Tiffany Doll : « Je ne suis pas là pour chercher mes limites »

En juin dernier on était sur le tournage du prochain film de Jack Tyler et Nina Roberts. L’occasion pour nous de retrouver Tiffany Doll et d’en savoir un peu plus sur un des meilleurs espoirs du porno français. 

Tu as commencé le porn il y a tout juste deux ans suite à une petite annonce. Comment on se lève un matin à 24 ans et on se dit : tiens, si je me lançais dans l’aventure ?
J’ai pas commencé dans le but de faire une carrière, mais pour essayer quelque chose de nouveau dans ma sexualité.

Y’a pas mal de filles qui voudraient essayer mais elles ont peur que ça salisse leur image, par rapport à leurs parents notamment. Tu y as pensé ?
Étant donné que j’ai commencé en Angleterre, ça ne m’a pas posé de problème. Puis c’était une petite production, et mes parents habitant en France ça allait être assez difficile pour eux de tomber là-dessus. Si c’est pour essayer une fois, ça sert à rien d’être en guerre avec sa famille. A la base j’ai juste commencé pour m’amuser. Maintenant c’est un vrai boulot et mes parents sont au courant.

Quand est-ce que c’est devenu un “vrai boulot” dans ta tête ?
Assez rapidement. La première fois n’était pas très sérieuse, donc je ne la compte pas. J’ai vraiment pris conscience que j’allais en faire quand j’ai fait ma première vraie scène pro avec les démarches qui vont avec.

T’es allée en Angleterre, en France, aux États-Unis, à l’est, tu vois des différences sur les tournages ?
A l’est et aux EU c’est un peu plus l’usine, les étrangères tournent surtout des gonzos, principalement à cause de la langue. Il n’y a pas le côté famille que tu as pu retrouver sur le tournage de Jack Tyler où le soir on mange tous ensemble, on s’ouvre une bouteille de vin et on rigole. Pour moi ça fait une grande différence, et ça me manque à l’étranger. Mais on retrouve un peu ça en Angleterre où les prods sont plus petites.

Tu disais sur Twitter l’autre jour que tu préférais les hardeurs français pour leur capacité à garder une capote pendant des heures, c’est un sujet qui te touche ?
En France on a un peu l’obligation de porter la capote à cause de Canal + (charte reprise par le CSA, ndlr), du coup c’est une habitude à prendre. Porter un bout de plastique pendant 4-5h c’est pas forcement évident car ça atténue les sensations. L’autre jour, on m’a demandé si je connaissais des hommes capables de faire des scènes avec capote, ça veut donc dire que certains n’en sont pas capables.

Et ta position là-dessus ?
C’est compliqué… En France c’est un peu hypocrite, on nous demande seulement les test HIV, alors qu’il y a d’autres MST que le sida. Moi comme d’autres, on fait souvent des full test mais parce qu’on travaille à l’étranger. Ici, on nous le demande pas. C’est bien de porter le préservatif mais les autres tests sont tout aussi importants.

Je suis d’accord qu’il faille apprendre aux jeunes à porter le préservatif, dans la vie privée j’en mets évidemment mais au boulot c’est différent, on a les tests. Puis on ne doit pas prendre le rôle des parents ou de l’État, c’est pas à nous en tant qu’acteurs d’expliquer aux ados comment faire.

Dans la mesure où c’est interdit aux mineurs…
Dans ce cas-là, le CSA devrait demander aux films traditionnels de le faire, on les voit jamais mettre de préservatif, ça touche pourtant un public plus large. Ça serait plus intéressant que de toujours viser le porno.

Où penses-tu développer ta carrière ?
A l’étranger, en France c’est plus compliqué, ça reste un petit milieu, une petite famille. Le côté actrice-performeuse m’intéresse toujours mais dans la continuité j’aimerais passer derrière la caméra. Ça va se faire doucement.

Tu as des “modèles” comme actrices ?
Non, il y a des actrices que j’apprécie en tant que consommatrice. Je suis de la génération Canal +, à l’époque c’était les films de Blue One : Oceane, Clara Morgane, Katsuni. C’étaient les femmes sur qui je me masturbais.

Et pas les girl next door américaines ?
Non car à l’époque on n’avait pas accès à ça, comme sur les tubes gratuits. C’est aussi pour ça que j’aime les films scénarisés. Mais c’est vrai que si j’ai envie de me divertir un coup, ou de me branler vite fait, je ne vais pas m’embêter à regarder un film entier, je vais aller du côté de Brazzers ou de Reality Kings. Dans ces cas-là, je regarde pas vraiment les noms mais plus le physique. Sasha Grey par exemple, c’est le genre de physique naturel que j’aime.

Tu te retrouves dans cette idée de performance ?
Si c’est dans le côté girl next door américaine, naturelle mais hard, oui. J’aime quand ça tape.

