Je suis devenu VIP chez Kink Virtual

Tranquillement au bureau en train d’assurer ma mission de veille rédactionnelle, je m’apprêtais à sortir étudier l’incidence de l’apparition soudaine de l’astre solaire sur la longueur des jupes parisiennes – un nouvel article en immersion totale dont j’ai le plus grand secret – quand le taulier a eu une autre idée.

Il m’a tendu une carte gold dont j’ignorais jusqu’alors l’existence et m’a annoncé ma nouvelle mission : « Coco, tu vas devenir VIP sur Kink Virtual et cette-fois, tu ne pars pas avant d’avoir utilisé à bon escient ton tuyau de plombier polonais », avant de se mettre à chantonner « Pippo, Pippo, Pippo et son gros tuyau » de sa petite voix fluette.

red light center VIP confirmation

Un CCBill de 20€ plus tard, me voilà sérieusement dans le game.

Je dois l’avouer, je n’étais pas chaud chaud à l’idée de retourner dans l’Utherverse, encore traumatisé de mon expérience ratée (que je conseille de lire au risque de ne pas comprendre une grande partie de ce qui va suivre). Mais que voulez-vous, il me restait ce goût amer d’inachevé sur le clavier et je ne suis pas homme à faire les choses à moitié. Il fallait que je replonge dans ce monde étrange, bien décidé à revenir sur les étapes de mon échec pour en changer la conclusion.

Un monde de surprises

Première surprise : je ne débarque plus dans mon antre habituelle, mais dans le transport center, ce hall de gare pour âmes errantes. J’ai dit que je reprenais les étapes de mon voyage précédent, direction donc la troisième porte des étoiles sur la gauche, celle qui me mène chez Kink Virtual, je reviendrai dans ce hall en temps voulu. Je retrouve mon nid douillet, ses tapis persans/dancefloors, sa belle hauteur sous plafond, ses chaînes… sa musique.

De bonne humeur à l’idée de retrouver ce lieu où je me sens si bien, je ne mute pas You give love a bad name, ce qui incite Gonzo, dont le bureau se situe dans mon dos, à m’intimer l’ordre de mettre un casque le plus rapidement possible si je veux continuer à utiliser mes bras pour jouer/écrire des articles/fapper.

Nouvelle surprise : la blonde et la redhead qui se tenaient de part et d’autre de mon lit, si habillées quand j’étais ce crevard de l’amour, sont désormais entièrement nues. Manifestement, Peter Acworth sait recevoir ses VIP, et je deviens un peu moins réticent à l’idée de poursuivre l’aventure.

Kink Virtual lounge VIP

Welcome to my VIP crib !

Forcément, je m’approche de tous ces objets, de toutes ces modèles qui me sont devenues beaucoup plus friendly depuis mon ascension sur l’échelle sociale du membership. La Catapult Super Digital Ultra HD 81 reste inutilisable, certainement cette péritel toujours débranchée. Mais les filles, elles, sont dorénavant bien « cliquables », même la petite ebony qui a quitté son jean-débardeur pour ne laisser aucun obstacle entre sa douce – je l’imagine douce – peau sombre et l’acajou apparent de la table sur laquelle elle continue à s’amuser plus explicitement.

Et là, troisième surprise de mon nouveau statut : à côté de cette table, une porte contre laquelle je me cognais désespérément m’est maintenant disponible… Je pousse – enfin je clique sur – ce lourd battant, pour se voir révéler à moi une pièce secrète, sombre, silencieuse – la musique s’est coupée – et dépouillée, seulement destinée à nos petits jeux : cette pièce, ce sera MA pièce, celle où il me faudra conclure, voici mon objectif.

Kink Virtual secret room dungeon

La cave de Nikita, mais en mieux.

Il est temps de partir à la recherche de ma nouvelle conquête. Mais avant de m’aventurer à nouveau dans ce grand monde, une dernière chose : dans le coin supérieur droit de mon écran s’affiche désormais, en lieu et place du « UPGRADE TO VIP » qui m’aguichait en lettres d’or, une version miniature de mon avatar, dont je découvre qu’il peut être mis à nu en cliquant simplement sur ses fringues. Il est temps de le créer à mon image.

