À la découverte des petits marchés porn de nos régions

Le porn est un marché de grande distribution qui écrase les petits commerçants, nos bon vieux boulangers et primeurs souffrent de cette concurrence déloyale aux prix cassés. Comment font les artisans du plaisir pour survivre dans l’ombre du géant MindGeek et de ses tubes envahissants ? Et bien ils s’organisent et face aux produits bourrés d’engrais et de pesticides, aux fruits et légumes gorgés d’eau sans saveur, ils proposent des produits bio issus du commerce équitable. On les retrouve sur les étales des marchés des régions d’Internet et dans les coopératives du porn sous forme de plateformes de « clips » élevés et récoltés à la main par des petits artisans.

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Petite revue des petits marchés du porn qui fleurent bon le porn fait maison, le vrai, pas faussement étiqueté par l’étouffante industrie.

Clips4sale : le Rungis du porn

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C’est la Mecque des fétichistes, un marché qui s’étend à perte de vue, si bien que certains surnomment Clips4Sale, le Rungis du porn. Resté dans son jus depuis ses débuts, il arrive à attirer malgré son design austère et sa navigation sommaire plus d’un million de visiteurs par jour. On y trouve de tout, des filles qui se brossent les dents, des subs et des doms pour tous les styles et les goûts et même des indépendants bien organisés qui n’exploitent pas forcement la filière fétichiste. Véritable labyrinthe jouissif des pratiques sexuelles, paraphilies et autres fantasmes, on pourrait y passer toute une vie, sans jamais parvenir à en faire complètement le tour.

Organisé sous forme de studios (C4s centralise énormement de petits sites indépendants) et d’une liste démentielle de tags tous plus précis les uns que les autres, on y achète des clips qu’on paie entre 1 et 2 $ la minute. Sorte d’anti-tube, tout y est payant et vous devrez vous contenter de descriptifs (mais très précis), de gifs et micro-extraits vidéos pour s’avoir ce que vous allez acheter.

Extra Lunch Money : « All the honeys who makin’ money / Throw your hands up at me »

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Apparu en 2010 dans le paysage pornographique d’Internet, Extra Lunch Money est une plateforme anglaise où se regroupent indépendant(e)s du porn et un nombre très importants de cam girls qui y vendent photos, vidéos, vidéos custom, comptes Snapchat ou même des textos. Respectueuse et communautaire, elle est devenue une plateforme de choix conviviale pour la communauté indépendante des modèles issus de la nébuleuse des sites de cams, et plus particulièrement de MyFreeCams dont elle semble assez proche.

Sur ce marché bio et équitable, on paie avec des crédits (de 0,95$ à 1,5$ le crédit selon le volume d’achat), comme sur une plateforme de cam. On peut bien évidemment en gagner à son tour si on s’inscrit en tant que modèle. Intègre et soucieuse de son image, Extra Lunch Money propose même un wiki qui répertorie toutes les options et le fonctionnement de la plateforme.

Kinkbomb : la Halle aux Chaussures des fétichistes

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Kinkbomb évolue dans l’ombre du géant Clips4sale. Il y règne une atmosphère un brin cheap, un peu rose, un peu punk mais surtout très domina. Un peu moins souterrain et pointu que C4S, on y retrouve également la même idée de studios et de vente de clips à prix fixe. Par contre, il faut aimer faire une confiance aveugle à ce qu’on vous propose, car aucune preview n’est disponible. Mais vous avez accès à des coupons de réduction du plus bel effet. Kinkbomb c’est le charme des petits commerçants sur les marchés qui vendent des vêtements, on n’est jamais très regardant sur la qualité du tissu, du moment qu’on peut en avoir trois pour le prix de deux.

ManyVids : la grande distribution de proximité

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Nouvelle plateforme d’achat, ManyVids se vante d’être à l’heure actuelle le site de vente de clips qui grossit le plus vite du monde. Rien que ça. Faut dire que l’offre a de quoi impressionner. Les modèles peuvent vendre à peu près tout ce qu’elles veulent sur le site : vidéos, photos, session Skype, compte Kik ou Snapchat au mois, lingerie, culotte portée ou tout simplement recevoir de l’argent sans rien en retour (ils appellent ça un « tribute »).

Dit comme ça, ManyVids pourrait manquer d’authenticité, comme un marché hippie pour touristes à Ibiza. Mais c’est sans compter sur leur volonté de chouchouter leurs « MV girls » comme ils les appellent. Certes, elles embrassent avec vigueur les joies du marché libéral, mais elles peuvent aussi être mises en avant. C’est le cas de la canadienne Bella French et ses seins melons qui a été interviewée récemment par le site sur son blog pour la toute nouvelle rubrique « MV Exposed ». ManyVids grossit vite et s’étend sur toutes les plateformes sociales possible, à mi-chemin entre le commerce de proximité et la grande distribution. À suivre.

Spanking Library : la fessée équitable

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Certains producteurs ont leur spécialité et se regroupent autour de coopératives spécialisées. C’est le cas de Spanking Library, plateforme de vente spécialisée comme son nom l’indique dans la fessée sous toutes ses formes, des plus rouges aux moins marquées.

Make Love Not Porn : les produits bio de New York

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La version « tv » du site Make Love Not Porn de Cindy Gallop serait un peu la réponse new-yorkaise éco-responsable à la Porn Valley. On y partage et on y vend ses productions maisons en provenance directe des petits potagers des grandes villes. Bien que le slogan d’amour véritable qui se pose en opposition au méchant porno est avant tout un vernis marketing, on salue la présentation, le packaging et surtout la curation effectuée. En effet, sur Make Love Not Porn, les petits producteurs sont choisis avec soin, tout le monde ne peut pas y accéder. Snob ? Allons, allons, ne soyons pas de mauvaise langue.

Évidemment il existe d’autres sites ou d’autres marchés comme le très gros AdultWork.com mais qui ne font pas que vendre des petites vidéos mais aussi des services d’escorting (promotion interdite dans nos contrées).

La révolution indie-porn bio est-elle en marche ? Difficile d’y répondre pour le moment mais une chose est sûre, pointer du doigt le porno comme un seul marché est une grave erreur. Il existe autant de productions et de vidéos que de fantasmes et de personnes, encore faut-il se donner la peine de sortir du confort de la grande distribution pour aller fleurer les étales abondantes des petits producteurs indépendants. On peut seulement regretter que des plateformes françaises n’existent pas, regroupant ainsi les productions indépendantes hexagonales et ainsi fédérer les cam girls, cam boys, actrices et acteurs de France.

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