OPNI : objets pénétrants non identifiés

Les années 70, on le sait, ont été une période faste pour les films pornographiques. Influencés par l’esthétique et les idées du mouvement Flower power, les réalisateurs ont rivalisé d’originalité pour étendre la définition du « rapport sexuel » et travailler aux coutures la norme pornographique. Ainsi, Walerian Borowczyk met-il en scène une bête monstrueuse pourchassant une jeune ingénue dans les bois pour la violer (La Bête, 1974), Bodil Jørgensen consacre-t-elle sa carrière pornographique à la zoophilie (par exemple, A Summerday, 1970) et Nagisa Oshima présente-il un Empire des Sens, en 1976, résolument tourné vers le fétichisme et les pratiques S/M. Ces films X font la part belle à un érotisme qui ne se réduit pas aux zones génitales et aux vas-et-viens d’une bite dans une chatte. Fäbodjäntan, un film culte suédois de 1978, est de ceux-là. Réalisé par l’américain Joseph Sarno W., il raconte l’histoire d’une bande d’amis qui, lors d’un séjour dans la campagne suédoise, découvre une corne viking dotée d’un pouvoir magique : celui de déclencher des pulsions sexuelles irrépressibles chez toutes les personnes qui entendraient son bruit.

La scène la plus célèbre se passe dans la cuisine d’une jeune femme au foyer qui, entendant le son de la corne viking, se trouve envahie par une furieuse envie de sexe alors qu’elle est seule en nuisette rose devant son frigo. Notre suédoise ne se laisse pas abattre et s’empare d’une falukorv, une énorme saucisse de porc fumée, traditionnelle de la gastronomie locale, et s’en sert pour se branler. L’image est crade et la scène on-ne-plus saugrenue.

Joie de vivre

Fäbodjäntan, tout comme les films de sa génération cités plus haut, est intéressant en ce qu’il appartient à la première génération des films X dont l’objet pénétrant est tout sauf un pénis. Depuis, on a innové en terme de diversité d’objets mais reste toujours, et c’est là l’essentiel, l’incongruité de l’image produite et le caractère humiliant pour un orifice de se faire remplir par un concombre, des crayons de couleurs ou encore un outil de chantier. Pour, les meilleurs vidéos sont celles qui mettent en scène des filles assez jeunes et bien épilées – le summum dans l’humiliation, finalement – mais il se trouve dans le porno gay une créativité telle qu’il serait idiot et malhonnête d’en faire l’impasse.

On peut classer les objets-pénétrants-non-identifiés – ou OPNI – en deux catégories : les objets pénétrants de la vie quotidienne (du type légumes, jouets, ou encore instruments) et les objets pénétrants et remplissants (tels que les tuyaux d’arrosage et les poires de lavements). La seconde catégorie se trouve fréquemment dans les films BDSM hétéros et gays et font bien souvent appel à l’imaginaire médical et à sa cohorte de fétichismes liés à l’injection médicamenteuse, au lavement et à la séquestration par un médecin sadique. Le site Kink.com recèle, dans la catégorie Everything Butt, quelques trésors dans ce domaine. Le must étant la vidéo Punished with Inserted Objects qui cumule l’utilisation d’objets et le lavement au lait, la mauvaise petite fille qu’est Beverly Hills se fait successivement baiser le cul et la chatte par une aubergine, un téléphone portable, une courge et une carotte que son tortionnaire – Mr Pete- oblige à manger après la lui avoir fourrée dans la chatte.

Le lait est souvent utilisé dans les vidéos de lavement puisqu’il colore l’eau et la rend plus visible. Une des scènes de l’étonnant Way Down des studios Cazzo, la maison de production gay berlinoise qui sait allier dans des films fleuves l’art contemporain aux scènes de cul les plus hard, m’avait beaucoup frappée il y a quelques années. On y voit un jeune type recevoir un très long lavement avant de voir son cul s’ouvrir pour libérer les litres de lait qu’on y avait inséré. Le passage est très lente et ne fait pas l’économie des bruits et des glous-glous intestinaux, pourtant c’était hypnotisant et, depuis, je ne me lasse jamais de voir du liquide s’écouler d’un cul.

