Les tags interdits I

Se promener la main occupée dans les couloirs de l’internet ressemble parfois à une lecture infinie des 120 journées de Sodome. En ce bas monde virtuel, les perversions s’expriment sans complexe : une barre de recherche, un clavier et les pixels s’assombrissent. Il existe des tags un peu honteux mais qui restent inoffensifs car déconnectés d’une certaine réalité, ce sont ceux de la règle 34 et du royaume d’eFutkt, puis il y a les autres. Ces derniers laissent un goût amer et métallique dans la bouche car ils sont trop réels. Situés à portée de clique, ces tags sont légions si on ose s’y aventurer. Contre l’avis de notre médecin, nous sommes allés y faire un tour. Accrochez-vous et suivez-nous, première partie de notre périple au pays des tags interdits.

Gaping par Markhy

Qu’ai-je fait au Dieu Porn pour qu’il m’aime autant ? Est-ce grâce au chapelet suffisamment prié ? Le chapelet qui sort des fesses de cette fille à quatre pattes sur un canapé. Et gros plan sur son cul dilaté. Voici le gaping. Tag interdit, tag du bon copain dont on parle toujours indirectement, qu’on a vu “par hasard” mais qu’on partage avec ce sourire intelligent qui nous rend si con.

Il n’y a rien de dégueulasse à voir ce trou béant, à s’y plonger avec gourmandise. J’essaye de me convaincre en disant cela. La morale est ma corde de secours, celle-ci ressemble à un fil de pêche. Difficile, ensuite, de faire croire à sa mère que l’on est un pornster sensible, intéressé par la sociologie du “subgenre pornographique” et il faudra abuser des anglicismes pour éviter d’autres questions quand arrive le dessert.

L’amour rend aveugle

Alors pourquoi j’aime ces anus dilatés en gros plan ? Jamais loin du gaping, il y a le tag brutal. Et c’est ce qu’on a fait à mon coeur toutes ces années. Ces filles m’ont brutalisé et je me venge maintenant, je me venge sur cette teen qui a signé pour un après-midi à s’en prendre plein les fesses. Gaping. Te voilà servie meuf, tu te rappelles m’avoir fait souffrir, tourner en bourrique à ces fêtes de la musique, ces 14 juillet, les mains sur tes fesses que je n’ai pas pu poser, Parc du Château. On sirotait nos premières gouttes d’alcool, une Smirnoff Ice tirée au Monop’ et Le Nous Deux n’existait que dans ma tête. Merde, j’ai beaucoup pleuré pour que tu répondes à mes sms – les forfaits illimités n’existaient pas, tu avais les bonnes excuses. Mais mes parents se sont décidés à laisser un ordi dans ma chambre. Le tour des tags, je l’ai fait en deux jours et très vite j’ai voulu voir plus large : #gaping. Des larmes, je suis passé au trou. Anal.

Dans le gaping, il y a une histoire, la mienne, la tienne. Il y a une histoire qui n’appartient qu’au porno, à la semi-fiction. Je ne pense pas réaliser cette expérience : dire à ma jeune femme de faire péter son boule pour voir si je peux le transformer en vase… Je laisse ça aux filles sous contrat, au tag sous ecsta. Il y a toute la beauté du porno dans ce tag, l’acte impossible et fantastique, la performance d’une fille, d’un mec qui force le passage. Il y a la poire à lavement au second plan, et les secondes interminables où le cadreur n’arrive pas à faire le point quand il s’approche trop de l’anus offert.

Le gaping se consomme comme un show. Exutoire d’une sale journée, on n’est pas obligé de se branler. C’est les coups de poing qu’on n’a jamais mis à la salle de boxe. C’est le journal intime de cette fille difficile à stalker. Naïvement, je crois y voir un bout d’amour qui ne finit jamais de s’ouvrir à nous. Mais je n’oublie pas que c’est un anus qui se fait sauvagement défoncer, pour mon petit plaisir rien qu’à moi. Amen.