Nouveau look pour une nouvelle vie

Customiser son personnage, c’est tout de même une étape essentielle dans n’importe quel jeu digne de ce nom. Le but est qu’il nous ressemble – à moins de jouer à du MMORPG plus orienté Heroic-Fantasy, auquel cas on se fera un point d’honneur à donner à l’orc qui nous sert d’avatar le look le plus chimérique possible.

Dans Kink Virtual, ce côté plus fantaisiste est possible si on est amateur des divagations « furry », mais comme le jeu a crashé quand j’ai voulu m’y essayer, j’ai pris ça comme un signe d’éviter de pousser ce délire trop loin. Je m’en tiens à l’humain et tente de me représenter dans ma tenue IRL du jour : un combo assez classique de skets-jean-polo plutôt facile à reproduire.

La personnalisation vestimentaire peut être encore plus poussée en dépensant des Rays (la devise du jeu, qui s’échange entre 0.070 et 0.075 $ le ray) dans les très nombreuses boutiques de ce monde virtuel, mais c’est du côté du physique que ça se complique : si au niveau de la carrure on a l’embarras du choix de « micro » à « X-Large », il me sera très difficile de reproduire correctement ma jolie gueule d’amour.

Faute de mieux, je me retrouve donc avec une coiffure type petite crête des années 2000 pour ne pas avoir à choisir entre un véritable iroquois, un chapeau de cow-boy blanc et une coiffure tout droit sortie de Jersey Shore ; une tête carrée d’agent du KGB à la mâchoire serrée ; une barbe plus proche que celle de Zangief que de ma belle pilosité de trois jours.

Kink Virtual relooking

Relooking extrême

D’autres personnalisations existent : si l’envie vous prend d’avoir une gueule à la John Wayne Gacy en mode Pogo, sachez que c’est tout à fait possible. Le catalogue de tatouages est probablement le plus fourni, du classique tribal à l’estampe japonaise qui met en scène une femme ligotée sur le dos, en passant par le loup qui hurle devant une lune énorme (no kidding) ou le Heartagram, un choix vraiment impressionnant.

Les piercings sont disponibles également, même s’il manque cruellement d’un prince Albert pour joyeusement agrémenter ma belle teub, de taille relativement correcte mais pas modifiable hélas. Je m’accommoderai de ce manque, il est plus que temps pour moi d’aller arpenter les dédales de l’Utherverse et enfin, enfin atteindre ce but pour lequel je me suis lancé dans cette folle aventure : m’envoyer en l’air chez Kink.

Seul au monde (bis)

Première destination, évidemment, le Transport Center. Là où j’ai rencontré du monde hier, la déception aujourd’hui : l’absence de toute âme qui vive, même pas une petite verte comme je l’étais lors de ma première visite. Serait-ce mon supplice qui se rejoue ? Je le crains déjà, tant j’ai l’impression de revivre les mêmes situations désertiques.

Seule différence : des zones qui m’étaient interdites jadis me sont désormais pleinement accessibles et c’est à nouveau que je me retrouve dans ces lieux incongrus ; cette plage, ce bateau et même un musée dans un Vancouver reconstitué – vestige d’une époque où la ville s’était dit que placer des billets verts dans les mondes virtuels était une idée novatrice.

J’imagine des centaines d’avatars assister à un vernissage virtuel, à boire du champagne virtuel dans cette grande salle remplie d’œuvres d’artistes locaux qui se rapproche maintenant plus du bar de l’Overlook que d’un haut lieu de la culture. Je chope une bière et esquisse quelques pas sur le Rihanna qui joue à ce moment là, mais seul sur le dancefloor, le cœur n’y est pas.

Dancing in the museum of Virtual Vancouver

Everyday I’m poppin’

Dans l’immensité de ce monde, il y a vraiment des coins sympas pour s’envoyer en l’air ou juste pour visiter. À l’apogée de ce modèle de mondes virtuels, des mecs ont voulu investir dans ce qu’ils pensaient être le futur : des marques, ou peut-être juste des fans qui se sont mis en tête de passer des dizaines d’heures à modéliser ces lieux si particuliers dans le but de se faire un peu de pub ou un peu de maille, ce qu’ils ont dû réussir à faire pendant seulement trois mois.

Aujourd’hui, tous ces lieux sont tous aussi désert les uns que les autres et c’est dans la solitude la plus totale que je traine au gré des clics sur les portes. Là dans une boutique remplie de fringues ringardes à acheter pour quelques rays ou plus loin dans un bar au drapeau texan, à chevaucher un taureau mécanique – expérience que j’ai faite nu parce que YOLO et parce que de toute façon qui peut me juger ?

