Retour à la tension
Plus j’avance dans cette forêt sexuelle, plus je cherche une lisière pour me repérer. Loin le temps où naïvement je découvrais un des derniers instincts animal de l’homme : la branlette sauvage et intuitive, moins loin mais tout aussi éloigné le moment où j’introduisais mon pénis plastifié dans la chaleur torride d’une femelle offerte. Les années passent, le compteur à branlettes a définitivement explosé et n’ayant pourtant fait qu’un petit tour des potentiels sexuels de la vie, je commence à en apercevoir clairement les contours. Alors que faire ? Je cherche l’essence du bordel, retrouver le chemin du mojo originel, le plus pur car le plus brut. Le sexe n’est pas un diamant, à trop le polir il en perd son éclat et ces kilomètres d’allers et retours de ma main ont sali le pare-brise de mes fantasmes. On perd son chemin quand on a les yeux embrumés, quelle sortie prendre, dans quel sens on va, on arrive quand papa ? Je ne sais plus mon fils, mais on roule.
Comme je ne vais pas vous raconter ma vie sexuelle car ça me regarde et que si tu cherches de la sexo ici, je pense que tu t’es gouré de décennie, je vais plutôt vous conter l’histoire d’une bonne branlette. Si t’es vraiment curieux, dis-toi que ça s’applique au reste, que l’idée est de retrouver l’animalité, le point zéro de l’érection là où tout bascule. L’absence de réflexion avec un bagage d’esthète, appelle ça l’instinct de reproduction élaboré ou la tache brute sur la toile. Des années pour réapprendre la naïveté, c’est ça être un professionnel de la quine.
Un vieil adage personnel dit « une bonne branlette c’est avant tout une bonne tension ». J’entends par tension le moment qui te fait basculer vers la branlette, et inévitablement vers une érection des plus tendues et vicieuses. Ça s’applique également aux filles, vous mes chères lectrices, mettez-vous dans notre corps, on est à peu près faits pareil, alors on va tous se prendre la main et faire un bout de chemin ensemble, suivez-moi.
Le problème de se toucher trop souvent c’est qu’on perd un peu le pourquoi de la chose, on se dit « et si je me branlais ? » comme si on disait « et si je me faisais un café ? ». D’un côté du tapes ton tag favori, de l’autre tu choisis ta capsule fétiche, souvent par pur mécanisme, vu que tu t’en branles un peu de tout ça, tu vises juste la finalité. Efficacité mais tristesse, où sont passées tes riches années ? Repartons sur de bonnes bases.
La tension commence souvent par une fracture de l’œil, tu déambules nonchalamment sur les autoroutes de l’information quand tu vois passer une autostoppeuse en pom pom short, ce genre de détail qui annule en un regard toute ta productivité. Tu te dis « c’est bon l’boss est pas là, y’a personne, on va la prendre la petite là, elle doit bien connaître un petit coin tranquille dans les hautes herbes, histoire de se mettre bien ? ». Tu vois, déjà tu commences à ressentir cette petite boule d’angoisse magique dans la poitrine, t’as amorcé la pompe à mojo mon garçon je compte sur toi pour faire tourner la manivelle dans le bon sens. Alors, ça commence à monter dans ce petit corps fatigué, tu restes tranquille sur ta chaise tu vas pas la sortir tout de suite comme un sagouin, non la tension naît de la frustration tu vas tirer sur la corde comme un bon gars, un type qui connaît son business sur le bout des doigts. Tu vas te poser relax devant un porn aux contours bien léchés, un de ces porns modernes qui contextualisent la baise, du gonzo raffiné. Ce jour-là tu choisis Sex in Public chez Private (qui entre deux morts cérébrales a encore des éclairs de génie). Je te pitch l’affaire : Budapest, des pures bombes, tu déambules dans la ville au bras de ce qu’on fait de plus vénère dans la zone à délice de l’Est avec la ferme intention de jouir à l’air libre, caméra au poing.
Les scènes sont tendues, tu es dans le même état, le frisson de se faire griller en double vision, ça s’appelle une mise en abyme et c’est affreusement cool quand tu te branles. Techniquement t’es à un niveau où tu peux jouir dans la seconde, mais t’es trop malin pour ça, tu vas te retenir. Rappelle-toi ces moments, tes 12 ans et la salle de bain, la première fois où t’es rentré dans l’antre de la folie sans protection après l’aval des autorités sanitaires, ton premier threesome… Voilà, tu commences à piger, tu vas profiter un peu, t’es reparti sur de bonnes bases et tu te paluches comme Attila qui repense à ses exploits, c’est beau. Tu nages dans un océan de plaisir, tu contrôles tout le secteur entre ta bite et ta main, ton cerveau propulse tes fantasmes dans des réalités interdites, t’es le roi sur Terre tu as la tension créatrice dans les mains tu vas, tu vogues, t’es le Christophe Colomb du boule ! Wow, bordel NON, on a dit quoi ? Tu suis rien, ne jouis pas maintenant, attends un peu malheureux, enfin on n’est pas pressé, prends ton temps, regarde-la elle a même pas commencé à sucer le gars. Un peu de retenue, ta maman t’as rien appris ?
