Gauge : « On dit que je suis l’actrice la plus casse-couilles du milieu »

Il y a 4 ans (damn…), j’avais consacré un article à Gauge (qui se prononce ainsi), que dis-je un article, une véritable ode à celle que je place tout en haut de mon panthéon personnel. Disparue des radars en 2005, la reine du poirier anal avait repris ses études et tout roulait jusqu’à ce que des rageux ne viennent remettre sur le tapis ses années porno et l’empêchent ainsi de devenir assistante chirurgienne. Une sale histoire comme il en existe tant dans le milieu. En 2013, elle annonce à la surprise de tous son retour dans le X. Mon cœur de fappeur s’emballe malgré le peu d’informations qu’elle délivre. En 2014 débarquent coup sur coup deux scènes dans laquelle elle apparaît, un POV classique et un massage érotique. Rien d’extrême mais je lui pardonne son retour quelque peu frileux. Je m’engouffre dans la brèche et lui propose une interview, rendez-vous pris sur Skype. Pour contextualiser un peu, Gauge vient de l’Arkansas, état paysan où le second amendement est plus que sanctifié et où les Démocrates ont mauvaise presse. Gauge est une fille du Sud, elle a le franc-parler qui va avec.

J’ai bien cru que nous ne te reverrions jamais dans la sphère porno et de fait, je ne pensais jamais pouvoir discuter avec toi. Quand j’ai commencé à préparer l’interview et que j’en ai parlé autour de moi, j’ai constaté une nouvelle fois que malgré tes 8 années d’absence, tu étais encore très connue parmi les amateurs de porno. J’irai jusqu’à dire que tu es culte pour beaucoup d’entre nous. Es-tu consciente de ce statut privilégié ?

Je ne suis sûrement pas aussi connue qu’on pourrait l’imaginer. J’ai juste une vie rock’nroll avec son lot de stalkers. C’est vrai qu’on me reconnaît dans la rue et on pratique souvent la discrimination à mon encontre mais je ne pense pas être si célèbre, j’aimerais bien cela dit, au moins pour l’état de mon compte en banque ! J’ai parfois été abordée par des gens dont j’étais à mille lieues de penser qu’ils pouvaient me connaître. Des gens m’ont pointé du doigt alors qu’ils devaient sûrement se branler sur mes vidéos. Quand ça allait trop loin, j’avais mon avocat.

Comment te positionnes-tu par rapport à l’industrie actuelle du X après en être restée éloignée pendant tant de temps ?

Je n’ai tourné que deux scènes l’an dernier et c’est tout pour le moment. Avec tous les problèmes sanitaires qui ont eu lieu à Los Angeles et les méthodes de dépistage insuffisantes, j’ai l’impression qu’ils sont vraiment à la masse. A part ça, je fais des vidéos sur mesure pour mes fans dans lesquelles je cite leur nom et de la cam sur Skype avec mon fiancé. Je m’occupe de toute la prod. Je vends aussi mes culottes via mon site internet. L’interaction avec les fans est ce que je préfère, et ce depuis mes débuts.

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Pourquoi as-tu quitté le business ?

A l’époque, ils n’imposaient pas de test pour l’herpès. J’avais une scène FFM de prévue et la fille avec qui je devais jouer avait manifestement une poussée d’herpès. Les mecs ont commencé à me prendre la tête parce que je voulais annuler la scène. Ils sont allés jusqu’à me dire qu’elle s’était blessée en se rasant. Ça devait être avec un rasoir rouillé datant des 70’s ! Ils se fichaient des risques que je pouvais encourir. Ils se foutaient de savoir si elle avait un herpès ou pas. J’ai eu la chance de ne jamais avoir été infectée, j’étais tellement naïve, je n’avais aucune d’idée de ce que je risquais, je suis passée entre les gouttes tant de fois alors qu’a priori entre 40% et 70% des gens qui tournent l’ont déjà eu.

Qu’est ce qui a changé en 8 ans ?

