. Je peux t’assurer que la pression ne vient pas des studios, des agents ou de l’industrie en général… mais bien des consommateurs et des fans ! Tu ne peux pas imaginer le nombre de messages que je reçois par jour qui me demandent “tu n’auras pas de taff si tu ne fais pas ça”, “Les studios ne vont pas t’engager”, “Tu dois tout donner pour tes fans”.

Donc si toi, lecteur, tu fais partie de ces gens qui envoient des messages aux performeurs ou qui laissent des commentaires sous les vidéos pour réclamer de l’anal… Comprend que notre corps nous appartient et que tu n’as pas à t’en plaindre. C’est : mon corps, mes règles.

Peux-tu nous en dire plus sur la scène porno espagnole ?
La scène espagnole est petite, de mauvaise qualité et mal organisée. On a été un moment la capitale du porn européen avec des producteurs comme Private ou IFG qui tournaient des films avec des budgets énormes mais tout ça c’est écroulé quand Internet est arrivé.

Peu importe. Nous avons quand même quelques boîtes qui essaient d’augmenter la qualité du business et les conditions de travail des performeurs. On a l’incroyable Erika Lust qui tourne ses XConfessions à Barcelone et les gars de Virtual Real Porn qui développent une nouvelle façon d’aborder le porno avec des vidéos tournées pour la réalité virtuelle. Je peux aussi te citer BlackMind Studios qui réalisent des fantasmes sombres avec une qualité cinématographique assez dingue. Lara Tinelli et Roberto Valtueña, Bobby Perú et bien d’autres. Mais c’est pas tout !

La bonne nouvelle c’est que récemment de gros producteurs comme SexArt, PornPros, Joymii ou X-Art ont commencé à tourner en Espagne. On a des paysages à couper le souffle, des petits coûts comparés à l’Europe et une météo exceptionnelle… Je crois donc les doigts pour que le marché européen s’installe à l’intérieur de nos frontières.

Tu vends aussi des vidéos sur ton site via des cartes Amazon. Pourquoi ce choix ? Tu ne crois pas que que ça ne serait pas du goût d’Amazon ?
Pourquoi Amazon n’aimerait pas ça ? Est-ce que je fais quelque chose de mal ? Je fais comme ça car c’est la seule façon que j’ai actuellement pour contourner la censure.

Si j’accepte d’être payée par carte de crédit, ça veut dire arrêter de tourner des fantasmes que j’aime vraiment. Est-ce que tu sais que MasterCard et Visa n’acceptent pas que tu vendes des choses qui contiennent de la pisse ou du sang ? Ce qui veut dire que je ne peux pas vendre une vidéo de moi en train de me masturber pendant mes règles. C’est tellement con que ça m’énerve.

Et ne parlons pas de Paypal parce qu’ils sont le diable incarné. Ils n’acceptent pas les paiements relatifs au business de l’adulte. Si je veux vendre mes culottes usagées ou si je fais un show en webcam et que je reçois de l’argent via Paypal, ils peuvent bloquer mon compte, blacklister mon compte bancaire et bloquer aussi longtemps qu’ils veulent mon argent. Je sais tout ça car ça m’est déjà arrivée et ils ont gardé mon argent pendant presque six mois. Répression et censure au 21e siècle !

Tu fais également des vidéos custom sur ton site. Combien ça va me coûter si je t’en commande une ?
Ça va dépendre de ce que tu veux voir. Mon tarif de base pour 10 minutes de moi seule est de 100 € et tu peux choisir ce que je porte, ce que je dois faire, le scénario et tous les détails. Plus ton idée est complexe, plus la vidéo va te coûter chère. Par exemple si tu veux me voir faire des trucs cochon avec plus de gens ou si tu as des demandes particulières comme du sexe en extérieur, le prix va augmenter.

