Stoya parle de capote

Stoya – oui l’actrice porno, vous en connaissiez une autre ? – met son grain de sel dans le débat sur la capote dans le porn US. Les tournages ont repris le 20 septembre avec la fin du moratoire. La Free Speech Coalition (FSC), qui se charge toujours de savoir qui a chopé quoi dans l’industrie américaine, a mis en place un nouveau protocole de prévention. Désormais, les acteurs doivent se faire tester tous les 14 jours.

Alors depuis les contaminations avérées de trois acteurs, qui coquinaient ensemble en dehors des plateaux, le monde du porno américain n’en finit plus de se houspiller. La AIDS Healthcare Foundation (AHF) et son président Michael Weinstein n’en loupent pas une pour tacler la FSC. Et vice-versa.

Un bel exemple fut la conférence de presse organisée par la AHF. L’objectif de mobiliser les médias contre l’industrie négligente ne faisait pas de doute. Les acteurs infectés convoqués, un ancien performeur contaminé, tout incitait à se focaliser sur la terrible situation des porteurs du VIH. Les larmes coulèrent, les appels à la protection retentirent. Bref, tartiné de pathos, le discours de la AHF fut bien distillé. Rajoutons à cela le témoignage accablant de Cameron Bay dans le Huffington Post, pointant des comportements ambigus. La police, sur le qui-vive, se préparait à débarquer dans chaque studio de la région pour inculper et mettre en prison ces irresponsables.

Heureusement, la tendre Stoya propose un peu de douceur. Elle apaise les esprits et nous rappelle qu’en matière d’infections sexuellement transmissibles (IST), seule la réduction des risques existe. Pas l’annihilation complète du danger. Il en est du sexe comme de la route, la prévention ne peut éviter la totalité des accidents. Le péril, tapi dans un coin, surprend toujours sans que l’on puisse forcément l’anticiper et l’empêcher.

La AHF affirme le contraire. Capotes partout, IST nulle part. Sauf que les producteurs moins scrupuleux offriront toujours de l’argent pour du sans capote à des actrices désœuvrées et cela sans contrôle médical. De plus au pays des libertés individuelles, ce genre de volonté ne s’accepte pas facilement. Pourtant, avec le débat en cours, quelques réalisateurs et studios de production changent d’avis et opèrent systématiquement avec la protection de caoutchouc. D’autres encore laissent le choix dans le port. Tu ne le sens pas, tu le dis et les cinq mecs prévus pour le gang bang enfilent une capote. Une capote chacun, entendons-nous bien…

Stoya, elle, en qualité de contract girl (le CDI du porno, où tu n’as pas à courir le cachet, vu qu’un gros montant tombe chaque mois sur ton compte), n’aime pas le préservatif. Ça lui irrite les muqueuses lors des va-et-vient prolongés qu’impose le sexe filmé. Donc, elle préfère sans, pour offrir un beau spectacle. Elle l’exprime ainsi, je n’invente rien.

Le témoignage de la porn star nous incite à penser que, sur le sujet, chacun voit midi à sa porte. Mais surtout que les arguments avancés cachent souvent des desseins politiques ou corporatistes, loin de la préoccupation sanitaire des acteurs et actrices. En tant que membre impliqué et reconnu de ce milieu, Stoya rappelle pour conclure que les décisions doivent tenir compte de l’avis de ceux et celles qui prennent les risques. Décideurs, descendez de vos tours d’ivoire et abandonnez vos conflits ! Consultez les performeurs !

L’éducation sexuelle des débutants dans le milieu se faisait à une époque. Il y avait une entrée au porno. Sharon Mitchell, une ancienne actrice, prodiguait conseils, recommandations et bons comportements. Son œuvre préventive s’est conclue en 2011, remplacée par le système PASS et ses tests sans empathie. Stoya semble regretter ce temps de dialogue et de bienveillance, car le danger naît principalement de la conduite des acteurs et actrices. Peu importe au final les débats sur tel ou tel test VIH ou leur fréquence, ce qu’il faut c’est prendre soin de ceux et celles qui offrent le spectacle. Ce sont eux qui priment dans l’histoire.

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