Le meilleur délire reste néanmoins le Hell Katz, une espèce de bâtisse qui se voudrait gothique, avec des dragons et des femmes géantes en magma en guise de déco. Si vous pensez que je vous écris sous champis, détrompez-vous. On peut effectivement croiser des champignons rigolos dans le jeu, mais les seuls effets seront des couleurs un peu plus ternes et un effet chiant de traîne derrière le personnage, la preuve en image.

Hell Katz Kink Virtual Giantess

Méga déliiire !

L’ambiance est Svart Crownesque à souhait et les accessoires dans le thème de ma mission. Seul problème : comme trop souvent, il n’y a personne pour me servir de partenaire. Monde de merde. Et puis je me souviens : le Palace Sex Pit. Son dancefloor bondé ; ses lits ; ses masseuses et sa playlist effrénée.

Pour une fois, je ne suis pas trop déçu : il y a du monde – comprendre une douzaine de personnes – du vert, du jaune, et ma dernière conquête, cette charmante bunny aux cheveux peroxydés qui a depuis nos derniers ébats perdu sa fourrure. Je ne suis pas là pour jouer aux dés ; je balance alors dans mon plus bel anglais à l’assemblée réunie : « Who’s in for some BDSM action at the Kink Lounge? 😉« , difficile de faire plus explicite.

C’est x_HEAT_LIPS_x qui me répond, par message privé s’il vous plaît ! Ma joie, pourtant, sera de courte durée.

It’s all about the money

Car x_HEAT_LIPS_x, malgré un pseudo caliente et sa dégaine attrayante de blonde en nuisette, n’est autre qu’une courtisane. Une gourgandine, une gagneuse… Une péripatéticienne qui me racole comme il se doit : « I am for rays anywhere ». J’enfile mon plus beau costume de Bernard de la Villardière, et l’agrémente d’un peu de naïveté : comment se fait-il qu’une fois VIP, on me demande encore de payer ? x_HEAT_LIPS_x, pensant flairer le noob et/ou le pigeon, m’explique : c’est une working girl, comme l’indique un petit badge rouge au dessus de sa tête.

Son tarif : 40 rays les 20 minutes. Pour venir dans mon antre Kinkesque, elle m’annonce que ce sera un peu plus cher, sans me dire vraiment combien, malgré mes demandes répétées. Comprenant que je n’étais pas prêt à passer à la caisse aussi facilement, elle s’éloignera vite vers une autre cible moins économe que moi et qui n’hésitera pas à s’allonger sur elle à même les lits du Palace. Soudain, je vois tout un tas de badges rouges « working girl » auxquels je n’avais pas prêté attention jusqu’alors.

kink virtual palace sex pit working girls

I got 99 problems but the bitches ain’t one.

Ce n’est pas là la seule déception liée à ce statut de VIP : si cette condition privilégiée ouvre beaucoup de portes elle ne les ouvre pas toutes. En clair, il persiste des endroits – type jet privé, prison, salle de classe – pour lesquels on vous demandera de lâcher 5 ou 10 rays pour passer une durée limitée dans ces décors enchanteurs. Dans l’idée, pourquoi pas. Mais si c’est aussi vide que le reste de l’Utherverse, je préfère cliquer sur ce bouton que je me gardais pour le dessert : le bouton « Explore ».

Le nouvel explorateur

Le bouton Explore, c’est ne plus se perdre dans ce dédale sans fin, cesser de faire traîner cet article en longueur et aller droit au but. Cliquer sur ce bouton, c’est accéder aux événements qui se déroulent dans l’Utherverse, mais c’est surtout ouvrir un véritable annuaire de toutes les rooms disponibles, classées par thème. Tout naturellement, ma souris clique sur « Adult ».

L’avantage de cette fonction, c’est aussi qu’elle offre un aperçu du nombre de personnes qui se trouve dans chaque room et je vois justement que 26 personnes font la fête dans la Dirty Deeds PlayhouseIl est plus que temps de s’y incruster et profiter de l’ambiance pour ramener une conquête, ambiance surboum.