C’est une manière incroyable pour moi de satisfaire tous les fantasmes de mes fans… mais aussi des miens ! J’adore faire des vidéos personnalisées parce que je dois tout organiser et contrôler la situation. Et bien sûr ça m’excite de savoir que quelqu’un va prend son pied avec après.

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Tu tournes aussi pour Virtual Real Porn. Quelles sont les difficultés pour une actrice de tourner dans un porno immersif ?
Au début j’ai juste commencé en tant qu’actrice avec eux puis je suis passée également derrière la caméra en tant que responsable de production. J’adore Virtual Real Porn parce qu’ils ont développé leur propre technologie pour augmenter le rendu de leurs vidéos. Tourner pour la réalité virtuelle est une vraie tannée ! Je suis admirative du fait qu’ils investissent leur propre argent dans un projet auquel ils croient, je ressens les mêmes choses que dans lorsque j’ai lancé mon studio Omnia-X. En tant qu’actrice, ton travail est mis en avant, l’environnement de travail est sain et agréable et ils prennent soin de toi. C’est un bon exemple de ce que l’éthique dans le porno devrait être.

Mais pour revenir à ta question, en tant qu’actrice, c’est vraiment simple de jouer son rôle. Tu as juste besoin de parler beaucoup pour que le spectateur se sente impliqué dans l’action et faire gaffe à ne toucher aucune des caméras ! La partie la plus compliquée du sexe est faite par l’acteur quand il a un rôle passif, car il doit faire très attention à ne faire aucun bruit ni aucun mouvement. C’est comme ça que le spectateur qui a un casque sur la tête peut le mieux s’identifier.

Qu’est-ce que tu feras dans 5 ans ? Toujours devant ou derrière la caméra ?
Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de faire des plans sur la comète quand tu vis de ton image. Beaucoup de choses peuvent changer en cinq ans et tu ne sais jamais ce qu’il peut arriver.

Ce dont je suis sûre c’est que le but dans ma vie est de faire ce qui me rend heureuse et c’est ce que j’ai toujours fait ces dernières années : des portes se sont ouvertes, d’autres se sont fermées et j’essayerai toujours de sauter sur les meilleures opportunités qui s’offrent à moi. Je préfère m’attendre à rien et laisser la vie venir comme elle vient. Je suis une experte en l’improvisation. Puis comme j’aime l’aventure et sorir de ma zone de confort, c’est un mode de vie qui me convient parfaitement.

Pour le moment je suis dans le porn car ça me convient à bien des niveaux, mais si à un moment ça ne me rend plus heureuse, j’arrêterai.

Amarna Miller

Ceci dit, il y a quelques trucs que j’ai toujours aimé et dont je peux te garantir qu’ils continueront dans ma vie future : premièrement la photographie et la vidéo, parce que ce sont des médiums qui m’aident à exprimer ce que j’ai au fond de moi… C’est aussi pour la même raison que j’ai étudié aux Beaux-Arts ! En second, c’est d’apprendre. J’essaye de me coucher chaque jour en connaissant quelque chose de plus qu’hier. En troisième, l’écriture, que ce soit sur mon blog, dans des magazines où je collabore et peut-être un jour dans un livre ! Le quatrième point le plus important est de pouvoir voyager aux quatre coins de la planète avec les gens les plus incroyables, en vivant dans des situations les plus étranges. Si tu combines tout ça, tu peux probablement deviner ce que je ferai dans les cinq prochaines années, mais je préfère ne pas me limiter à ça.

À quoi ressemblera le porn dans cinq ans ?
Je pense vraiment que la réalité virtuelle dans le porn va être le prochain “boom” de l’industrie. Tout va dépendre si le marché l’accepte et comment elle va s’adapter aux nouvelles technologies comme l’Oculus Rift ou les autres casques. Je croise les doigts !

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  • Amarna stay as you are I want you to be happy and if I can do something to help, just tell me ,it will be my dream come true. Please don’t change your appearance too much and remain natural.
    I hate to see you suffer and wish you would call me to do with you what you like most….

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