Aujourd’hui tout le monde doit présenter un test avant de shooter. Ça doit être renouvelé toutes les deux semaines. Avant c’était une fois par mois. Cela dit, ça n’empêche pas ton partenaire d’être sorti la veille de la scène que tu dois shooter avec lui, il peut avoir fait n’importe quoi et ça te retombe dessus. La prévention a ses limites, le sida n’est pas la seule IST. Si on devait tout tester, l’industrie s’effondrerait. En mon temps, je faisais déjà systématiquement un full test : VIH, chlamydia, gonorrhée, syphilis, herpès, etc, les mecs connaissaient peut-être même mon taux de cholestérol après tout ça ! Je payais tout ça de ma poche. L’an dernier, quand j’ai recommencé à tourner, j’ai vu que l’hépatite C ne faisait pas partie des tests de dépistage obligatoire, j’ai appelé la prod pour qu’il fasse tester l’acteur et on m’a dit « Gauge, l’hépatite C n’est pas une IST ». Allo… Il y a un risque de contamination lorsqu’il y a présence de sang, si tu la choppes, tu ne peux pas t’en débarrasser, il n’y a pas de remède ! Et le résultat c’est que j’entends dire que je suis la fille la plus casse-couille de l’industrie. Si je dois être la plus chiante, alors je dois être également la plus saine. Je me suis pointée sur le tournage et là mon agent me dit qu’il y a une épidémie d’hépatite C et qu’ils ont déclaré un moratoire sur le porno. C’était en août 2013. Qu’ils aillent se faire foutre !

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Donc les deux scènes que tu as shootées en 2013 pour Brazzers et MrPOV n’auront été qu’un faux départ ?

J’envisage désormais de faire mes propres trucs. Je ne suis peut-être pas ultra calée en montage mais je me débrouille, j’ai beaucoup de choses en stock. Alors c’est sûr, ce ne sera pas une super production mais ce ne sera pas non plus une de ces vidéos complètement barrées où je laisserai un mec me jouir dans l’œil et me pisser dessus pour nettoyer ! Ce que je vais faire me correspondra en tout point, ce sera fait avec le cœur, selon ce qui me plaît.

J’allais justement te demander si tu allais retomber dans des trucs vraiment hardcores mais tu as plus ou moins répondu à ma question ! Même si tu n’as pas versé dans ce qu’il y a de plus extrême, j’ai souvenir d’une scène qui m’a beaucoup marqué. C’était un gang bang interracial très intense, tu étais accompagnée d’une rouquine…

Ah ouais, Sarah je ne sais plus quoi (ndr : Sienna d’après iafd). Vous êtes nombreux à apprécier cette scène en particulier mais moi je ne l’aime pas du tout. J’étais supposée faire une scène avec une nana et trois mecs, j’arrive sur le tournage et je me retrouve face à tout ce monde. C’était hors de question que je shoote. Il faut savoir que je n’avais jamais fait d’interracial avant, non pas que je sois raciste mais je suis du Sud et Noirs et Blancs ne sont pas trop habitués à se mélanger dans mon coin. Donc là, j’étais face à mon premier gang bang, interracial qui plus est, et en plus on m’avait menti sur les conditions. Je suis restée en salle de maquillage pendant une heure et demi, la prod insistait lourdement pour que je tourne car ils n’avaient personne pour me remplacer. J’ai appelé ma mère pour lui en parler. Résultat, je leur ai fait cracher un maximum de fric et j’ai shooté la scène. (rires)

Back in the days

Back in the days

Il y a une autre scène que les gens gardent en mémoire, celle où tu joues une teen qui se fait baby-sitter par un pote de son grand frère. On y voit ton fameux poirier anal…

Le Babysitter” est une des scènes dont tout le monde semble se souvenir. Je me rappelle parfaitement les conditions de tournage, je m’étais éclatée, par contre je ne crois pas qu’il s’agisse de la première où je faisais le poirier.

Comment expliques-tu qu’après tant de temps, les gens t’en parlent encore ?

Je suppose qu’il y a beaucoup de pervers ici-bas (rires). Il faudrait demander aux fans car je ne sais pas pourquoi elle a un tel succès. Il y a eu le cas de ce mec, ici aux Etats-Unis qui a été inculpé de pédopornographie, son avocat a dû m’appeler et m’a demandé ma date de naissance et celle du tournage. Bien sûr, je n’étais pas mineure, j’avais 20 ans quand ça a été shooté.

C’est vrai que Mojo, le mec qui jouait le babysitter – et qui a tourné de nombreuses scènes avec toi – était ton mec à l’époque ?

C’est le mec que je fréquentais quand je me suis mise au porno, il est devenu chelou vis-à-vis de moi par la suite. Je ne l’ai plus jamais vu après 2002 et j’ai malheureusement découvert qu’il est mort il y a deux ans mais je ne sais pas dans quelles conditions.