Une bonne tension ça se maintient, c’est une quine haute et fière, dois-je te rappeler des séances où tu retenais le plus longtemps possible pour voir si tu allais mourir ? Bref, les bases ! LES PUTAINS DE BASES ! Voilà, t’as bien 20 min devant toi, alors profite du spectacle, du petit parcours touristique proposé par Lucy Belle. La tension, c’est quand t’es à deux doigts de péter l’écran, quand tu cris et que tu sautes sur ta chaise, que t’as les glandes tellement c’est bon et que tu saignes des oreilles. Si j’ose un parallèle avec le vrai sexe, je dirai que ça doit ressembler à ces baises sauvages des rencontres furtives avec une ex de passage, ce genre de baise fougueuse, dingue, violente qui oublie complètement ces années de porn pour se concentrer exclusivement sur l’acte et la fusion des corps. Devant ton petit écran, tu reproduis la même chose, tu fais corps avec ta main et tu tapes des synchros de malade tellement ce POV à l’arrache te met dans un état pas possible. Tu sais parfaitement quand le gars va jouir, tu te cales pile dessus comme quand tu te calais avec ta meilleure baise, dans 15 secondes tu lâches tout, lui fait pareil, ok c’est un peu gay mais au point de non-retour où on est on va pas s’arrêter sur ce détail. Alors voilà, la fusée décolle t’envoies tout ce que tu peux le plus loin possible, un geyser d’amour qui perce le plafond, tu pousses des grognements d’animal en souffrance et OUAIS BORDEL C’EST ÇA LA VERITÉ DU TRUC, LA TENSION QUI FEND LES MURS.
T’as joui, comme avant, t’es tellement déphasé que tu te fais des câlins. Tu t’allonges, tu profites, tu respires la plénitude de l’endorphine la plus pure, celle que tu as méritée, celle qui annule le reste, celle qui redonnera dans dix minutes ta puissance créatrice. L’ode à la vie. Repartir sur de bonnes bases, pour réinventer le quotidien. Le porno ne sert à rien, tout ce qui est bon est déjà en toi, que ce soit devant ton écran ou dans ton pieu, ce qui se trimballe sous tes yeux est juste du carburant pour ton mojo.
Vroom Vroom.
Ouais!!!!!
C’est ça la vraie vie!
L’immortalité du moment…
magnifique..
j’écoutais de hip hop en fond sonore et ton flow passe crème !
Tellement vrai que ça donne envie d’y retourner ! !
SALE SALE ! Je kiff ce site ! <3
Excellent cet article. On s’y croirait. Tu nous fais de la 3D sans les images!
Ah, ah! C’est tellement vrai! J’ai l’impression pour ma part que ce genre de branlette vient avec la maturité. Tu découvres le truc assez rapidement (pas de jeu de mots ici…), t’as l’impression qu’un monde nouveau s’est soudainement ouvert ( là non plus…) a ton cerveau incrédule. Seulement voilà, 15 ans plus tard et toutes tes ex en backgrond, tu deviens plus selectif, t’acceptes pas tout, t’es moins impressionnable. Alors tu commences à voir les détails, commences à repérer les mauvaises actrices, t’imagines ce que tu aurais fait à la place de l’étalon bourru qui fait son taf avec un poil de cynisme… Alors quand il s’agit de pouvoir s’immerger, d’en tenir une bonne pleine de promesses oniriques inattendues, c’est là que l’expérience parle et fait voyager !!
Je découvre à l’instant cet article. Quelle plume ! (mais comment ai-je pu le manquer…)
On s’y croirait !
Bien joué… euh… joui, ah merde : écrit. On voudrait en être, de tes branlettes.
Genius !
Hé merde, parfois tes articles me font plus d’effet que du porn. Ça me donne même envie de citer Phèdre (Je te lus, je rougis, je palis à cette lecture, un trouble s’éleva de mon âme éperdue… ). Cette tension, la frustration, le nœud d’angoisse, le moment ou tout bascule, c’est récurrent quand t’écris, et à défaut de le vivre, c’est bon de le lire.
Bah écoute, marions-nous !
C’est ta proposition n° combien ? Et comme quand je suis intimidée je ne parle qu’en chanson, laisse moi l’honneur de ne pas te demander ta main.
(j’en ai même oublié le bouton « répondre »)
Je sais pas, ça arrive puis plus rien, vous avez peur.