JOI : fap, mode d’emploi

Y’a pas très longtemps j’ai eu 28 ans et j’ai pris un coup de vieux qui ressemblait à un coup de pelle dans la tronche, du genre à te faire manger le terreau des Hortensias pendant que des chiards te tournent autour en criant “papy, il est tombé !!! papy, il est tombé !!!” – j’ai pas tellement kiffé. Je sens bien que la jeunesse s’étire derrière moi et que je vais bientôt passer le cap fatidique des 30 ans, c’est à dire passer de l’autre côté de la barrière où les gens sont tous mariés, ont des gosses, des vraies responsabilités – la seconde partie de la vie d’adulte qui nous amène inexorablement vers l’ennui. Pouce tendu et maintenu fermement vers le bas.

Mais bon, faut assumer d’être “vieux” et avoir les fantasmes qui vont avec, d’être un futur sugar daddy, un type qui ne bande plus que pour les teens ou pour sa boulangère. Pour mettre un pied dans ma nouvelle vie de pornophile, j’ai donc passé le test des Jerk Off Instructions pour savoir si je devenais vraiment un sale type qui se branle seul dans le noir en se faisant appeler daddy.

Pour ceux qui ne connaissent pas Jerk Off Instructions et ses dérivés (jerk off encouragement, cum countdown, hypnotic tease…), le concept tient dans le nom : un POV où une fille vous explique comment fapper jusqu’à la grande explosion des sens, un téléphone rose moderne. Ça va de la vidéo très soft où la fille mime une sorte d’air branlette à celle qui t’accompagne en se calant quelques wads en passant par celle où t’es traité comme une petite merde. Ça rappelle un peu les séances sur Skype où tu pries tous les seigneurs d’internet qu’un petit malin ne soit pas en train d’enregistrer le flux de ta cam pendant que tu fais des grimaces pas possible en payant tes balls.

Avec plus de deux mille vidéos, Jerk Off Instructions a toute une palette de couleurs à vous proposer, du micro penis à la monster cock, de l’assistante de travail pour jeune entrepreneur à la teen Chupa Chups. Les vidéos sont relativement courtes et correspondent à la durée moyenne d’un fap assisté par ordinateur : sept minutes. Le concept diabolique de ces vidéos réside dans l’art du teasing par le corps et la voix, la potion magique du sexe de qualité, la dope qui donne envie de renifler l’écran, d’y fourrer sa tête ou de tout casser chez soi.

Plus loin, on découvre des vidéos où les tags s’entremêlent, surtout #assplay #femdom et #humiliation, où la fille est de moins en moins habillée, et vous de plus en plus soumis. L’idée est de suivre à la lettre les instructions de notre maîtresse virtuelle, en se mettant des wads, en mangeant son sperme ou en s’étranglant sous le regard insistant et un poil méprisant de votre conseillère Fap Roulette. Mais ce qu’on gagne en tags, on le perd en tease, difficile alors de tout avoir ; cette dope est bien cloisonnée pour mieux la vendre.

Il existe d’ailleurs une autre branche, où on passe carrément à l’hypnotisation, mais je crois qu’on se fout un peu de votre gueule avec cette histoire de pendule donc on va en rester là. On pourrait aussi imaginer un hit combo avec : jerk off instruction + assplay + cum countdown (“à 5 tu jouis”) + teen + hypnotic tease + cum with me, mais on risque d’arriver avec cette formule à transformer le sperme en or et à casser internet, donc on va vite effacer ça de votre mémoire.

Sorry

Après 15 ans de porn, les autoroutes de teubs qui représentent 95% de la production mondiale, j’en ai absolument plus rien à carrer, je suis plus excité par Elise Lucet que par deux jumelles blondes qui se font pilonner par un douchebag à la queue en béton. Quand t’as trop roulé ta bosse dans le fap jeu, il faut retrouver ce qui fait l’essence d’une belle gaule, une tension solide et durable. Il n’y a pas de recette, faut trouver le petit truc qui fait la différence, peu importe que ce soit dans du porn argentin à la webcam branlante, du BDSM ultra-violent ou du soft-porn sous contrôle.

Un bon porn ça doit te faire flipper, te foutre les nerfs, bave au bec à dire “oui madame”, “pardon madame”. Mon tag parfait est simple, POV + teasing + girl next door et je pars me muscler le périnée mieux qu’à la salle de sport en rentrant dans le slip d’autres types (no homo) : parfois patron, parfois vieux perv, parfois petit copain ou mari heureux, le porn par procuration, le porn où on est le héros.