Il est un autre style de vidéo mettant en scène des objets pénétrants et remplissants que j’ai découvert très récemment. Ce sont, pour la plupart, des films amateurs qui présentent une fille, quasi systématiquement, au près d’une piscine qui fait passer sous la petite culotte de son maillot de bain (Ô ! délices de l’érotisme… grâces soient faites aux réalisateurs qui ont le bon goût de ne pas tout montrer) un tuyau d’arrosage qui remplit sa chatte, laquelle déborde régulièrement de liquide. J’ai un faible pour ces vidéos au scénario minimaliste qui ne cache ni son amateurisme, ni son opportunisme, quoi que j’aime habituellement les films plus complexes.

Quant aux pornos de la première catégorie, celle mettant en image des objets de la vie quotidienne qui pénètre vagins et anus, on en trouve dans toutes les catégories de films allant de l’amateur crado au pur produit des grandes maisons de production X. Je pense par exemple à cette fameuse scène de Chantier interdit au public (John Love, 1996) où l’actrice française Coralie Trinh Thi se fait baiser par un marteau-piqueur. Tellement risqué, choquant et excitant !

Il me revient également en mémoire les images porno d’une femme qui s’exhibait sur son propre blog dédié, il me semble (mais peut-être est-ce là un fantasme de ma part), aux OPNI qu’elle insérait dans son joli cul rose. Je l’avais découvert par hasard et, comme bien souvent, j’étais restée ébahie devant des images que je n’aurais jamais imaginées être excitantes et qui, pourtant, ont façonné ma sexualité depuis lors. J’adorais sa démarche, complètement égoïste et gratuite ; centrée sur le plaisir unique de l’exhibition. Les images étaient très laides, mal cadrées, mal éclairées et la mettant peu en valeur. La plus étonnante était celle qui montrait son cul remplit de crayons de couleurs. On aurait dit une petite fille qui aurait gagné le pari de faire entrer tous les crayons de sa trousse dans son anus. Il y en avait plus d’une vingtaine de toutes les couleurs !

Quels qu’ils soient, les OPNI dans le porno c’est une vraie révolution. Ça change de l’éternelle focale sur les bites et ça permet de renouveler le vocabulaire du X. Et puis ça nous rappelle que la terre est remplie d’objets qui peuvent devenir des objets sexuels et qu’un légume est parfois le meilleur partenaire du monde. Alors, si les OPNI vous inspirent, je vous conseille d’aller faire un tour dans la catégorie « bizarre » de wankdb.com, vous trouverez certainement de quoi vous faire plaisir.

Ty Pennington pète un câble

Image en une : Cet Obscur Objet Du Désir (1977) de Luis Buñuel

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  • Si j’étais une scène porno ? Une paire de claques savamment assénée par le présent texte. WOW.

  • Juste une petite question à l’auteure de ce texte très bien renseigné : les informations de votre profil sont elles des private joke ou un authentique parcours universitaire ? Si oui alors j’aimerais savoir (je suis étudiante en l2) si nous pouvons échanger quelques mails (ou n’importe quel autre système) sur votre parcours étudiants ^^

  • Texte très intéressant…

    Une remarque cependant, les OPNI cités n’ont d’existences que par le fait qu’ils sont de sources « détournée de leurs fonctions initiales » (je ne croit pas que Dame Nature est mise à notre disposition les concombres pour l’usage que les hommes et femmes de notre siècle les détournes à cet effet).

    Mais quid des objets particuliers spécialement fabriqués à cet attention ?
    Objets tels qu’illustrés dans le lien ci dessous (de soie):

    http://daftporn.com/?p=play&Id=836

    Après réflexion, aussi insolites soient ils, ils ne sont que des sex toys !!
    Reflet antinomique du sujet de l’article: l’excitation vient du détournement de la fonction primale.
    Oui, cela est finalement tout aussi excitant !
    Voir plus.

    J’adore ce site !!

  • J’ai essayé les oeufs durs et ça marche! 🙂

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