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Question banale mais à laquelle je n’ai trouvé aucune réponse en fouillant les internets, d’où vient ton pseudo ?

Le nom « Gauge » (ndlr : calibre en français) vient de l’époque où je faisais du strip-tease. Je dansais à travers le pays, j’utilisais un nom de scène classique choisi au hasard et je me suis retrouvée un jour dans un club où une fille utilisait le même nom que moi, j’ai dû changer le mien. Je n’avais pas d’inspiration, et quand ce fut à mon tour, j’ai dit au DJ de choisir pour moi et là il me donna un nom stupide du genre Princess ou Precious. Je zappais systématiquement que c’était à moi de danser à cause de ce nom. A force de rater mon tour, j’ai fini par aller gueuler que j’avais besoin d’un autre putain de nom car de toutes évidences, je n’arrivais pas à me faire à celui qu’on m’avait donné. Le proprio était présent à ce moment-là, il m’a balancé « Aren’t you a 12 gauge shotgun today? » (ndlr : traduction littérale : « tu ne serais pas un calibre 12 aujourd’hui ? », idiomatiquement on dirait « tu as bouffé du lion ce matin ? »), ce à quoi j’ai répondu « C’est parfait ! « Gauge », je prends ! ». J’ai développé ma fanbase dans le strip-tease avec ce nom-là, donc je l’ai gardé.

J’ai justement lu quelque part que tu étais fan d’armes à feu, je voulais connaître ton point de vue sur la régulation des armes aux USA.

Quand un conducteur ivre provoque un accident, on met en cause le conducteur ou l’alcool, en aucun cas la voiture. Ici, dans le Sud, on est très « pro-gun ». C’est pour moi une erreur manifeste de retirer aux Américains leurs armes à feu surtout dans un contexte de crise. Les atteintes à la constitution amènent à l’agitation civile et je m’y prépare. Le gouvernement prive progressivement les gens de leurs droits et ça commence par les armes, je trouve ça très triste. En tout cas ça risque d’être compliqué de venir nous les reprendre, surtout dans le Sud.

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En parcourant ton compte twitter, j’ai vu que tu suivais assidûment la NBA. Tu as des équipes que tu soutiens plus que d’autres ?

J’aime suivre les Mavericks – j’ai été très déçue qu’ils perdent contre les Spurs – le Thunder et le Heat. Je n’ai jamais eu d’affinités envers les Lakers car je les ai toujours considérés comme surestimés. J’ai rencontré quelques joueurs de cette équipe qui n’étaient vraiment pas agréables. Ils m’ont été présentés, car jamais je n’irais vers quelqu’un en lui disant que je suis sa plus grande fan. Habituellement quand on me fait rencontrer des gens, ça se passe très bien mais à la parade des Lakers, je suis tombée sur deux cons finis.

Tu peux nous donner des noms ?

Oui, Kobe Bryant et Derek Fisher, qui pourtant vient du Sud lui aussi, ce fils de pute devrait avoir un peu de jugeote, ou en tout cas être un minimum respectueux. Par contre, il y en a un qui est vraiment génial et adorable, c’est Magic Johnson !

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Ta période californienne ne te manque pas trop ?

Le climat me manque. Ici je ne sors plus trop alors qu’à l’époque il y avait tout le temps des teufs et des choses à faire, je pense avoir eu ma dose pour le restant de mes jours. Je me souviens des « porn star karaoke » où des gens de la Warner ou d’Universal venaient s’amuser et traîner avec des actrices porno. Maintenant ces gens- là doivent bosser sur des films Disney, j’imagine (rires). J’ai gardé des contacts avec certaines personnes avec qui j’ai bossé comme Ashley Blue, Ginger Lynn, Mark Davis… On est toujours proches.

Et ça ressemble à quoi la vie en Arkansas ?

C’est la campagne, même les grosses villes sont quasi rurales. Il n’y a pas une densité de population folle. Là où je vis, on est peut-être 50.000. C’est sympa mais il me tarde de déménager. Tout le monde me connaît ici et ça me porte souvent préjudice. Je veux changer de cadre c’est pourquoi je pars m’installer au Texas.

 

(Merci à Guimguim LDV de m’avoir permis de faire ce skype sur écran géant)

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