Tu cherches tes limites à travers le porn ?
Je sais ce que j’aime faire, je ne suis pas là pour chercher mes limites. L’avantage d’avoir commencé à 24 ans, c’est qu’on se connaît sexuellement. Une nana qui commence à tout juste 18 ans, elle se cherche encore.

La première fois que je t’ai vue, j’avais un peu l’impression que tu surjouais la bêtise, c’est une façon de s’adapter à un certain public ?
Je suis quelqu’un de normal, j’aime bien délirer, j’aime bien faire la conne. Je sais pas pourquoi je fais ça… C’est une peut-être une sorte de carapace… Je sais qu’on me le dit souvent, je fais un peu la jolie petite idiote, je pense pas l’être non plus, faudrait que j’en parle à un psy, j’en sais rien… (rires)

T’en as pas marre de voir toujours les mêmes libidineux autour de toi ?
Y’en a c’est vrai… c’est un peu trop. Il y a des gens en soirée, ça fait 20 ans qu’ils font que ça : parcourir tous les salons, pour prendre des photos et des autographes ; certains ont leur vie qui est complètement plongée là-dedans. Mais je ne trouve pas que ce soit sale, c’est une passion comme une autre, et sans eux on ne serait pas ici. Nos fans faut aussi savoir les respecter même si certains sont un peu étranges de temps en temps.

Après ça se retrouve aussi dans le cinéma tradi, dans la musique. Là vu que c’est le porno, et que c’est un tout petit milieu, on a l’impression que c’est sale, mais pas plus qu’un bande de gamines qui vont crier Justin Bieber à en pleurer. C’est aussi un jeu entre fans et acteurs. Puis il faut pas oublier que je suis une grosse cochonne, quand un mec me dit “qu’est ce que j’ai joui quand je t’ai vu faire ça, je me suis bien branlé, j’ai vidé mon sopalin”, ça me fait plaisir.

T’assumes complètement ce côté franchouillard ?
C’est toujours plus sympa d’avoir des gens en face de toi qui sont francs, qui te disent qu’ils t’apprécient parce que tu les fais bander, plutôt que d’avoir un mec en train de te lécher le fion sans jamais te parler cul, qui tourne autour du pot pour finalement te dire la même chose.

Sur le tournage, Nina Roberts râlait pas mal sur les commentaires sous vos photos Facebook. Tu vis ça comment ?
C’est le métier qui veut ça, on représente un certain fantasme pour les mecs. Comme mes collègues, je reçois des photos de bites, des questions pour savoir si je fais de l’escorting, si on peut se rencontrer… Faut savoir supporter et c’est pas toujours agréable. Enfin, ça a toujours existé et ça s’arrange pas avec les réseaux sociaux.

On a l’impression que le milieu en France est un peu figé dans le temps, tu en penses quoi ?
C’est la France en général qui est figée dans le temps, quand on regarde les films traditionnels, on voit que la même chose depuis des années. Y’en a quand même quelques uns qui arrivent à faire autre chose. Comme aux États-Unis ou à l’est, il faut vraiment se développer sur internet, comme John B. Root essaye de faire ici pour ne citer que lui. Le porno français peut évoluer, mais vu qu’on est très chauvin, ça va être assez difficile.

Sur le plateau, t’arrêtais pas de chanter… T’écoutes quoi ?
En général j’écoute beaucoup de punk français, les Béru, Ludwig von 88, les Garçons Bouchers. Mais sur un plateau je vais plutôt chanter de la variété française des années 80s, David et Jonathan, de la grande musique !

Tu nous disais dans une précédente interview que tu regardais plus de porno amat que du pro, qu’est ce que tu cherches en plus là-dedans ? Est-ce que les deux sont possibles ?
J’ai des périodes, là c’était l’amat, en ce moment je suis plus dans les hentaï. Je recherche plus une certaine perversité dans le scénario, mettre un hentai en vidéo avec des personnes je trouve ça assez ridicule. Je change à chaque fois, par exemple la veille c’était les grosses bites de black avec des petits culs blancs… J’ai vraiment besoin de voir le côté pervers.

Tu vas sur quel(s) site(s) ?
Tubegalore.com, ça regroupe plusieurs tubes mais faut acheter les vidéos hein ! (rires)

Ça peut t’arriver de chercher pendant des heures et rien trouver ?
Oui, et dans ce cas je me branle en regardant Derrick. En général je trouve assez rapidement, et si ça marche pas, j’essaye de retranscrire dans mes pensées le fantasme pervers que je voulais voir.

T’en regardes souvent ?
Tous les jours ! Même si c’est pas pour me branler ; le cul fait partie intégrante de ma vie. Si je le fais, j’en parle, si j’en parle pas je l’écoute.

Si tu devais façonner un porno idéal, ça donnerait quoi ?
J’ai pas vraiment d’image en tête, ce que j’aime voir c’est une nana qui prend son pied avec du sexe intense. Car c’est comme ça que j’ai commencé à regarder du porno : “cette pute là qui se fait prendre le cul, bah un jour ça sera moi”. Je veux que ce soit réel.

Photos par Guilhem Malissen

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