GGG, le point Cumwin par Jizzkov

Le problème des Allemands, c’est qu’ils sont nazis. Loin de moi l’idée de critiquer nos amis les teutons, mais il faut bien leur reconnaître une grosse tendance à l’excès de zèle dès qu’il s’agit de faire du chiffre. Et ce qui est valable pour les minorités européennes, l’est aussi pour le sperme. J’en prends pour témoin les productions GGG, aka les chemises brunes du bukkake.

Une vidéo GGG (pour German Goo Girls) est aux spermophiles sensibles ce que le fasciste est au locataire du sixième : elle surveille tes recherches, s’approche subrepticement, sans dire son nom, te repère au premier #cum tapé sur le clavier, et te poursuit jusqu’à la reddition. Tu es cerné devant la toile cirée d’un bukkake mal éclairé, et tes dernières naïvetés s’envolent au rythme de ton désir malsain. Incapable de quitter des yeux ce déluge de foutre et parfois de pisse à rendre informe la kleine blonde Mädchen allongée devant toi. Alors, tu jouis. Point cumwin.

« Plus une recherche de porn dure longtemps, plus la probabilité de tomber sur une vidéo GGG s’approche de 1 »

Nacht und Nebel dans ton cerveau, la culpabilité ronge ton frein encore mouillé. Tu jures qu’on ne t’y reprendra plus… sauf que tu recommenceras. Ta main glissera au détour d’une recherche de cumswap délicat, et ta souris cliquera sur la vignette jaunie de Lilli qui schluckt viel sperma sans franchement donner l’impression de trouver ça sympa.

Dégoût, auquel succède le désir, auquel succède le dégoût, auquel succède le désir… Montagne russe des émotions, selon le mantra GGG lui-même. Est-ce pour ça qu’on finit toujours par y revenir ? ou parce que la merveilleuse Annette Schwarz, évoquée par GrosMikko un peu plus bas, vient parfois représenter le quartier et illuminer de sa chevelure blonde un bukkake mal embarqué ? ou parce que l’éclairage miteux des corps trempés se marie si bien au teint de peau germanique ? ou bien parce que l’allemand, c’est mignon quand c’est prononcé la bouche pleine ? Peu importe : on y revient et c’est pas bien, pas bon pour le moral. Cum = win, mais trop de sperme tue le sperme. Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Möritz. Appel à la résistance ! Nous sommes tous des Schluckmiezen allemandes.

Granny par Ned

Je suis un mec ouvert. Chacun fait ce qu’il veut de sa quine et des films épiques qu’il ou elle se fait dans sa tête. Whatever makes you come. Mais il y a un tag que je n’arrive pas à envisager, un que je suis incapable de regarder, qui me glace jusqu’au bout de tout: #granny. Vraiment, j’ai tourné le truc dans tous les sens, je me suis fait une vraie remise en question, mais une octogénaire qui se fait donner son compte par deux mecs, à se faire péter les hanches (littéralement), c’est non. Vous savez ce que c’est pour une femme de 80 ans une fracture du bassin ? C’EST LA MORT ASSURÉE. On ne s’en remet jamais. Jamais.

Non mais sérieusement. Je suis un grand amateur de #milf ou de #cougar à la rigueur, le fantasme de la mère de ton pote, tout cela reste dans les limites de l’envisageable. Déjà #mature, on se frotte de loin au #malaise, mais #granny, vraiment. #granny. La déchéance des corps comme moteur d’érection, les plis, les rides, les chairs flacides et les dentiers jaunes, ça me dépasse. Mais finalement, ce n’est pas le plus grave. Non. Il y a la même recherche de l’extrême physique chez les amateurs de #BBBW, mais la différence, c’est que ces femmes obèses ne se substituent pas au souvenir des confitures de fraise et des Chamonix dégueu du mercredi après-midi.

