Moi, camboy : 1500 spectateurs et 1 cumshot (partie 2)

L’industrie de la sexcam redéfinit en profondeur depuis quelques années les frontières de la pornographie et de son business. La série « Moi, camboy » vous propose de suivre mes débuts dans mes nouveaux habits de camboy, un récit réel et en immersion dans l’univers fascinant de la cam.

Malgré mes efforts pour faire bander les bandits, ma première cam fut un bide retentissant. L’idée de reprendre les shows fit donc mollement son chemin dans mon cerveau, plus occupé à partir en vacances qu’à s’exhiber pour peau de zob.

J’ai découvert tardivement le concept de la sexcam dit « freemium » et son modèle économique brillant qui permet de voir les shows sans être forcé à payer. Au début, tout ça me semblait obscur et lent, je ne comprenais pas comment on pouvait prendre son pied en regardant des shows qui n’avaient rien de spectaculaire ou de vicieux. Puis j’ai découvert par un contributeur l’existence de Chloé LewisIzavampira et des autres camgirls qui arrivaient à faire pleuvoir sur leur tête les tokens par milliers dans des show en HD assez captivants.

J’ai commencé à comprendre la puissance de l’argent, du lien éphémère mais fort qu’il créé quand on lâche un tip (pourboire, ndlr) dans la chatroom. Les camgirls ont le pouvoir, elles dictent leur loi mais dès que le son des tokens retentit, le rapport s’inverse automatiquement. C’est un jeu de tir à la corde entre le modèle et le spectateur à qui aura le contrôle sur l’autre. Sans argent, pas de show. Et plus on en a, plus on a de pouvoir sur l’autre. C’est une zone libérale très complexe où les rapports de force se reconstruisent en permanence.

Autour de moi, j’ai aussi découvert des amies qui s’étaient lancées discrètement avec plus ou moins succès. Les motivations sont diverses : l’argent, la curiosité, l’exhibition, et toutes trouvent très rapidement une audience. L’idée a ainsi germé de tenter un show à deux, c’était à la fois un défi de plus et une manière de me libérer de la contrainte d’être un homme seul face à des gradins composés majoritairement d’hommes hétérosexuels (même les camboys sont souvent hétéros).

Film "Gladiator" In United States In May 2000

Moi, seul dans l’arêne (allégorie)

Les couples sur Chaturbate sont en minorité mais ils attirent du monde car c’est l’assurance pour les spectateurs de trouver un show qui ressemblera à un porno avec ses codes habituels, plus proche du peep show que du strip tease. Je propose alors cette idée de cam en « couple » à une amie dont je connais bien l’anatomie et avec qui j’ai peu de tabous. Camgirl occasionnelle avec son petit fan club, elle accepte la proposition avec malice. Les jours et les semaines passent lentement sans que j’arrive à appuyer sur « start broadcasting ».

Le soir où je me décide enfin à passer à l’action, je ne suis pas dans le bon mood et je retourne aussi vite me cacher dans ma coquille. Le second soir, j’interroge le plafond pour voir s’il peut me venir en aide. Curieusement il me répond que marcher ne revient qu’à mettre un pied devant l’autre. Le feu passe alors au vert et je pars me servir un verre.

Les règles sont définies à la va vite : elle s’occupera de parler à ses fans pendant que je ferai le mariole en slibard derrière. La cam s’allume, on règle deux-trois trucs, mes yeux ressortent bien, je décide après une lampée d’Aberlour d’en faire mon atout séduction numéro un.

Comme je l’avais déjà remarqué quand j’étais seulement spectateur, être en couple attire le chaland. On se retrouve en quelques minutes avec une centaine de spectateurs-voyeurs, ça devient vite grisant. Une compil de soul enivrée couvre nos messe-basses en français, on lâche des coucous, l’ambiance est conviviale, aucun impoli à l’horizon. On voit également pointer le nez boutonneux d’un fan de la première heure, un jeune américain de 19 ans bien décidé à devenir le protecteur de ma pote. Si la nature n’a pas été très tendre avec son physique, elle l’a pour compenser doté d’un humour fin et d’une bonhomie naturelle qui rassure. Il deviendra très vite notre modérateur ; grade qu’il accueillera comme il se doit avec des gifs et des cœurs.

peep-show

Le live en couple : peep show moderne

On n’avait pas tellement choisi de jouer le teasing, on a commencé quasi à poil sans stratégie. On bâcle les goals à atteindre, un cocktail infernal de squirting, anal et cumshot à prix discount pour tenter rapidement de faire monter la sauce. Les tippers ont comme d’habitude des cactus dans leur slip mais on arrive tant bien que mal évacuer le spectre du bide quand les premiers tokens arrivent.