Comme à mon habitude, je lance avec le moins de pression possible « Who’s up for a bit of fun in the Kink Dungeon ? 😉 ». À nouveau, c’est une working girl qui me répond : 100 rays et elle est à moi. Je ne négocie pas, car je sais que toutes les putes sont des miss. Quand je lui dis que je partais plus sur un moment plaisant mais gratuit, elle m’explique gentiment que je ne suis probablement pas au meilleur endroit, plus peuplé de couples et de professionnelles que de gens prêts à s’encanailler avec un inconnu. Elle me conseille plutôt le Passions, mais à chaque visite, le lieu est désespérément vide.

kink virtual dirty deeds playhouse

Gros potentiel de swinger party, qui peut le nier ?

Je croyais atterrir dans l’antre du sexe virtuel, du libertinage décomplexé par écrans interposés, il semblerait que le joueur de Red Light Center soit plus dans un délire de communauté/famille/forum que dans celui de partouze généralisée — dommage.

J’ai d’abord cru à un problème d’horaires. Pourtant, même quand je me connectais à des horaires de streaming de match de NBA pour compenser le décalage avec les US, c’était le même genre d’ambiance. Même dans des « clubs » pourtant explicitement dédiés au BDSM, les échanges entre « maîtres » et « esclaves » n’étaient que verbaux. Le chatting est un délire qui a son charme, après tout, mais le chat Caramail avait au moins l’avantage d’être gratuit.

J’essaie pourtant, restant plus de quatre heures au Torture Garden à discuter, tenter de convaincre l’une ou l’autre de partager quelques instant de fun chez Kink et commence à me résigner : si je veux devenir intime avec l’une de ces personnes, il va me falloir plus d’un mois d’abonnement, de quoi ruiner toute une rédaction dédiée à la culture porn.

La solution de facilité

Honnêtement, les heures et les heures passées à arpenter ce monde virtuel m’ont épuisé. Alors à nouveau et surtout pour mettre un terme à cet article déjà trop long, je cède à la facilité : celle des bots, des jeunes filles déjà nues, immobiles, silencieuses, tellement ennuyeuses mais ouvertes à toutes les pratiques.

Quelque soit le support choisi – lit, cordes, croix de Saint André, futon de bondage – les possibilités sont nombreuses mais un peu répétitives : par devant, par derrière, un vibro, une canne, un fouet, trois degrés de force pour flageller au choix les pieds, les fesses, le ventre, avec deux trois bruitages pour l’authenticité.

Finalement, c’est le bon vieux plumard qui se révèle être le plus rigolo : on passe par toutes les étapes, du simple flirt au strap-on action en passant par les inévitables actions orales – rimjob compris – ou les très académiques missionnaires et levrettes ; on peut aussi avoir recours à toutes sortes de fucking machines, fers de lance de tout un pan de la maison Kink.

Une fois rassasié/lassé (je privilégie cette deuxième solution, hélas), un bouton vient apporter la conclusion évidente à toute cette récréation : CUM. Chez Kink, le coït c’est « no capot » et pas de creampie : quelques grognements au moment fatidique de l’expulsion de semence, qui finira au pire dans le vide, au mieux sur une parcelle de peau de pixels (mais jamais sur le visage). Dans tous les cas, ma partenaire restera silencieuse, à regarder le plafond, me ramenant à de douloureux souvenirs de 5 à 7 adolescents – mais ceci est une autre histoire.

kink virtual bondage bed cum face

« Once you’ve seen a woman’s cumface you’ve seen her soul ». Pas beaucoup d’âme chez les robots.

Conclusion

Sur le papier, ce Kink Virtual – et plus largement toute l’idée du Red Light Center – est un très très bon délire. Cependant, plusieurs éléments tendent, à mon sens, à enlever le côté fun et lâcher-prise d’un jeu axé sur le cul : les partenaires, tout d’abord, trop absents. Et quand partenaires il y a, ceux-ci se prennent tellement la tête à être à fond dans leur personnage de maître/esclave/teufeur qui fait wooo qu’ils en oublient de s’éclater et s’envoyer en l’air.

J’aurais vraiment aimé rencontrer quelqu’un et expérimenter toutes ces salles, vides des gens mais pleines d’accessoires plus fous les uns que les autres. Le Tag m’en a donné les moyens, mais que voulez-vous, je n’en suis pas encore à forcer les gens pour une partie de jambes en l’air. Si tu me lis et que cette aventure t’inspire, passe donc dans le Kink Lounge, moi c’est Pippo_LeTag.

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