Les gars, les filles, on parle de GRAND-MÈRES là. Des femmes qui à notre naissance étaient déjà ménopausées depuis deux baux (un bail, des baux). Je vais me faire insulter, défoncer, tout ce que vous voulez, mais ce tag sent le sapin, et quelque part, c’est ce que je trouve le plus dérangeant. Après #granny, c’est #nécro. C’est la dernière étape avant l’interdit, le dernier pit stop avant le tabou. Avant l’illégalité surtout.
Le tag #mature possède en lui les graines du malaise, combien de vidéos mal classées où tu penses tomber sur du cougar+ pour te retrouver face au sosie de ta tante Berthe, en train de se faire trombiner par deux blacks, le quadruple bourrelet piqué et le dentier sur la table de nuit ? Ce moment atroce où, l’angoisse te prenant aux tripes, tu te retrouves avec une érection face à la voisine du dessus, celle qui vit avec ses chats, qui regarde Des chiffres et des lettres le son à fond parce qu’elle est sourde, et qui sent l’antimite. Parce que, finalement, rien ne ressemble plus à une vieille dame qu’une autre vieille dame. Ces cheveux blancs, cette peau parcheminée, bientôt la vision de ces « performeuses » laisse place à celle de ta petite mamie. Ce qui explique la nausée qui m’étreint dès que je tombe sur ce genre d’images.

Non, le #granny n’est pas un Everest, c’est un cloaque. L’extrême qui répond peut-être au tag #pedo. Leur point commun c’est ce néant qu’il y a avant pour l’un et ensuite pour l’autre. Ils sont tous les deux liés par l’inexistence. Ils y puisent chacun le pénible et l’interdit.
Non merci.

Piss Drinking par GrosMikko

Je flirte souvent avec les tags interdits. Plaisirs honteux irrémédiablement suivis par les affres de la culpabilité. Ces mêmes remords qui me saisissent lorsque je me surprends à rire de situations inopportunes, souvent cruelles. Et pourtant, je me présente aux yeux de la société civile comme quelqu’un d’équilibré et de pondéré, Balance pour toujours mais un simple coup d’œil à mon historique et le vernis du notable en devenir craque aussitôt.

Est-ce un crime d’avoir eFukt dans mes favoris ? Je ne sais pas, toujours est-il que ce n’est pas le genre de choses dont j’irai me vanter auprès de n’importe qui. On a tous nos péchés mignons, nos petits secrets inavouables, nos malaises persos qui nous font autant de mal que de bien. Pour vous, ce soir, j’ai décidé de parler d’un de ces tags dont la découverte par des âmes non-averties pourrait être source de malentendu.

#pissdrinking, le mot est lancé. Loin de moi les gentilles golden showers et le voyeurisme urinaire cher aux esthètes polissons, j’ai clairement franchi le rubicond en découvrant ce tag, grâce à la magie des tubes et par l’intermédiaire de sites peu recommandables. Le pipi, c’est moins sale que le caca, mais à partir du moment où l’on s’en gargarise, où l’on se le swap gentiment de bouche à bouche et où l’on finit par l’avaler par rasade, on peut arriver à égalité. On n’est pas dans l’instinct de survie ou dans la déviance alimentaire mais dans l’urophilie poussée à l’extrême. Rien d’excitant là-dedans me direz-vous, la répugnance d’une telle pratique s’ajoute généralement au cadre cradingue dans lequel évolue les voyageurs en terre jaune. Sous-sols sordides, piscine en plastique de gosse dans laquelle s’agenouille la candidate, des messieurs aux vessies pleines, et la pee party peut commencer. Certaines hésitent et recrachent, d’autres boivent jusqu’à plus soif. Ça s’arrose copieusement dans la joie et la bonne humeur malgré les mines souvent dégoutées des participantes à ces bukkake prostatiques, on les comprend.