Nos nouveaux amis sont maintenant plusieurs centaines à s’être agglutinés devant notre petit show où il se passe à peu près tout et n’importe quoi. Je me retrouve par exemple avec sa chatte sur la tête pendant qu’elle discute avec eux et on se marre pas mal. C’est beaucoup moins stressant que je ne l’imaginais et finalement assez excitant si j’en crois les positions que nous commençons à prendre.

C’est par contre compliqué de suivre le chat, les messages et de faire sa petite affaire en même temps. Je remarque qu’au fond, ne pas trop s’en occuper marche tout aussi bien. Tenant d’une main la caméra pour offrir à nos amis une pipe en POV et regardant du coin de l’œil le nombre de connectés, je vois que le public, qui n’hésite pas à zapper de cam en cam, arrive cette fois-ci en masse, attiré par la vignette d’un couple bien décidé à s’éclater. On passe la barre du millier, je lui glisse dans l’oreille qu’on est maintenant en home page de Chaturbate, ce qui augmente autant nos chances de gagner du blé que de finir en copie d’écran au fond d’un dossier de revenge porn.

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Au menu de ce soir, le chef vous propose…

On profite de cette audience et du code couleur des pseudos (ceux qui ne sont pas gris ont des tokens et leur couleur définit leur générosité) pour monter en pression. On annonce qu’elle est « horny as fuck » et autant « anal queen » que « squirt master », « she can do anything you want » qu’il ne tient qu’à eux que le show commence vraiment. A ces promesses liquides et chaudes répondent surtout l’envie de voir de l’anal, l’obsession première de tout bon fappeur. Notre protecteur-modérateur en profite pour faire des saltos arrière derrière son ordi et invective la foule que le show va commencer et qu’ils feraient mieux de lâcher des tips. On nous encourage, les compliments fusent, je vois quand même passer un « slut » sur le chat, le responsable est aussitôt kické par notre Star Wars Kid en herbe et on se lance dans le show, le vrai, celui qui dit pénétration et qui finira forcement en cum shot. Cette destination finale et quasi obligatoire m’angoisse un peu.

Je pensais avoir des problèmes à maintenir une érection convenable, mais mises à part des petites baisses de régime, les choses se passent plutôt correctement. Il y a maintenant 1500 viewers qui sont là, qui lâchent un peu des tokens sans qu’on leur demande grand chose. Etre acteur c’est un métier et aussi savoir montrer le bon angle à la caméra. Je tente de faire au mieux avec ce streaming qui zappe une frame sur deux. Mais trop sérieux, j’entends surtout fuser un « hey mais baise-moi un peu bordel ! ». Je pose la cam et me reconcentre sur l’essentiel pendant que raisonne le son des tokens. Décidemment, y’a vraiment que l’anal qui paie…

Cela fait d’une heure qu’on est en train de suer pour nos fans et qu’on commence à fatiguer, on se prend quelques pauses qui font immédiatement fuir un tiers de la foule. Pour clore le show, j’annonce que le money time approche, que si on atteint un goal raisonnable, je fais péter le bouchon de liège. Un type pose 85 tokens sur la table, il a donc le droit d’être écouté. Je lui demande où ça lui ferait plaisir que je finisse, il me dit sur les fesses, je lui réponds qu’il est connoisseur avec un clin d’œil appuyé.

Si je sens l’orgasme taper à la porte de sortie, je connais aussi très bien ma bite et ses humeurs, en gros faut pas la stresser. Jouir ne va pas être un problème, ma pote sait exactement ce qu’il faut faire mais la perspective de me lever, de mettre son cul dans le viseur de ma bite et de la caméra m’angoisse partiellement. Je tente une première fois, ça ne vient pas. On se marre, elle vraiment, moi de couleur jaune.

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Internet (allégorie)

La salle se lève alors comme un seul homme, 1500 avatars ont les yeux rivés sur ma bite. J’explique que c’est notre première fois et qu’il va falloir être indulgent. Ces fesses étaient sans doute un objectif trop ambitieux, on ne va pas commencer à jouer les snobs, la bouche reste quand même une valeur sûre. Je retourne au turbin, j’actionne la turbine, je déconnecte mentalement de ces spectateurs et je pense à tout ce qui pourrait m’exciter. Seconde fois que le plafond vient à alors mon secours, on atteint le point de non-retour et la fusée décolle, la foule applaudit, je m’écroule sur le lit, le show est fini.

Après 1h30 de spectacle, je suis épuisé et suant. On ramasse les pièces, 500 tokens au final (soit 25 $ dans notre poche) et 400 nouveaux disciples. C’est certainement pas avec ça qu’on va devenir riche mais c’est déjà plus motivant que rien. Le bilan est donc positif, on remettra ça, c’est certain.

A suivre. “Moi, camboy : face à face avec ta teub (partie 3)”

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