Faites monter l’arsenic
Faites monter le mercure
Faites monter l’aventure
Au-dessus de la ceinture

A.Bashung / J. Fauque

En réalité, faut avoir un petit grain pour vraiment suivre à la lettre ces séances de jerk off, même quand c’est Lexi Belle ou Faye Reagan qui les donnent, on tourne souvent en rond et certaines sont parfois très mauvaises dans cet exercice, sûrement plus à l’aise dans le sexe oral, que dans l’oralité sexuelle (jeu de mot). Mais elles se rattrapent par leur teasing, rouler du boule sur le bureau pour nous tirer dessus au fusil à pompe, se faire gratter le cerveau, la frustration qui laisse des traces d’ongles sur l’accoudoir. Avant les préliminaires, il y a ce moment de tension extrême où tu perds le contrôle, c’est ce moment là qu’il faut entretenir, qu’il faut étirer jusqu’au vertige. Jerk Off Instructions et ses petits potes y arrivent par des moyens détournés et leur succès est un bon indicateur, ainsi que la précision des notes données sur les xtubes qui montre que ça touche un public exigeant, voire esthète. On les comprend.

On pense souvent à tort que le porn est un produit débile pour personnes débiles, qu’il suffit de filmer n’importe quelle baise pour faire gicler des torrents de sperme. Avec le temps, on ne peut que constater qu’il tient plus de l’alchimie que de l’équation du premier degré. Plus on en mate, plus on cherche l’origine de l’excitation qui ne se trouve pas nécessairement dans le hardcore ou la surenchère, mais bien dans ce qu’on est et vers quoi on tend.

Le jour où le porno influencera ma vie sexuelle, appelez les flics.

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  • Ton dernier paragraphe mériterait d’être reprit sur l’ensemble des Internet sinon plus. Tellement vrai. Pour faire comprendre au monde, simplement. Bravo, je verse une petite larme.

  • Bonjour je m’appelle Thomas et je suis à l’origine de ce bel article 😉 !

    Je plussoie aussi le dernier paragraphe, un point de vue plus intelligent, les gars du Tag Parfait sont en passe de devenir les sociologues du Porn!

  • Marrant, je voulais faire le même type de remarque sur le dernier paragraphe… Pouce en l’air.

  • Je vois que l’on se reconnait tous dans ce dernier paragraphe. Avec le temps, regarder du porno c’est beaucoup plus qu’un combo main+braquemard, c’est la recherche de cette dose d’excitation que l’on aime étirer à l’infiini.

    Ca donne limite envie de verser sa larmichette parfois quand on tombe sur des instants magiques.

  • C’est relativement intéressant comme article, par contre j’ai beaucoup de mal avec ce franglais qui est plus que mal venu parfois, comme par exemple ici :

    Elise Lucet que par deux jumelles blondes qui se font pilonner par un douchebag

    Pourquoi utiliser douchebag ? Il n’y a pas de mots en francais pour le caractériser ?

    La j’avoue je comprends pas, il ne faut pas se laisser dévorer par les anglicismes, surtout et en particulier lorsque ce n’est pas requis ici.

    • Le site est bourré d’anglicisme, rien que dans le titre : le TAG parfait et dans sa catchline : culture porn (et pas culture porno). On écrit comme ça sonne. Et sauf erreur de ma part j’ai jamais vu de porno français avec deux jumelles, à moins qu’il existe une parodie de Premiers Baisers.

  • Voyons Gonzo joue pas au con, tu vois tres bien de quoi je parle

    Qu’il soit rempli d’anglicisme est une chose et qui plus est une chose obligatoire vu le domaine abordé.

    Par contre, que ceci en devienne une manie lorsque cela n’est pas utile, la c’est un peu con 🙂

  • A l’oral ?

    La cela devient grandement problématique quand même, tu fais partie de la génération qui utilises LOL également ?

    Je ne pense quand même pas.

    Enfin dans tous les cas, c’est ton site et tu écris « français » (et parle apparemment) comme tu le souhaites.

    Je t’en foutrai des douchebag…

  • Putain les gars, vous m’avez gâché l’article avec vos commentaires à la con!

    DrGonZ0: t’es un relou de neo-nazi du pr0n.
    Gonzo: t’es qu’une jeune verge gauchiste mal branlée!

    Allé, on oublie ça, et on s’astique mutuellement pour faire la paix!

  • Pour la défense de Gonzo c’est très dur de traduire toute la subtilité de la condition de Douchebag par des mots français, que ce soit beauf/connard/boloss/branleur, je trouve que l’on est très loin de la définition originelle.

    Et DrGonZ0, tu vas me dire que tu pars en fin de semaine et non en week-end peut être? Comme le dit Gonzo faut être fier du métissage des langues.

    Pour en revenir au sujet je ne suis pas contre une intellectualisation plus poussée du porn, de toute façon mes articles préférés sont d’une part ceux ou je retrouve un beau verbe, ou ces magnifiques descriptions (dont vous avez le secret) de ces états d’esprit devant une scène grandiose (même si moi je la trouve naze) et d’autre part les articles de fond plus analytique.

  • #thirty incoming ahah

  • A quand le JOI made in France??

  • Superbe article ! Plein d’humour et de sincérité, belle écriture. Je suis footmodel d’instagram et on m’a demandé une vidéo JOI….je me suis dis mais qu’est ce que c’est que ce truc? Me voilà donc à lire cet article…j’ai eu ma réponse et bien plus encore !

  • Natacha Nice avait fait une JOI en francais ! XD

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