Cette pratique n’est pas réservée à l’amat et aux samedis soirs qui dérapent, des figures de proue du X s’y sont parfois prêtées, certaines s’en sont même servi pour asseoir leur réputation dans un milieu finalement trop gentillet. Avec #pissdrinking, on n’est pas loin du point de non-retour et même avec des ambassadrices aussi hardcore que sublimes telles qu’Annette Schwarz – focus à venir, mes petit(e)s coquin(e)s, sous peu – je doute que ce tag sorte un jour de sa cage dorée.

Scat par Gonzo

Écoute bien l’histoire que je vais te raconter et que cela te serve de leçon si tu comptes t’amuser à taper ce tag interdit. Quand internet est arrivé dans ma vie, au début j’ai pleuré de joie puis après j’ai eu ma phase curieuse, beaucoup trop curieuse ; à traîner là où je n’aurai pas dû être. La bonne vieille époque du Fuck Of The Month de Rotten.com et des images imprimées pour faire rire les copains.

Vois-tu, j’étais fougueux, je voulais aller là où personne n’avait encore mis les pieds, être le mec cool qui avait déjà tout vu alors qu’il n’avait encore rien fait. Alors oui, je l’ai fait, je suis allé fouiller cet internet qui collait déjà aux doigts. J’ai tapé #zoophilia. Cette vidéo où un clébard prenait mémère en levrette pendant un temps record de 20 secondes avant de se finir dans un glapissement et de se casser comme un malpropre – laissant sa maîtresse comme une merde – m’avait bien fait golri. Fort de ce lol, j’ai vite pris la confiance et la porte des tags interdits s’est ouverte.

Affronter internet ? Challenge accepted

À 13-14 ans, c’est le temps des premiers émois amoureux, on est innocent et vierge comme la rosée. On a la peau douce et on commence à peine à effleurer du Bret Easton Ellis ; alors le Marquis de Sade peut bien attendre. On rentre du collège sautillant de bonheur car le printemps cuisine nos émotions, et l’odeur de l’amour qui en émane nous fait tortiller la moustache que nous n’avons pas. Je ne citerai pas de nom, mais je pensais tous les jours à elle… si jolie, tendre, souriante. C’était avant que la vie n’avance et ne dégueule son sale travail dans des albums Facebook où certes elle a l’air de s’épanouir dans son taff mais également de me faire regretter certaines pensées. Le temps est assassin ; il flingue nos souvenirs. Mais revenons à cette époque où elle existait encore.

Je cherchais sa tête dans internet pour mieux nourrir mon imagination, puis je sais pas trop ce qui m’a pris, j’ai tapé #scat pour déconner. J’ai cliqué, j’aurais pas dû. Toi et tes copines, vous mangiez de la merde, des beaux étrons fumants sortis d’endroits que je ne pouvais envisager chez une fille. Vous vous en badigeonniez le corps à n’en plus pouvoir. Vous vous vautriez tellement dans la fange que même un porc se serait pendu.
Le choc fut terrible ; violent ; sourd. L’angoisse totale, des années avant 2 girls 1 cup.

Le choc

Mes tempes faillirent exploser au contact de cette infamie. Pendant six mois, impossible de la regarder sans repenser à ces images. Six longs mois où je me disais tous les jours “imagine elle te chie dessus ?!”.J’ai pensé plusieurs fois à prendre ma retraite et partir loin des filles et des tentations, seul sur une île avec mes chiens et mes chats, à haïr le monde et sa décadence, tel Zarathoustra en slip avec son nom cousu sur l’étiquette par sa maman.

Alors c’est ça que vous voulez pour vos vies ? Détruire l’innocence ? Détruire l’amour ? Ne cliquez jamais sur ce tag, il est maudit, c’est un ticket pour le purgatoire sexuel sans retour programmé. Un train à bestiaux dont on ne revient pas, par pitié, ne faites jamais ça.

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